Santé et bien-être

« Même mes copains me traitent de gros »

Bouboule, un peu enveloppé, bien enrobé, dodu, fort, costaud, gros, très gros, obèse… Il y a des nuances dans les kilos en trop. Et ceux-ci peuvent dire tellement de choses aussi. Ils renvoient à une question de suralimentation, mais pas seulement. De même, pour être efficace, la prise en charge du surpoids et de l’obésité devrait être pluridisciplinaire.

Hugo est un super gamin de 9 ans, mais il est un peu dodu. En classe, tout va bien : il réussit sans problème, il est actif et participe à la vie du groupe, il est apprécié par son instituteur. Il a aussi de bons copains et semble bien intégré. Mais, certains jours, il revient en pleurant de l'école, car les autres enfants - même ses copains ! - se moquent de lui et le traitent de gros.

Les autres : un miroir impitoyable

Les enfants ne sont pas tendres entre eux, dit-on. Ce n'est, en fait, pas une question de tendresse mais plutôt une difficulté à dire les choses avec délicatesse. Ils se posent des questions sur les différences qu'ils observent entre eux : l’un porte des lunettes, l’autre est dodu, un troisième a des taches de rousseur… Les enfants construisent leur identité en se regardant, entre autres, dans le miroir. Mais le miroir, ce sont aussi les autres enfants.
Regarder les autres leur donne des informations sur ce qu'ils sont. Alors, quand l'autre est différent, cela pose question, cela dérange. Peut-être les moqueries ne sont-elles qu'une manière d'interroger la différence ? On peut rappeler à Hugo qu'il a des copains, qu'ils sont tous différents - il y a des blonds, des bruns, des noirs, des grands, des petits… - et que, heureusement, ces différences existent. Sans elles, on ne pourrait pas se reconnaître.
Hugo est un peu dodu. Ce n'est pas grave. Les remarques des copains peuvent être un bon levier pour l’aider à manger plus sainement. Mais, parfois, l'enfant dont les autres se moquent est franchement obèse. Son surpoids peut être le signe d'un problème médical ou d'un problème psychologique : les deux sont souvent mêlés, d'ailleurs. Les autres enfants perçoivent son malaise ou son inquiétude. Et comme ils sont toujours aussi maladroits, ils excluent cet enfant qui les perturbe. Ce genre de situation nécessite évidemment l'intervention des adultes responsables. Les phénomènes d'exclusion sont monnaie courante dans les groupes d'enfants. Ils doivent être travaillés en classe, mais aussi à la maison, car cela fait partie de l'éducation à la citoyenneté.

Bébé pleure ? Une bouchée !

Pourquoi certains enfants sont-ils obèses ? Il y a d'abord les causes médicales à explorer. Il faut donc avant tout consulter un médecin. Mais, très souvent, l'obésité est multifactorielle : les habitudes alimentaires, le comportement des parents face aux demandes de l'enfant, le contexte familial, l'éducation, l'hérédité, certains dérèglements hormonaux...
Il arrive que l’attitude des parents au tout début de la vie du bébé soit à l'origine de l'obésité. Lorsque le bébé pleure, la réponse de la maman est la même : elle donne systématiquement le sein ou le biberon. Elle ne nuance pas ses réponses. Que son bébé pleure de faim, de froid ou de chaud, qu’il pleure parce qu'il est nerveux ou qu’il a besoin d'un câlin, à chaque fois, la première réponse est de donner à manger. Et le bébé apprend que manger calme tout. Plus tard, cette habitude restera. La boîte à biscuits deviendra la boîte de premiers secours : dès que quelque chose ne va pas, on se précipite dessus.
C'est donc important de demander à l'enfant qui réclame un bonbon à tout bout de champ s'il a vraiment faim ou si c'est d'autre chose dont il a besoin. Peut-être est-il triste ou s'ennuie-t-il ? Parfois, il suffit de s'occuper un peu de lui pour que l'envie de grignoter disparaisse.

Revisitons nos habitudes

Les habitudes familiales sont, elles aussi, en partie responsables du surpoids. Dans certaines familles, la nourriture est très valorisée : les repas sont des moments importants, les plats y sont abondants et riches, il faut se (re)servir copieusement sous peine de vexer la cuisinière. Comment, dans ces conditions, ne pas trop manger ?
Parfois, ce sont les habitudes culinaires de la cuisinière ou du cuisinier qu'il serait bon de revisiter. La grand-mère a toujours mis beaucoup de beurre dans les légumes et de la crème dans presque toutes ses préparations. Alors on fait pareil. Ce n'est pas toujours facile de changer ses habitudes alimentaires ou ses manières de faire, mais il existe des centaines de livres de cuisine, des tas d'émissions culinaires qui informent, donnent des conseils, ouvrent l’imagination pour manger sainement. Le repas est un moment de convivialité et doit le rester.
Quelles qu'en soient les causes, la prise en charge du surpoids ou de l'obésité de l'enfant doit être pluridisciplinaire. Médecin, éducateur, psychologue, diététicien, tout le monde est concerné par le problème. Cela ne veut pas dire qu'il faut consulter pendant des semaines tous ces professionnels en même temps, mais il importe de s'informer et de se rappeler qu'il faut être attentif aux différents facteurs en jeu. L'excès de poids est mauvais pour la santé, tout le monde le sait, mais les moqueries que subit « le petit gros » de la classe sont source de souffrance pour lui. Ne l'oublions pas.

EN PRATIQUE

Bon appétit !

  • Pour les collations de votre enfant, remplacez les barres chocolatées trop souvent présentes par des fruits coupés en morceaux, des tomates-cerises, des bouts de carottes ou de concombres, le tout dans de chouettes petites boîtes.
  • On mange aussi avec les yeux : pensez à présenter joliment - ou de façon rigolote - légumes, salades et fruits.
  • Une belle table est aussi accueillante qu'une marmite riche en beurre.
  • Éliminez définitivement de la maison les sodas hyper-sucrés.

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