Allaiter en public : pour ou contre ?

Vous buvez un thé avec une amie dans un café et un bébé se met à pleurer à la table d’à côté. Ni une ni deux, sa maman ouvre son chemisier et allaite son petit qui se calme instantanément. Vous ne pouvez vous empêcher d’observer cette scène qui vous intrigue et qui éveille en vous toute sorte d’émotions contradictoires. Fascination, gêne, tendresse... jalousie, peut-être ? De quoi susciter les passions. Nous avons demandé à des parents de réagir.

Pour

Julie : « Je suis maman d’un petit Eliot de 10 mois et je l’allaite encore plusieurs fois par jour, un vrai bonheur. Avant d’avoir un enfant, j’avais un avis assez tranché sur la question. Je trouvais que les mamans n’avaient pas le droit d’imposer leur nudité à ceux qui n’avaient pas choisi de la voir. Je dois avouer qu’à cette époque, cette scène d’intimité me gênait. Aujourd’hui, mon regard sur l’allaitement a complètement changé, mais je me rappelle aussi qu’il a été différent. Par respect pour les autres, je pense donc qu’il faut trouver un compromis, en se couvrant avec un foulard par exemple, ou en se mettant un peu à l’écart. Mais qu’il ne faut pas s’empêcher d’allaiter en public pour autant ! »

Sarah : « Je n’ai pas encore d’enfant, mais je trouve tout à fait naturel qu’une femme allaite son bébé quel que soit le lieu. Nous sommes des mammifères après tout, et nourrir un petit fait partie du cycle de la vie. Mais tout dépend de la lecture qu’on fait de cette scène. Le regard qu’on pose sur un sein maternel n’est pas le même que celui qu’on pose sur un décolleté. Au même titre qu’on ne regarde pas un corps nu pour le dessiner de la même manière que lors d’un rapport sexuel. »

Lilly : « J’allaite mon petit dès qu’il a faim, quel que soit l’endroit où je me trouve, cela me paraît tout à fait naturel. Je m’arrange pour superposer deux T-shirts de la même couleur, ce qui me permet de rester discrète, puisque je remonte celui du dessus et je descends celui du dessous. Résultat des courses, ni vu ni connu, il n’y a pas un seul bout de téton qui se voit. Personne ne s’offusque de voir un bébé boire au biberon ou manger une compote en public. Alors pourquoi lui refuser le lait maternel s’il en a besoin ? »

Contre

Pascal : « Je ne suis pas d’accord pour que ma femme allaite Marion devant d’autres personnes. Je ne supporte pas l’idée que sa poitrine soit à la vue de tout le monde. L’autre jour, nous étions au restaurant avec la famille. Ma belle-sœur, qui a un bébé trois mois plus âgé que le nôtre, lui a donné le sein à table, ça m’a choqué. Je me sentais obligé de détourner le regard, et je n’arrivais plus à être naturel. Quand notre Marion s’est mise à pleurer, ma femme est allée à la toilette pour la nourrir. Je reconnais que ça n’est pas très convivial pour elle, mais ça dure en général une grosse demi- heure, et elle en profite pour langer la petite en même temps. »

Manolia : « Personnellement, je ne donnais pas le sein en public, sauf exception lorsque ma fille ou mon fils hurlait dans un magasin ou chez le docteur. Je ne supportais pas les regards, que je trouvais parfois malsains. Et puis j’avais une désagréable impression d’intrusion dans ce moment privilégié. Je me sentais jugée et dévisagée par certains, scrutée et désapprouvée par d’autres. Alors, quand mon fils ou ma fille ne me laissait vraiment pas le choix et que je devais me résoudre à passer au-dessus de mes appréhensions, je m’arrangeais pour m’isoler un maximum. »

Pierre : « Lorsque Nathan est né, j’ai été confronté à un désagréable sentiment de violation de notre intimité. Il faut dire que, de manière générale, je suis assez pudique. Outre les infirmières qui défilaient pour donner les soins, nous avions aussi pas mal de visites. J’ai donc demandé aux gens de sortir de la chambre chaque fois que ma femme devait nourrir notre bébé. Par la suite, les rares fois où nous n’avions pas d’autre choix que de lui donner le sein à l’extérieur, je me souviens que j’étais très mal à l’aise. Je n’aimais pas l’idée que d’autres personnes puissent voir le sein de mon épouse, et encore moins lorsque Nathan était en train de téter. Nous avions toujours une couverture dans le sac à langer, que je tenais au-dessus de mon fils pendant qu’il buvait pour éviter les yeux baladeurs. J’avoue que je ne regrette pas que cette période soit derrière nous. »



Julie Robin

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