
Trois jours, c’est actuellement le nombre de jours d’incapacité de travail accordé par l’État avant de reprendre le travail après la perte d’un enfant, d’un partenaire ou d’un parent proche. Et c’est évidemment trop peu.
On peut unanimement constater que trois jours de congés - 72 courtes heures - sont loin d’être suffisants pour faire face à une épreuve aussi terrible qu’est la perte de son enfant ou de son conjoint. Et pour cause, depuis près de dix-sept ans, des propositions de lois se succèdent sur la table des parlementaires en vue d’allonger le congé de deuil à dix jours, sans que rien ne bouge concrètement.
Une éclaircie se profile : la Commission des Affaires Sociales de la Chambre des Représentants semble être décidée à avancer sur ce dossier. La Ligue des familles a été auditionnée le 3 mars dernier dans la perspective d’allonger ce congé. Un premier pas absolument nécessaire dans le cadre de la mise en place d’une politique de soutien cohérente pour toutes les familles concernées.
Les familles endeuillées (enfin !) au centre du débat public
Avec cette étude sur les familles endeuillées, la Ligue des familles essaie de se faire le plus fidèlement possible le relais des besoins exprimés par les familles confrontées au décès de leur enfant ou de leur conjoint. C’est l’un de nos constats les plus criants : elles sont bien souvent complètement absentes du débat public alors qu’elles ont plus que jamais besoin d’un soutien et d’un accompagnement adéquat.
Toutes les familles rencontrées nous ont exprimé le besoin de bénéficier de plus de temps pour entamer leur travail de deuil.
Actuellement, les personnes concernées se voient obligées de se tourner vers des moyens détournés, comme l’arrêt maladie, pour avoir des jours supplémentaires d’incapacité de travail. Ceci est loin d’être anodin par le parcours que cela représente, par le statut octroyé, par le contrôle du médecin-conseil… Les familles endeuillées n’ont pas besoin de cette démarche supplémentaire. Il est essentiel de reconnaître les familles dans ce qu’elles traversent et de pouvoir leur dire : vous n’êtes pas malades, vous êtes en deuil et vous allez bénéficier d’un congé de deuil rémunéré à 100%.
Un statut quo indéfendable
Nous avons dès lors poursuivi notre travail de lobbying politique afin de faire aboutir les propositions concrètes sur lesquelles nous avions travaillé dans notre étude.
Dans ce cadre, nous avons multiplié les rencontres avec les ministres compétents et les différents groupes politiques (cdH, Ecolo, Défi, PS, MR, PTB) qui ont tous marqué leur intérêt sur ces importantes questions. Tous se sont montrés ouverts à nos revendications et prêts à avancer d’une façon ou d’une autre à brève échéance. Comment en pourrait-il être autrement ?
« Trois jours, c’est honteux. Ce n’est même pas le temps d’enterrer son enfant ». Baptiste et Claire, parents endeuillés
Consécutivement, certaines avancées ont vu le jour comme le vote à l’unanimité au Parlement de Wallonie de la résolution visant à allonger à dix jours le congé de deuil suite à la perte d’un enfant. Plusieurs questions parlementaires y ont été posées sur le sujet. Des propositions de lois sont également en cours de rédaction au Parlement fédéral concernant l’allocation de transition. L’agenda de la Ligue des familles contient encore des rendez-vous importants pour faire avancer les différents dossiers.
Dix jours de congé de deuil, un minimum
Le deuil ne se compte pas en jours, la douleur non plus, et cela est très personnel. Mais il est évidemment essentiel de recevoir du temps pour entamer ce processus, apaiser son chagrin. Nous estimons que dix jours facultatifs de congé amélioreraient déjà sensiblement la situation actuelle. Mais nous continuerons d’insister : il s’agit d’un minimum. Il nous paraît indispensable de prolonger le débat avec les expert·e·s et les familles concernées afin de faire évoluer ce congé vers une durée plus proche des besoins réels.
Il semble qu’un consensus se dégage sur ce point et va donc permettre à la Commission d’avancer à brève échéance sur cet allongement, et à la Ligue des familles d’insister : les familles ne peuvent plus attendre. Rappelons qu’il s’agit uniquement d’offrir à ces familles sept jours supplémentaires de congé alors qu’elles font face à l’indicible. C’est le moins qu’elles puissent espérer…
Pour la Ligue des familles, l’allongement à dix jours du congé de deuil n’est qu’un premier pas vers une prise en charge globale des besoins des familles endeuillées. Cela passera par la mise en place de solutions solides et durables pour leur permettre de traverser les épreuves terriblement difficiles qu’elles affrontent avec le soutien public qu’elles sont en droit d’attendre. Nous en avons posées plusieurs sur la table et continuerons à sensibiliser nos décideurs politiques afin qu’elles adviennent le plus rapidement possible.
Lola Galer, chargée d’études à la Ligue des familles
À lire
L’étude publiée en novembre 2020, à retrouver sur liguedesfamilles.be