Santé et bien-être

C’est quoi cette odeur ?

Nom de code : kératolyse ponctuée plantaire. On lui reproche de gâcher les soirées télé ou les moments passés sous la tente. Source d’embarras, elle passe difficilement inaperçue… des narines. Car c’est le nom savant d’un souci que beaucoup de jeunes (et moins jeunes) connaissent bien : les pieds qui puent. Rien ne sert de se pincer le nez, c’est bénin et ça se soigne. Consultation avec une dermatologue et une podo-orthésiste.

Dans la panoplie des problèmes de peau les plus fréquemment rencontrés chez les ados, l’acné continue de truster, et de loin, la plus haute marche. Elle ne s’installe jamais seule et, en véritable star, arrive escortée par son entourage, bigarré et tonitruant : une vraie fête foraine de la puberté.
Peau grasse, pores dilatés, cheveux gras à pellicules, tous les symptômes hormonaux qui leur pourrissent la vie honorent le rendez-vous, plus ou moins au même moment. Est-il possible d’assombrir encore ce tableau ? Eh oui, car les hormones déclenchent aussi un autre type de problème, comme par exemple la kératolyse ponctuée, qui s’attaque principalement aux pieds.

Trop de transpiration

Dans son cabinet bruxellois, la dermatologue Nathalie Laukès rencontre beaucoup d’ados qui en souffrent : « Cette pathologie est facilement reconnaissable, mais peu de personnes savent de quoi il s’agit exactement. Certaines bactéries qui vivent sur la peau sont stimulées par une hyperhidrose, un excès de transpiration qui peut être accentué par les hormones, et prolifèrent. La sudation excessive provoque le premier symptôme qui doit vous alerter : une odeur infecte, qui s’apparente à celle de certains fromages. Ensuite, la plante des pieds prend une apparence un peu macérée et fripée, présente des ulcérations blanchâtres, des espèces de petits trous en forme de nids d’abeilles et peut aller jusqu’à peler. Odeurs, ulcérations et desquamations sont causées par la prolifération des bactéries, qui mangent la peau. Ces complications sont généralement aggravées par le port de chaussures fermées, qui ne respirent pas bien, comme les baskets ».
La plus grande partie de nos glandes sudoripares sont concentrées sur les pieds, dont elles régulent l’échauffement. On en dénombre jusqu’à 600 par centimètre carré, alors que le reste du corps s’en partage en moyenne 200 pour la même surface. On estime qu’elles peuvent produire une demi-tasse de sueur par jour, qui, composée à 99 % d'eau et de sel, ne devrait normalement rien sentir.
Sauf que des bactéries de la famille des brevibacteria peuvent y proliférer. Ceci pour la transpiration et les hôtes indésirables. Vous pensiez en avoir terminé ? Restez attentifs, d’autres s’invitent : bienvenue aux mycoses, adeptes elles aussi de la transpiration excessive. Et cette fête ne serait pas complète sans la visite impromptue des verrues : toutes ces affections peuvent s’additionner, les dernières arrivées se plaisant particulièrement, elles aussi, en milieu humide.
Dans les magasins, les coupables essaient leurs chaussures tête baissée, à toute allure. Dans certains vestiaires, mieux vaut retenir sa respiration… Allons, ne restons pas là à froncer les sourcils en lançant des regards torves aux pieds et chaussures incriminées : parlons-en, tout simplement. Il faut s’en occuper, il existe des solutions.

Hygiène avant tout

À l’issue des consultations, une fois le diagnostic confirmé, Nathalie Laukès prescrit des savons désinfectants, de type Iso-Bétadine, ou contre la transpiration, comme le Spirial pain. « Il faut aussi appliquer des antiperspirants, que ce soient des produits naturels à la pierre d’alun ou des sels d’aluminium. Il ne faut pas craindre les sels d’aluminium, victimes d’une rumeur qui les soupçonne de provoquer le cancer du sein : ce n’est absolument pas prouvé ! Pour lutter contre cette pathologie, je préconise également un gel à base d’alcool et d’antibiotique. Enfin, certains traitements contre l’acné peuvent être appliqués sur les pieds. L’alcool qu’ils contiennent dessèche la peau et l’antibiotique détruit les bactéries responsables de la mauvaise odeur et des petits cratères sur la peau ».
Ce sont surtout les garçons qui consultent : ils produisent plus de testostérone que les filles, transpirent plus que celles-ci et auraient tendance à se laver moins fréquemment, explique le médecin : « Mais attention, il ne s’agit absolument pas d’une maladie liée au sexe, les filles en souffrent aussi ». Les bactéries ne font pas dans la différence de genre, c’est noté.
La première des prises en charge demeure donc de prendre soin de son hygiène, d’alterner différentes paires de chaussures, surtout si ce sont des baskets. Une image qui pourrait aider votre ado récalcitrant : tu changes bien de caleçon tous les jours, non ?
Mais rien ne sert de courir chez le spécialiste dès la première odeur venue, précise Nathalie Laukès : « Il ne faut pas spécialement consulter, la majeure partie des produits s’achète dans les grandes surfaces ou sont en vente libre en pharmacie. Il faut que les ados commencent par instaurer une routine : bien se laver les pieds, bien les sécher et appliquer les produits comme il faut. Les antiperspirants s’appliquent le soir, sur peau propre, sèche et non blessée, par exemple, contrairement aux déodorants que l’on met le matin. Ce sont des solutions, des sticks, faciles d’utilisation et très efficaces ».

Bien choisir ses chaussures

Votre discours concernant la propreté et les soins à apporter aux jolis petons de vos enfants bien calibré, reste à évoquer l’autre sujet qui fâche : le choix de chaussures adéquates. Bien des ados préfèrent les baskets, conçues pourtant pour un usage sportif. Les porter tous les jours peut parfois occasionner des problèmes. Mais comment mieux les choisir ?
Jacqueline Walschaerts, podo-orthésiste, est familière du souci : « Tout ce qui est synthétique peut créer des mauvaises odeurs, et cela concerne aussi les chaussettes ! Mais il ne faut pas dramatiser, ce n’est problématique que s’il y a un souci à la base : quand on a tendance à trop transpirer, le synthétique crée des échauffements, le milieu restant humide, c’est l’image du champignon qui prolifère dans la forêt. Les baskets en soi ne sont pas à incriminer, lorsque l’on prend soin de favoriser le cuir et d’en changer régulièrement ».
Avant de passer à la caisse, la spécialiste répète les règles de base qui définissent de bonnes baskets : « La première, c’est de s’assurer qu’elles ont un contrefort ferme. Il faut que l’ado puisse dérouler les pieds sans plier la semelle en deux. Mieux vaut éviter les ConverseAll Star, les Vans, toutes les chaussures aux tissus très souples. La cambrure, le ‘cambrion’, doit présenter une certaine fermeté : la chaussure ne doit pas pouvoir être tordue latéralement. Et pour revenir aux problèmes d’odeurs, comme les bactéries et les champignons migrent dans les chaussures, il faut aussi songer à les traiter ».
Cela peut sembler excessif, mais Jacqueline Walschaerts recommande aux parents dont les ados entament un traitement de se débarrasser de toutes les chaussures, pour repartir à zéro. Laver, sécher, aérer…

 


 

 

 

 

 

 

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