Développement de l'enfant

De 1 an à 3 ans : les premiers pas, les premiers mots

Jouer est fondamental à tout âge, mais particulièrement à l’âge du tout-petit. Grâce à l’action du jeu, que ce soit avec ses mains ou celles de ses parents, avec le hochet bien connu, avec ses bras, ses jambes, sa gorge aussi qui émet des sons… il s’ouvre sur le monde. Exploration de ces petits miracles quotidiens.

Sylvie Van Lint, chercheuse en sciences de l’éducation (ULB) :

Le temps des histoires

Le langage qui se décline d’abord par des sons, puis des petits mots, va faire grandir l’enfant bien plus que la marche, à terme. Si cette dernière offre la possibilité d’explorer le monde ici et maintenant, le langage, lui, mène l’enfant vers l’univers symbolique qui nourrira son imagination (Lire le chapitre 3-5 ans). C’est le moment de gaver le petit d’histoires, de verbaliser tout ce qui se passe autour de lui sans parler bébé pour enrichir son vocabulaire.
À cet âge-là (1 an et demi-2 ans), bien qu’il puisse communiquer avec les autres, le petit joue seul, en parallèle avec les autres : à la crèche ou au bac à sable, par exemple, il va observer les enfants, éventuellement les imiter, mais il ne va pas entrer encore véritablement en relation.
La fine motricité se développe aussi, mais très lentement puisqu’elle est liée à la myélinisation : pour que tous les circuits nerveux fonctionnent bien, une gaine de myéline se met progressivement en place dans le corps en allant du centre vers les extrémités, de la tête vers les pieds. Or, ce processus ne sera terminé que vers 5 ou 6 ans : impossible, donc, à l’âge de la crèche, ni au début de la maternelle de tenir correctement son crayon ou de bien utiliser des ciseaux.

« Notre aînée ne sait pas jouer seule, c’est vraiment la galère. Il paraît que c’est parce qu’on ne le lui a jamais appris à le faire. Avec la seconde, changement de tactique : depuis qu’elle est toute petite, on a pris l’habitude de lui donner un petit jouet et de la laisser seule quelques instants, en l’ayant toujours à l’œil évidemment. Et apparemment, ça marche. Enfin, c’est peut-être juste parce que chaque enfant est différent. »
Mounir, papa de Leïla, 12 mois, et Mélissa, 6 ans

« Rien à faire, je n’aime pas jouer ! Au début, je culpabilisais, car j’avais l’impression que pour mes copines c’était quelque chose de naturel. Alors, je compense, j’essaie de trouver le truc pour être une ‘bonne mère’ malgré tout. J’ai remarqué que le simple fait d’être assise à côté de mes filles, de poser juste le regard sur elles sans intervenir pour autant, les aidait à être plus imaginatives, à moins se chamailler aussi. »
Édith, maman d’Ana, 18 mois, et Juliette, 4 ans

En pratique, que faire ?

Gravir un escalier. Les escaliers vous font peur et c’est normal. Pourtant, gravir les marches à quatre pattes va permettre à l’enfant de développer la coordination des bras et des jambes, de découvrir son corps tout comme sa mobilité. Et de goûter en même temps le plaisir de l’autonomie. À faire en étant derrière lui pour éviter les chutes.

Empiler les boîtes Tupperware. Jusqu’à l’école primaire, l’enfant tient à jouer dans les pièces de vie. Pourquoi pas dans la cuisine à condition évidemment d’écarter les produits et objets dangereux ? Parce que tout objet peut devenir un jeu, laissez-le manipuler les boîtes style Tupperware. Il va les sortir, les empiler, les aligner, les classer, chercher le couvercle. Et si vous avez une petite cour ou terrasse, les remplir d’eau pour ensuite les vider.

La peinture au doigt. Si c’est trop tôt pour le dessin, c’est le bon âge pour la peinture à faire avec ses doigts ou avec ses mains. Par cet exercice artistique, l’enfant continue à explorer son corps et ses sensations. Et surtout, il laisse une trace, preuve qu’il existe.

La cuisine, une salle de jeux. Mieux que la plasticine, faites du pain ou des boulettes avec votre petit et partagez le plaisir de chipoter avec les mains et de passer du temps ensemble. Avec, au bout du compte, une récompense : la fierté de proposer un mets à déguster à toute la famille. Pour les plus grands, c’est un bon moment pour introduire la notion de règle : on doit faire des boulettes et pas des crêpes, mais elles peuvent être de tailles différentes. Une introduction à la liberté dans le cadre de la règle.

L’escalade à tout prix. Il veut monter sur tous les murets, gravir tous les perrons sur le chemin de la balade ? Laissez-le faire, ne regardez plus votre montre : il explore ainsi l’espace, mais aussi son autonomie naissante. Et commentez la chose en lui proposant, par exemple : « Et si on était des petites fourmis qui allaient de maison en maison pour chercher de la nourriture ? ».



A. T.

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