Loisirs et culture

La rentrée des classes a ses rituels et, parmi ceux-ci, la sieste pour les jeunes enfants. Pas de bonne scolarité sans un bon sommeil. Voici quatre albums récents autour du… dodo !
Heureuse initiative des éditions L’Étagère du bas qui ont décidé de proposer au public francophone un personnage culte en Suède : Alfons Åberg, traduit phonétiquement en français Alphonse Aubert. Sa créatrice, Gunilla Bergström, née à Göteborg en 1942, est l’auteure et l’illustratrice de ses albums traduits dans plus de trente langues. Vingt-cinq titres célèbrent Alphonse Aubert et sa vie quotidienne avec son paternel. Véritable phénomène de l’édition suédoise (rien qu’en Suède, plus de cinq millions d’albums ont été vendus), il a son propre musée à Göteborg, une série télévisée, des films, des pièces de théâtre, etc.
Avec ce premier épisode, Bonne nuit, Alphonse Aubert, nous entrons de plain-pied dans la vie quotidienne de cette famille monoparentale atypique, d’une furieuse modernité. Très (trop ?) gentil, le père cède aux caprices de son gamin de 4 ans qui n’a aucune envie de dormir. Tous les prétextes sont bons et la patience du papa paraît sans limites. Les expressions de l’un et de l’autre sont adorables et traduisent à merveille cette belle relation père/fils qui reflète parfaitement ce moment particulier de la mise au lit. Deuxième album de la série, Bien joué, Alphonse Aubert évoque une même complicité autour du bricolage, d’une cabane et des interdits (à partir de 3 ans).
La sieste
En plein confinement, la même maison d’édition, L’Étagère du bas, publiait La Sieste, écrite par Stéphanie Demasse-Pottier et illustrée par Marie Poirier. Un album en totale rupture avec ceux d’Alphonse Aubert par la hardiesse graphique des illustrations. La sieste, alors que le silence règne dans la maison, sera particulièrement agitée pour la jeune narratrice. Dormir n’est pas toujours de tout repos. Entre sensations étranges propres à l’endormissement et images visuelles fortes, elle est embarquée dans un voyage onirique sur le fleuve Amazone. Rêve ou réalité ? Réponse au moment du réveil.
À l’aide de pochoirs et d’encres bleues, orange et blanches bien contrastées, Marie Poirier compose des illustrations géométriques puissantes et évocatrices qui donnent envie de réexplorer nos songes (à partir de 5 ans).
La cabane à dodo
La sieste, pour les petit·e·s à la crèche, en classe d’accueil ou en 1re maternelle, c’est aussi… s’endormir avec les copains et les copines. Pas simple quand Léon le hibou se lance dans une fabrication audacieuse : La cabane à dodo. Tel est le titre de cet album en carton fort, aisément maniable, qui raconte un moment de vie simple, ludique, à grand renfort de couvertures, de doudous, d’oreillers.
Vos petits se reconnaîtront aisément à travers ce petit monde d’oiseaux dessinés sobrement, sans fioritures, par Frédéric Stehr (une soixantaine d’albums au compteur !), chez Pastel/L’école des loisirs (à partir de 3 ans).
Momo va dormir chez Armand
Et puis, il y a les premiers dodos chez les autres ! Pas d’oiseaux cette fois, mais des grenouilles, avec Momo, le personnage de Claude K. Dubois apparu dans La pêche à la lune puis Je ne veux plus pêcher avec papa ! Dans Momo va dormir chez Armand (Pastel/L’école des loisirs), l’auteure-illustratrice, qui vit à Liège, campe avec humour et complicité les petits chagrins et joies enfantines de qui déloge chez un ami pour dormir ailleurs qu’à la maison. Elle le fait avec sa tendresse et sa sensibilité habituelles, tant dans les mots que le trait. Une histoire de rupture, ces ruptures nécessaires pour grandir (à partir de 3 ans).
Bonus : Claude K. Dubois parle de Momo sur la chaîne YouTube de l’école des loisirs :
Quatre déclinaisons autour de quatre formes d’endormissement, quatre albums pour apprendre à apprivoiser le sommeil…
Michel Torrekens