Société

Droit de réponse au Ligueur

Voici un droit de réponse envoyé par l’Observatoire de la Petite sirène à la suite d'un article publié sur notre site en décembre dernier. Ce droit de réponse signé de la main de la trésorière de l’Observatoire est suivi d’un commentaire de la rédaction (que vous trouverez ci-dessous) pour resituer ce droit de réponse et donner quelques éléments d’explication.

DROIT DE RÉPONSE au LIGUEUR.

En date du 20 décembre 2022, Le Ligueur publiait sur son site internet un article intitulé « Qui veut la peau de l’EVRAS ? ». Ce journal ouvrait largement ses colonnes pour relayer le seul point de vue de Madame Clavreul, directrice de la Fédération des Centres Pluralistes de Planning Familial (FCPPF). Cet article renvoyait via des liens, sous l’intitulé « En savoir + », à un certain nombre de pièces. Le lien « Pour tout savoir sur l’Observatoire de la Petite Sirène » ouvrait une pièce intitulée « Note d’information suite à la polémique autour du guide des contenus EVRAS ». L’article et la note susmentionnée appellent le présent droit de réponse. En effet, la vérité y a été largement malmenée et les critiques opérées à l’égard de l’Observatoire de la Petite Sirène (OPS), et particulièrement de la co-directrice de sa branche belge (BBOPS), la pédopsychiatre Sophie Dechêne, sont basées sur des affirmations erronées.

DES ARGUMENTS AD HOMINEM

Le titre de l’article donne le ton et pose le guide EVRAS et ses concepteurs en victimes de l’OPS. Or, soyons clairs : celui-ci n’a jamais souhaité la mort de l’EVRAS. Tant l’OPS que les auteurs de la Lettre Ouverte soutiennent la nécessité d’une éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.

Dans la suite de ce titre dramatisant, l’article et l’une des annexes auxquelles il renvoie comportent nombre d’arguments ad hominem et de contre-vérités. Nous nous bornerons d’abord à rectifier quelques affirmations fausses.

Contrairement à ce qui est écrit dans le lien « Pour tout savoir sur l’Observatoire de la Petite Sirène », les deux branches, française et belge, de l’OPS n’ont aucune accointance avec un quelconque parti politique. Comme décrit sur son site que nous invitons à consulter, « L’Observatoire se réfère à une position d’universalisme défendant les valeurs du droit humain, de la protection de l’enfant. Il défend à ce titre une charte d’égalité des droits démocratiques : égalité, laïcité, lutte contre toute emprise de type sectaire ou idéologique en constituent le socle. Il est indépendant de tout parti politique ou affiliation religieuse. Il récuse fermement tout droit de récupération de ses idées à ce titre. » Par ailleurs, se défendant de tout sectarisme, et comme toutes les associations à but social, les deux branches de l’OPS respectent la liberté d’expression et les engagements personnels de chacun de leurs membres, sous réserve que leurs positions ne soient pas en contradiction avec les buts et valeurs de l’OPS.

Contrairement aux allégations reprises dans l’annexe susmentionnée, la BBOPS ne bénéficie d’aucun subside. Elle s’est fondée et vit du seul et fort engagement citoyen de ses membres.

Contrairement à ce qui est affirmé dans la même annexe, le Docteur Sophie Dechêne n’a pas signé la carte blanche de la Plateforme EVRAS en novembre 2021, où il était demandé dans le cadre de la généralisation EVRAS de :”sensibiliser les jeunes aux questions, entre autres, d’égalité des genres, de santé sexuelle, d’orientation sexuelle et d’identité de genre et offrir une information claire et fiable au sujet de la puberté, du consentement, des rapports sexuels, des moyens de contraception, de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), des infections sexuellement transmissibles (IST), etc.”.

Il nous semble étonnant qu’une Fédération qui se veut pluraliste et qui se donne pour but d’éduquer, notamment à la Vie Relationnelle, discrédite aussi abruptement les avis divergents et complémentaires dans un style plus clivant que relationnel, et utilise des arguments ad hominem, peu respectueux et déplaisants, en décrivant de manière caricaturale l’OPS tout en évitant un débat de fond. 2

UNE IMAGE REDUCTRICE DE L’OPS.

L’OPS refuse la qualification de « réactionnaire » qui lui est assignée dans l’article du Ligueur et réfute qu’il soit animé d’idées conservatrices, simplement parce qu’il :

- alerte sur la problématique interpellante de l’augmentation importante des demandes de transition de genre chez les mineurs, surtout chez les adolescentes ;

- invite tant ces candidats que l’ensemble de la communauté à la prudence réflexive sans céder aux sirènes d’un progressisme confisqué et relatif ;

- invite à réglementer strictement l’usage de bloqueurs de puberté et d’hormones avant 18 ans ;

- critique certains aspects du guide, brièvement évoqués ci-dessous en points d’inquiétude et de désaccord.

De manière beaucoup plus large, l’OPS se veut un observatoire réfléchissant aux impacts de toutes les idéologies traversant la société, sur la construction psychique des enfants et adolescents. A ce titre, et en s’appuyant sur la longue expérience professionnelle de ses membres, la BBOPS estime que le guide EVRAS ne respecte pas certains principes fondamentaux qui devraient prévaloir dans l’abord d’une matière aussi délicate et intime que celle de l’EVRAS.

Par ailleurs, un commentaire imputé à l'OPS sur son site émanait en réalité de l'association Cry for Recognition. C'était tout à fait clair puisque ce commentaire était formulé sous le logo de cette association qui, comme on le sait, a été constituée par des parents désemparés et en colère d'avoir vu leur enfant emporté à leurs yeux par l'idéologie transactiviste.

C'est avec leur souffrance de parents qu'ils ont pu, quant à eux, écrire : " A partir de cette indignation, nous voulons unir les gens, faire entendre nos voix et forcer la responsabilité des médecins, des psychologues et des politiciens. Les personnes dysphoriques ont besoin d'être remises en question, pas d'être affirmées, sinon à quoi sert la thérapie ?"

Mais ces propos ne correspondent pas pour autant ni à ce que nous pensons, ni à ce que nous défendons, ni à notre manière de nous exprimer. Dès lors que nous avons injustement été assimilés à ces propos - alors qu'ils étaient manifestement ceux de cette association de parents - nous les avons retirés de notre site - ce qui ne pourra pas nous empêcher de continuer, avec les valeurs qui sont au fondement de l'exercice de notre profession, de compatir à la souffrance de ces parents.

POINTS D’INQUIÉTUDE ET DE DÉSACCORD

Madame Clavreul évoque 150 professionnels qui ont participé à l’écriture du guide. Une lecture attentive de son contenu nous amène à questionner sa rigueur et les références scientifiques utilisées concernant le développement psycho-affectif de l’enfant et de l’adolescent. S’appuyer sur des bases théoriques incorrectes n'est pas sans danger pour l’éducation des jeunes à laquelle prétend le guide.

Malgré nos efforts, nous n’avons pas pu débattre de nos idées avec les interlocuteurs de terrain. Après une tentative vaine de rencontrer Madame la Ministre Caroline Désir, il ne nous est plus resté qu’à médiatiser les raisons de notre inquiétude, conscients que les médiatisations offrent rarement l’espace suffisant pour déployer des positions nuancées.

Le présent « droit de réponse » n’échappe pas à ce risque. Les points de désaccord et d’inquiétude que nous allons évoquer devraient bénéficier d’autres tribunes pour alimenter un large débat sur base d’explications plus complètes et plus nuancées. Peut-être, comme nous le souhaiterions, Le Ligueur se souviendra-t-il de l’intérêt du pluralisme et nous ouvrira-t-il ses colonnes à cet effet ? 

L’article critique notre position relative au principe d’auto-détermination de l’enfant. Nous pensons effectivement que l’enfant ne s’auto-définit pas seul et qu’il a besoin du cadre et des limites posées par ses éducateurs, ses parents au premier chef. Dans nos pratiques cliniques, nous sommes quotidiennement confrontés à des jeunes en souffrance parce qu’ils n’ont pas bénéficié des limites structurantes et des repères sécurisants nécessaires à leur construction psychique et à leur future inscription responsable dans la société.

Contrairement à ce qui est affirmé dans l’article, nous ne plaidons pas pour laisser les jeunes dans l’ignorance des dangers du monde. Nous affirmons l’importance de la prévention et de la protection. En revanche, nous attirons l’attention sur les risques d’intrusion ou d’effraction traumatique dans le psychisme de l’enfant suite à l’approche à la sexualité préconisée dans ce guide. Celui-ci multiplie en effet les informations et les invitations trop précoces eu égard à l’âge des enfants qu’il veut éduquer.

L’article publié en décembre 2022 critique « le bon vieux concept freudien de l’état de latence » et précise « que la sexualité des enfants ne commence pas à 18 ans ». Cette affirmation témoigne d’une méconnaissance des stades du développement psycho-affectif des jeunes. La curiosité sexuelle est de fait bien présente dès le plus jeune âge et sous-tend même la curiosité intellectuelle. La période de latence – quelque peu bousculée aujourd’hui par l’accès à différents médias - se situe approximativement de 6 à 11 ans, et permet à l’enfant de mettre en veilleuse son intérêt pour la sexualité pour s’ouvrir au monde, le comprendre et consacrer son énergie psychique aux apprentissages. L’intérêt pour le sexuel se réactive à la préadolescence et flambe à nouveau à l’adolescence, période de remaniement identitaire et de fragilité qui engage à la prudence.

En conclusion, le contenu du guide souffre de divers défauts qui pénaliseraient les enfants et les adolescents. Il gagnerait à bénéficier de la collaboration d’experts et de cliniciens dans le domaine de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent et à s’appuyer, dans l’intérêt de tous, sur de solides références scientifiques.

Au nom de l’OPS

Dr Sophie Dechêne

Pédopsychiatre

COMPLÈMENT

Commentaire de la rédaction

La rédaction a donc souhaité accompagner ce droit de réponse de l’OPS d’un mot d’explication. Et ceci pour éviter tout risque de confusion, le texte de l’OPS mêlant à la fois des critiques concernant l’article du Ligueur, mais aussi d’autres productions publiées sur d’autres sites.

Tout d’abord le cadre.

L’Observatoire de la Petite Sirène a désiré réagir à un article publié sur notre site internet en décembre dernier. Cet article évoquait les critiques formulées à l’égard d’un ouvrage dont l’objectif est d’homogénéiser et professionnaliser la pratique de l’Évras dans les écoles. Parmi ceux qui critiquent l’ouvrage, on trouve l’Observatoire de la Petite Sirène qui est en désaccord avec certains passages de ce guide destiné aux professionnels encadrant la pratique de l’Évras. Parmi les points d’achoppement, la transidentité. En résumé, ce collectif de professionnels de santé s’inquiète des transitions de genre irrémédiables initiées de plus en plus tôt dès l’adolescence. Il y voit un effet de mode, du politiquement et « clinique correct ». Ces arguments ont été répétés dans une tribune publiée dans la Libre Belgique à l’été dernier où on peut lire également ceci : « Comment encore faire société si la conviction intime de chacun doit ainsi prévaloir ? Au nom de quoi la carte d’identité devrait-elle céder devant une identité désormais à la carte ? Et jusqu’où ce processus pourra-t-il aller ? Et jusqu’où ce processus pourra-t-il aller ? Si demain, un adolescent veut changer de parents parce qu’il a honte des siens, va-t-on l’y autoriser au nom de sa souffrance ? »

Voilà pour le cadre, concernant le droit de réponse au Ligueur. La rédaction a accepté de le publier après plusieurs échanges avec la trésorière de l’OPS, la pédopsychiatre Sophie Dechêne qui le signe. Celle-ci et l’organisme qu’elle représente avaient été cités dans l’article ouvrant la voie à ce droit de réponse. Le texte a fait l’objet d’un aller-retour, la rédaction demandant la correction d’éléments factuels erronés pour en envisager la publication. Ce droit de réponse est donc la deuxième version du texte.

La rédaction tient à signaler que l’essentiel des remarques formulées par l’OPS ne concerne pas vraiment l’article du Ligueur, mais bien d’autres articles, publiés sur d’autres sites internet, mis en lien, dans une « encadrée » à titre d’information. Ce droit de réponse entretient donc la confusion entre le contenu de notre article et des informations puisées ailleurs. En gros, concernant l’article du Ligueur stricto-sensu, l’OPS critique un titre « dramatisant », réfute les qualificatifs de « réactionnaire » ou de « conservateur» et réagit aux propos de la personne au centre de l’interview publiée sur notre site.  

Le droit de réponse véhicule aussi une information erronée qu’il convient de relever. Sophie Dechêne et l’OPS affirment qu’ils ne souscrivent pas à un texte publié sur leur propre site. Ce texte serait celui d’une autre association. Dans son deuxième droit de réponse, Sophie Dechêne affirme qu’à la suite de nos échanges, le texte pointé du doigt a été supprimé du site de l’OPS car il « ne correspond ni aux idées ni aux valeurs que nous défendons. » À l’heure de publier ce droit de réponse, le texte est toujours bien présent et entretient la confusion quant à l’attribution des propos tenus, comme ceux-ci : « Les personnes dysphoriques ont besoin d'être remises en question, pas d'être affirmées, sinon à quoi sert la thérapie ? ».

Site OPS

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