Vie pratique

« Et pour finir, il n’y a peut-être plus que le vélo pour se déplacer » - Benoit Godart, porte-parole de l’institut VIAS

Une chose est sûre, on ne peut plus continuer comme ça. Il est parfaitement vrai que s’il faut comparer le nombre d’embouteillages, les kilomètres de files, en se basant uniquement sur des données objectives : oui, c’était mieux avant. Mais il y a du mieux aussi maintenant.

► Toujours plus de bagnoles ?

Aujourd’hui, la Belgique compte 11 millions de véhicules contre 3 millions en 1978. Forcément, le réseau routier et autoroutier construit pour l’usager de 1978 ne suffit plus. Nous sommes passés de 3,55 habitants par voiture à l’époque contre 1,99 en 2015. À ce nombre toujours plus croissant, il faut évidemment chercher d’autres solutions, ce qui est déjà un signe d’amélioration par rapport au passé. Si on se réfère à 1978, on pensait très sérieusement que la voiture était l’unique objet de déplacement.

► Et les solutions plus vertes alors ?

Quoi qu’on en dise et bien que l’on puisse la juger peu performante, l’offre des transports s’est améliorée. Les entreprises cherchent par tous les moyens à ce que les travailleurs soient de moins en moins bloqués dans les transports : on télétravaille, bien sûr, mais on organise aussi des systèmes de covoiturage. On assiste à une émergence de nouvelles formes de mobilité. De la gare au boulot, par exemple, on emporte avec soi des vélos pliants, des trottinettes, etc. Il y a donc aujourd’hui une prise de conscience très nette que le réseau routier n’est pas extensible.

► Irrespirable, notre air ?

Si l’on compare le passé et le présent depuis vingt ans, la qualité de l’air s’améliore. On l’explique par un appauvrissement des combustibles, devenus moins polluants, et une prise de conscience chez les constructeurs qui rendent leurs véhicules plus propres… Tout ça reste très positif. Hélas, les chiffres sont encore très inquiétants. En Belgique, plus de 10 000 personnes, tous âges confondus, meurent chaque année à cause des particules fines.

► L’insécurité totale sur les routes ?

L’état des routes n’est pas brillant. Mais le réseau dans l’ensemble du pays est certainement en meilleur état qu’il ne l’était il y a quarante ans. À signaler aussi aux parents : le nombre de piétons tués a énormément diminué. Les enfants sont beaucoup plus en sécurité sur le chemin de l’école.
Les années 1970, c’était le temps de l’insouciance, celui où les ceintures de sécurité n’étaient pas obligatoires et l’alcool pas vraiment considéré comme un problème au volant. 50 % des tués sur les routes étaient des piétons ou des cyclistes. La sécurité est beaucoup plus efficace, y compris pour les usagers dits faibles. Pour vous donner un ordre d’idée, aujourd’hui, on diminue par cinq le chiffre des tués, alors qu’il y a presque quatre fois plus de véhicules sur les routes. Il a fallu attendre que le cap des 3 101 tués soit atteint en 1972 pour se dire qu’il y a avait peut-être un problème.

Et demain ?

On a encore du boulot quand on sait qu’un Belge sur trois prend sa voiture pour faire un ou deux kilomètres. Il faut trouver des solutions autrement qu’en réprimandant. À Rotterdam, par exemple, le gouvernement donne des primes aux automobilistes qui ne prennent pas la voiture aux heures de pointe.
Selon moi, l’avenir se joue dans une société à la mobilité multimodale. Les parents vont combiner plusieurs modes de transport pour conduire leurs enfants à l’école, puis se rendre au travail ou se déplacer dans le contexte professionnel et rentrer le soir. Regardez autour de vous, ça existe et c’est possible.
Dans vingt ans, si nous continuons à consommer l’automobile comme nous le faisons aujourd’hui, nous nous retrouverons avec 1 400 000 véhicules en plus sur les routes. C’est tout simplement impossible. Nous avons donc quelques années devant nous pour nous y mettre. L’enjeu, c’est plus de sécurité et un meilleur environnement pour la planète.

Ce que ces dernières années ont appris au Ligueur

Quand on parle mobilité avec les parents dans le Ligueur, plusieurs itinéraires s’offrent à nous. D’abord celui des indécrottables qui ne veulent pas changer leurs habitudes. Certains nous disent même clairement qu’ils refusent de les remettre en question. Les problématiques liées à la santé de leur·s enfant·s, à l’environnement, au temps perdu sur le trajet, sont pour eux une préoccupation d’ordre utopique. Incroyable lorsqu’on sait que pour 1 parent sur 4, la mobilité quotidienne est source de stress.
Puis, nous rencontrons aussi ceux qui aimeraient laisser la voiture sur le côté de la route, mais pour qui la solution bis est trop contraignante. Organiser un co-voiturage entre parents ? « Trop lourd à gérer ». Prendre les transports en commun ? « Impossible, telle ligne de bus ne rallie pas le point A au point B ». Et le vélo ? « Il faudrait un cargo électrique pour transporter toute la marmaille, et ils sont impayables, de 2 000 à plus de 5 000 € ».
Pourtant, une majorité d’entre vous nous le dit à chaque fois : que la voiture se désinvidualise est au cœur de vos priorités. Alors, citons des initiatives comme Schoolpool.be, site de co-voiturage scolaire. Parlons d’E-mobile, la concertation de la Ligue des familles, d’Unia et de la DGDE autour des enjeux du transport scolaire des élèves en situation de handicap… En attendant une prise de conscience collective, enfilons des masques à gaz à nos petits, dont la qualité de l’air à l’école est plus que préoccupante.



Yves-Marie Vilain-Lepage

À lire

La Ligue des familles s’est engagée auprès de Greenpeace dans une campagne intitulée Mon air mon école. On vous en dit plus : 60 % d’écoles ont un air de mauvaise qualité. Peut-être de quoi inciter les parents à utiliser autre chose que la voiture pour ceux qui en ont la possibilité.

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