Crèche et école

La dyslexie serait due à une mauvaise connectivité entre deux régions du cerveau. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Et quels changements cela impliquera-t-il lors du prochain rendez-vous chez le logopède ? On fait le point.
« Ba-ba-ba-ba » et « da-da-da-da » : ces différentes séries de sons paraissent simples à identifier. Pas pour les personnes dyslexiques qui n’entendent pas bien la différence entre les deux. Pourquoi ? Bart Boets, un psychologue clinicien et son équipe de chercheurs de l’Université catholique de Leuven (KUL) viennent de démontrer que ce handicap de l’apprentissage était dû à une mauvaise connectivité entre deux régions du cerveau. Et non à une façon différente de se représenter les mots en mémoire.
Qu’est-ce que ça change ?
Pour les scientifiques, il s’agit d’une grande avancée. On savait déjà que, chez les personnes dyslexiques, certaines cellules étaient placées différemment et que des zones du cerveau n’étaient pas bien activées. Mais pas qu’il s’agissait d’un problème de connexion entre les zones. « Cette étude démontre que la représentation des sons en mémoire serait intacte chez de jeunes adultes dyslexiques et que ce serait un problème de vitesse d'accès à ces représentations des sons : les dyslexiques répondent plus lentement que les adultes tout venant et surtout, c'est l'apport majeur de l'étude, les connexions entre certaines zones du cerveau fonctionneraient moins bien, ce qui expliquerait la lenteur observée», explique Marie Van Reybroeck, logopède et professeur en sciences psychologiques et de l’éducation à l’UCL.
Pour nous, ce progrès scientifique ne change pas grand-chose pour le moment. Le principal auteur de l’étude entrevoit déjà un traitement potentiel grâce à une stimulation électrique du cerveau qui rétablirait la connectivité entre les deux régions du cerveau. Une méthode qu’il faut encore expérimenter, chez l’adulte d’abord, puis chez l’enfant. Alors, rien ne sert de foncer chez le neurochirurgien, ni pour soi, ni pour le gamin.
Et chez le logopède ?
Dans la pratique des logopèdes qui soignent la dyslexie, les résultats de cette étude ne changeront pas grand-chose pour le moment. « Cette avancée permet surtout de bien comprendre là où ça se passe et si elle est confirmée chez l'enfant, on pourrait imaginer de travailler davantage sur les accès aux représentations avec des activités et des exercices liés à la vitesse. Par exemple, en demandant au patient de dénommer rapidement des mots à l'oral », développe la spécialiste.
Avant de voir des changements dans les prises en charge de la dyslexie, les recherches devront d'abord se vérifier chez les enfants et être approfondies.
S. G.