Le bien-être…

… Malmené aussi dans l’assiette

Les parents de David, 10 mois et demi 

Beatriz : « Je demande toujours ce qu’il va manger à la crèche. Je me méfie de la pollution, de l’industrie. Je n’exige pas d’aller voir ce qui se passe en cuisine, mais c’est limite… »

Quentin : « On ne peut pas vérifier tout, tout le temps. Je suis pessimiste. Il se peut que dans quelques années, nous n’ayons plus accès à des aliments sains. On a essayé d’entretenir un potager, mais gérer des cultures demande beaucoup de temps et d’efforts. On est un peu feignants... J’en rêve pour l’humanité, mais je ne prends pas le temps de le mettre en place moi-même. »

La maman de Giulia, 4 ans

Wanda : « Je fais le mieux possible. Je cuisine beaucoup à la maison. J’ai entendu tellement de choses que je suis très vigilante, mais ce n’est pas facile. Quand on est une maman seule avec un petit salaire, c’est très dur. Tout coûte très cher, il faut faire des choix et je suis obligée, parfois, d’acheter des produits dont je ne suis pas ravie. Dans mon budget, je me permets des légumes et des fruits bio, des yaourts naturels. J’évite les colorants, les chips, les bonbons… Mais Giulia a droit à des petits plaisirs de temps en temps ! »

Le papa de Maya, 9 ans

Julien : « Nous sommes complémentaires. Ma femme prépare et mange de tout. Elle se fiche de la provenance des aliments et ne se soucie pas des produits chimiques. À l’inverse, je suis végétarien, j’achète bio, je suis inscrit à un groupement d’achats de légumes, je privilégie la qualité, surtout pour ma fille. J’ai peur de l’empoisonnement à petites doses. Pour éviter le pire, je lui apprends déjà à décrypter les étiquettes, à se méfier des colorants, etc. Il n’y a pas de guerre à la maison, chacun achète comme il l’entend. Mais j’ai une méthode infaillible : je m’arrange tout simplement pour être le premier à faire les commissions. »

« J’ai peur que la bonne alimentation soit bientôt réservée à une seule élite » Quentin

La maman d’Alice, 8 ans, et Matthias, 11 ans

Léa : « Dans notre milieu, l’alimentation fait partie des centres d’intérêts, sans que nous soyons stressés par les scandales sanitaires. Nous faisons partie d’un groupement d’achats pour manger sain, mais aussi pour soutenir l’écologie et lutter contre les méfaits de l’agriculture intensive. S’inscrire au panier de fruits et de légumes et choisir aussi ses œufs, son fromage et parfois une bonne viande rouge, ça nous aide à tenir le cap. Il est si facile d’avoir recours à la supérette du coin ! Les enfants adhèrent à notre cause et l’école est d’un grand soutien. Je suis plutôt optimiste : ils mangent de tout, goûtent volontiers. S’il y a inquiétude, ce serait plutôt du côté de la balance. J’ai peur qu’Alice prenne trop de poids et qu’elle se sente mal dans sa peau… On a une tendance à l’embonpoint dans ma famille. Donc, je surveille… de loin. »

Les parents d’Anastasia, 13 ans, Nina, 24 ans, et Raphaël, 27 ans

Sophie : « Notre rôle à nous, c’est l’exemple. Nous avons fait des choix éclairés suite aux crises : celle de la dioxine a été le détonateur. Notre méfiance s’est précisée au cours des années, grâce aux médias, aux enquêtes sur les scandales liés à l’industrie alimentaire. Au début, c’était tellement cher, nous nous sommes contentés de produits ciblés : lait, viande, légumes. Heureusement, cela se démocratise, on trouve aujourd’hui des grandes surfaces bio. »

John : « C’est méfiance totale contre l’industrie agro-alimentaire. Hors de question d’acheter des aliments préparés : on cuisine toujours, pas besoin de donner des leçons. À l’université, Nina a eu une très forte prise de conscience qui a renforcé ce que nous avions mis en place. Les jeunes y sont ultra-informés, elle y a rencontré des végans, des végétariens. Quant à Anastasia, les conversations des aînés l’influencent, elle est déjà conscientisée très jeune. »

La maman de Lily, 18 ans

Muriel : « On ne se sent pas tellement concernés par les scandales autour de l’agro-alimentaire. La santé à la maison est déjà totalement fracassée ! Les traitements pour la polyarthrite demandent une lourde médication quotidienne qu'il faut gérer avec autorité car l'usure des soins se fait souvent sentir. Bien sûr, on se pose la question de l’influence de l’alimentation sur l’évolution de la maladie… Ma fille suit un régime alimentaire pour améliorer son état. Nous avons choisi de limiter le gluten et de proscrire les produits laitiers et nous augmentons les omégas sur les bons conseils d'un médecin holistique. Nous tentons d'adopter une alimentation saine à la maison, mais nous savons qu'à 18 ans, le midi avec les copains, ces prédispositions domestiques tombent à l'eau. Bref, une bataille quotidienne ! »

Vaccins, une question piquante

Les parents de de David, 10 mois et demi 

Beatriz : « J’ai peur des effets secondaires des vaccins. David n’est pas encore vacciné. Dans mon entourage proche, un enfant souffre d’autisme, vraisemblablement à cause d’un vaccin. Nous avons deux pédiatres : l’un est anti-vaccins, l’autre est pour, elle insiste et nous a convaincus pour qu’il soit vacciné quand il aura 1 an. Je réalise que beaucoup de parents n’ont pas fait vacciner leurs enfants. Il s’agit d’opérer un tri dans toutes les informations reçues. J’essaie de ne pas trop y penser : nous avons de la chance, il est en excellente santé. »

Quentin : « Moi, je ne suis pas contre les vaccins, au contraire, mais je ne voulais pas qu’ils soient inoculés à quelques semaines. Les vaccins ont amélioré la santé publique, mais je suis contre les excès. Ce serait malhonnête de ne pas vacciner mon enfant et de compter sur les autres pour y passer ! »

Le papa de Maya, 9 ans

Julien : « Nous nous sommes pliés à la législation et avons accepté le vaccin contre la polio, le seul obligatoire en Belgique. L’été dernier, après un accident, elle a subi d’office, aux urgences, le vaccin contre le tétanos. Si j’avais été là, j’aurais refusé. Je ne suis pas convaincu de leur efficacité et j’ai peur des substances qui s’y trouvent. Je crains aussi qu’à force de trop en administrer, on affaiblisse les défenses immunitaires. Je me renseigne, je suis des conférences, je lis des magazines spécialisés. Je suis convaincu que ce sont plutôt les progrès de l’hygiène et des conditions de vie qui ont amélioré la santé générale. Je prends mes responsabilités : quand on lui proposera le vaccin contre le papillomavirus, ce sera non. J’évite ce qui ne me semble pas indispensable. »

« Je ne suis pas contre une remise en question des vaccins, mais sur des bases fiables » Sophie

Les parents d’Anastasia, 13 ans, Nina, 24 ans, et Raphaël, 27 ans

John : « J’ai une totale confiance en notre pédiatre, nous avons toujours suivi ses conseils. Je lis, j’écoute : les critiques et mises en garde répercutées par internet ne m’ont jamais convaincu. Anastasia a déjà reçu le vaccin contre le papillomavirus via l’école. À mes yeux, le corps médical et la médecine scolaire conservent leur crédibilité. En dehors des quelques scandales liés à l’influence des lobbys pharmaceutiques, l’intégrité du corps médical reste intacte. »

Sophie : « Je ne suis pas contre une remise en question des vaccins, mais sur des bases fiables. C’est peut-être une question d’âge : les jeunes parents consultent sans doute plus volontiers les réseaux sociaux pour s’informer. »

Et au Ligueur, on en pense quoi ?

Outre le changement climatique et les épidémies, ce sont les craintes autour de l’alimentation qui dominent. Défis sanitaires, enjeux de durabilité. Penchés sur les assiettes de nos progénitures, nous sommes déconcertés, nous ne savons plus très bien comment les remplir. La moitié de la planète meurt de faim, le surpoids et l’obésité nous essoufflent. Les certitudes de nos parents se sont éloignées. Parler bio n’est plus une insulte, mais certains ne peuvent en assurer le coût. Sur les marchés, on ne sait pas vraiment distinguer le « vrai » du « faux ». Le sucre fait des ravages, le bétail est bourré d’antibiotiques et même les œufs, maintenant, sont à craindre ! Alors, on ressort les tabliers et l’on tente, tant bien que mal, de passer aux fourneaux jour après jour. Autre sujet d’angoisse, les vaccins… comme si l’assiette suspecte ne suffisait pas à nous culpabiliser ! La question divise et à chaque campagne, le débat s’intensifie. Pour ou contre ? Il n’y a pas de demi-mesures… Les thèses s’affrontent et nous voilà largués au milieu du gué. Qui croire ? Un seul mot d’ordre : s’informer en variant ses sources, en recoupant ses infos, ne pas se laisser entraîner par un trop-plein d’émotions pour garder toute sa clairvoyance, faire appel à son bon sens... Bref, nous vous invitons à faire un vrai travail de journaliste !



A. K.

L’avis de l’experte

Nathalie Claes, diététicienne pédiatrique (ONE) : « Arrêtons de culpabiliser les parents »

Il faut rassurer les parents, arrêter de les culpabiliser dès que l’on évoque l’assiette ou la boîte à tartines ! L’objectif, c’est d’arriver à l’équilibre alimentaire au fil des jours. Pour y parvenir, la règle d’or, c’est de privilégier les aliments les plus naturels possibles, les moins transformés. De déposer dans le caddy un yaourt entier naturel plutôt qu’un yaourt avec un coulis de fruits ou des arômes artificiels. De consommer des légumes et des fruits frais. Je conseille aux parents de retrouver le plaisir de passer derrière les fourneaux, de cuisiner le plus possible les aliments eux-mêmes.
Nous insistons aussi pour que l’on cesse de diaboliser le sucre : cela met les parents dans un grand désarroi. Il n’est pas un poison en soi qui rend « addict », mais comme pour toute chose, c’est l’excès qui nuit. Que les enfants continuent à aider leurs mamys à confectionner des confitures et que les parents n’hésitent pas à en mettre une cuillère sur les tartines du petit déjeuner ! Il faut trouver le juste milieu, rester serein et demander conseil à des personnes dont la spécialité est reconnue plutôt que s’en remettre à des sites alarmistes. Il va de soi que les céréales bourrées de sucre sont à proscrire, qu’un jus n’est pas un substitut du fruit et qu’il ne remplace pas l’eau ! Mais dans un contexte de fête, on peut profiter de l’occasion pour autoriser un jus, une part de gâteau, sans que cela fasse du mal aux enfants !
Tout interdire est contre-productif, une posture impossible à tenir sur le long terme. Les petits sont attirés par les saveurs sucrées, c’est normal : le lait maternel l’est déjà légèrement. Il faut nuancer, ne pas tomber dans les travers inverses, savoir qu’une assiette équilibrée contient de tout. Pour éviter les problèmes, éduquons nos enfants au plaisir de découvrir, de cuisiner et de manger des aliments sains.

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