Vie pratique

Les débuts du couple, tout un roman !

C’est arrivé comme ça de Jean-Claude Kaufmann est l’histoire d’une rencontre amoureuse perçue et racontée d’une façon très différente par ses deux protagonistes. Soit Charlène, 34 ans, déesse de la provocation, une fille qui chasse même si elle rêve du grand amour. Et Samy, 29 ans, une gueule de beau gosse mais qui a une difficulté à nouer des relations. Au lecteur de choisir son mode de lecture. Ainsi, on peut se mettre dans un premier temps dans la peau de Charlène, puis dans un second temps dans celle de Samy. Ou alterner, pour chaque chapitre, les points de vue. Qu’on opte pour l’une ou l’autre lecture, l’effet est saisissant !

Par le biais d’une fiction où il s’amuse à se laisser emporter par son duo de personnages, Charlène et Samy, Jean-Claude Kaufmann décode les comportements amoureux de nos contemporains. Et propose une jolie synthèse des enquêtes qu’il a menées jusqu’ici sur l’individu, le couple, la famille.

Beaucoup de love stories démarrent aujourd’hui sur Internet et ont tout de l’histoire provisoire voire impossible…
Jean-Claude Kaufmann :
« Ou elles débutent après une fête un peu trop arrosée. Parce qu’il n’y a pas alors de véritables enjeux. On ne se bloque pas parce qu’on recherche un partenaire pour la vie et qu’on a peur de se tromper. On se lâche, on veut se faire du bien dans l’instant sans se prendre la tête. Beaucoup d’histoires commencent comme de petites histoires… et la vie commune s’installe. »

Les malentendus sont nombreux entre Charlène et Samy. C’est fou comme ils peuvent vivre une même scène de façon diamétralement opposée !
J.-C. K. : « Dans tous les couples, c’est comme ça ! On imagine mal à quel point l’homme et la femme interprètent de manière différente leur vécu commun et se trompent l’un sur l’autre. Les dialogues, au sein du couple, sont d’une incroyable pauvreté. Les partenaires n’arrivent pas à se dire tout ce qu’ils ont à dire. Ils le disent sans le dire, par des allusions. Parallèlement, chacun a une vie intérieure extrêmement riche : il a plein de mots dans sa tête… Telle est la réalité des couples d’aujourd’hui. On ne parvient pas à exprimer les choses comme on le rêverait, d’où parfois un sentiment de frustration, alors que normalement on est dans un contexte où tout devrait favoriser cette expression intime. »

Pourquoi se mettre en couple ?

Comment qualifierez-vous encore la conversation conjugale ?
J.-C. K. : « En fait, elle n’est pas si libre que cela. Prenez la discussion politique. Quand les partenaires ont un petit désaccord, pas de souci : cela nourrit la conversation. Mais un gros désaccord pose un énorme problème au couple : il risque le clash. Il y a plus précieux que le débat politique, c’est l’unité conjugale. Du coup, dès que cela commence à chauffer, on arrête de discuter politique.
Les partenaires ont des discussions complices mais souvent dans le côte à côte. On va discuter de tel couple d’amis qui vit tel problème et parler de lui sera une façon détournée de parler de soi. Mais la discussion frontale sur ses attentes et désirs cachés, ce sont des boîtes noires ou des boîtes de Pandore et il faut faire très attention en les ouvrant. »

Les malentendus dans le couple naissant n’empêchent pas l’histoire d’avancer : c’est plutôt rassurant…
J.-C. K. : « Oui, mais il y a des aspects nettement moins rassurants dans le livre. Samy tombe amoureux, mais on ne sait pas s’il est amoureux de Charlène ou du nouveau lui-même qui se révèle à lui. Et il entre dans cette histoire de manière très forte. Par contre, Charlène, en gros, attend que ça s’arrête. Mais elle est entraînée… sans enthousiasme, en ayant peur d’y perdre sa jeunesse. Même s’il y a des choses qui l’attirent malgré tout. Dans le couple, très souvent, un des deux partenaires est plus entraîné que l’autre dans l’histoire, et pas de la même manière. Il y a mille façons d’être attiré par la vie de couple : certains le sont parce que cela leur apporte quelque chose sur le plan psychologique, un équilibre personnel ; d’autres sont davantage animés par le désir physique… »

À chaque couple son fonctionnement idéal

Une des morales du roman serait que c’est à chaque couple d’inventer son système de fonctionnement idéal.
J.-C. K. : « Tout à fait ! Charlène et Samy parviennent à s’ajuster peu à peu l’un à l’autre. On se demande s’ils vont pouvoir continuer comme cela parce qu’ils sont quand même sur deux planètes (ils ont des rythmes très différents…). À un moment, ils négocient ses journées de liberté à elle, ce qui les arrange tous les deux. Mais ce contrat ne peut pas être trop cadenassé. L’essentiel, ce sont les ajustements quotidiens qui permettent à chacun de trouver sa place, c’est-à-dire des choses intuitives, complexes, émotionnelles, des fois à moitié inconscientes… qui ne peuvent pas s’écrire noir sur blanc. »

Aimer, c’est devenir un peu quelqu’un d’autre au contact de la personne aimée…
J.-C. K. : « Oui, même s’il existe cette illusion, très forte, qu’on pourrait rester soi et ajouter l’autre. Or, c’est impossible. Le problème naît aussi quand on recherche son double pour ne pas être dérangé. Dans le roman, c’est clair : les personnages sont tellement différents qu’ils sont forcés de s’ajuster l’un à l’autre. Il ne peut y avoir d’entrée en couple sans cette mise en mouvement de soi. Et sans un minimum de curiosité pour l’autre, de désir d’aller vers lui. »



Propos recueillis par Martine Gayda

EN BREF

C’est arrivé comme ça de Jean-Claude Kaufmann est l’histoire d’une rencontre amoureuse perçue et racontée d’une façon très différente par ses deux protagonistes. Soit Charlène, 34 ans, déesse de la provocation, une fille qui chasse même si elle rêve du grand amour. Et Samy, 29 ans, une gueule de beau gosse mais qui a une difficulté à nouer des relations. Au lecteur de choisir son mode de lecture. Ainsi, on peut se mettre dans un premier temps dans la peau de Charlène, puis dans un second temps dans celle de Samy. Ou alterner, pour chaque chapitre, les points de vue. Qu’on opte pour l’une ou l’autre lecture, l’effet est saisissant !

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