Vie pratique

Et pourquoi ne pas clore ce dossier par une touche d’espoir ? Ou d’utopie, au mieux. Avec des grands-parents rêvés… Comment les imaginez-vous ? Existent-ils seulement ? Pour le savoir, parole aux parents et aux petits-enfants.
« Atteindre l’inaccessible étoile », chantait le poète. » Le parfait grand-parent », scandent enfants et petits-enfants. Après avoir joué les working mères et les silver pères, voilà que l’on demande aux seniors de jouer les dream grands-parents.
♦ Guillaume : « Une fonction matérielle »
Guillaume le reconnaît : « En fait, en me posant la question, je réalise que ce que j’attends de mes parents, c’est avant tout qu’ils assurent une fonction matérielle. S’occuper des enfants, devancer nos besoins, qu’ils aident financièrement aussi. Mais il n’y pas que ça, j’aimerai qu’ils soient moins conservateurs, plus ouverts sur le monde, j’aimerais sortir avec eux dans la rue et ne pas avoir trop honte. Et puis, tant qu’à faire, quitte à rêver, j’aimerai qu’ils arrêtent de téléphoner pour parler du temps qu’il fait !
♦ Caroline : « Un grand-père et une grand-mère »
Caroline, mère de deux enfants de 5 ans et 1 an, est déroutante : « Le rêve pour mes enfants ? Ce serait un grand-père et une grand-mère ensemble. Pas deux odieux célibataires qui se tirent l’un sur l’autre, chacun dans leur coin, comme mes parents savent le faire. Ma maman a un tout petit logement, elle vit seule et, évidemment, elle n’a pas la capacité d’accueillir mes enfants. Ce poids m’étouffe. Contrairement à beaucoup d’autres, je voudrais qu’elle me lâche et qu’elle vive un peu pour elle. »
• Elliot, 8 ans : « Je les aime tels qu’ils sont »
Et du côté des petits-enfants ? Elliot nous parle de ses grands-parents avec une admiration qui fait chaud au cœur : «Mes grands-parents, je les aime comme ça. Ils sont jeunes et vraiment très sympas. Ils viennent voir mes combats de judo. Je leur fais écouter les chanteurs que j’aime. Est-ce qu’ils sont rêvés ? Franchement, oui. »
• Élodie, 16 ans : « Plus de cadeaux »
Pour Élodie, qui ne les connaît pas suite à une importante dispute familiale, les efforts pour imaginer des aïeuls ne sont pas évidents : « Je ne me suis jamais posé la question. En fait, je ne connais pas de personnes âgées. J’ai trois frères et sœurs et on se débrouille bien sans eux. La seule chose, c’est qu’on aurait plus de cadeaux pour nos anniversaires. Et peut-être une maison à la campagne. Je ne vois que ça. »
♦ Matthieu, 33 ans : « Une grand-mère rêvée ? Ma mère ! »
Enfin, finissons sur une note tendre, avec un grand enfant. Matthieu, 33 ans, fils de Marie, qui nous a livré son témoignage précédemment : « Pas besoin de chercher midi à quatorze heures, j’ai LA grand-mère rêvée pour mes enfants. Elle est curieuse, elle observe avec justesse. Elle connaît les caractères de chacun et s’en accommode. Même si elle a une vie personnelle très riche, on sent qu’elle fera toujours passer la famille d’abord. Et en plus, elle cuisine à merveille. Je l’ai, je la garde ! ». Et ses petites-filles, qu’en disent-elles ? L’aînée a une phrase susceptible de provoquer des arrêts cardiaques chez certains jeunes parents : « Mamouch’ (Marie donc), on l’aime tellement qu’on voudrait qu’elle vienne vivre à la maison ! »
Yves-Marie Vilain-Lepage
L’avis de notre experte
« Vous incarnez la génération ‘ni-ni’ »
Les différents témoignages, tous plus contrastés les uns que les autres montrent bien qu’il existe autant d’enjeux que de familles. Le problème pour cerner ces grands-parents rêvés montre bien que nous sommes dans la société du ‘ni-ni’. Ni trop absent, ni trop présent. On navigue entre deux pôles extrêmes, difficilement tenables. Qui devez-vous être ? Ni trop vieux, ni trop jeunes. Cependant, dans cette difficulté à définir les grands-parents rêvés, il ressort quelques grandes lignes. En cas de problème : une enfant malade ou autre, vous êtes là. Vous représentez une aide flexible, souple et polyvalente. Vous apparaissez dans ces moments-là comme une présence, un soutien. Autre chose que l’on attend de vous : que vous n’ayez pas d’attente éducative. Ce n’est pas à vous de baliser le terrain. Évidemment, si tout se jouait directement entre vous et vos petits-enfants, tout serait beaucoup plus simple. Vos enfants, donc les parents veulent trouver en vous une figure d’amusement qui ne soit pas une contrainte éducative. Ils attendent de vous que vous soyez confidents et affectueux. Ce qui me fait penser à une phrase que j’aime beaucoup : « Le grand-parent a un rôle de second, sans avoir un rôle secondaire. »
Ils osent le dire !
- Quand je vois ce qui se passe dans certaines familles, je me dis que vous êtes des grands-parents vraiment géniaux.
- Si on pouvait éviter certaines disputes ou reproches stériles, on approcherait de la perfection.
- Sans vous, je ne m’en sortirais pas.
- Merci pour tout.
Parents, autant savoir
Vos parents jouent un nouveau rôle, eux aussi, et ne s’en rendent pas toujours compte. Cette relation petits-enfants/grands-parents prend beaucoup de place et vous n'existez plus que comme tuteurs de leur descendance. N’est-ce pas normal quand on voit à quel point ils ont une importance capitale pour les petits-enfants ? Ils font partie du paysage familial avec une teinte particulière. Vous les trouvez admirables quand ils respectent votre périmètre et qu’ils vous traitent en parents responsables. Vous aimez discuter, pas négocier. Et de votre côté, vous leur apportez tout le respect et l’égard lié à leur rang de chefs de file. Alors, au fond, qu’attendez-vous réellement de vos propres parents ? Qu’ils soient autonomes, protecteurs et justes. Tout simplement !