Vie pratique

Les grands-parents se racontent : les confidences des petits-enfants

Avez-vous déjà été une grande oreille pour votre petit-enfant ado ? Il n’est pas rare que l’un des deux grands-parents (et parfois même les deux !) devienne le confident de ces 13-16 ans et plus qui cherchent à se mettre à l’abri des angoisses des parents. Bien sûr, ce n’est pas pour ça qu’il vous épargne : des provocations et des critiques, vous en avez déjà essuyées quelques-unes. Mais tout s’oublie quand il ou elle vient déposer sa question, son inquiétude, son incompréhension entre vos mains. Un moment important de part et d’autre : un repère pour le jeune, une invitation à rester pleinement à l’écoute des bruits du monde pour le plus âgé. Même si ce qu’il vous dit parfois vous met dans l’embarras.

Étienne, 67 ans

Mon petit-fils, 15 ans, était tout chiffonné.
Il a fini par m’avouer : il avait un jour de renvoi et n’osait pas le dire à ses parents.

Colette, 68 ans, agacée
Que faire une fois que le gamin vous a lâché le morceau ? Ce n’est pas vraiment un cadeau. J’ai vécu une histoire semblable et me suis retrouvée en plein conflit de loyauté. J’étais prise en tenaille entre mes enfants et petits-enfants… Ne devais-je pas informer mon fils des bêtises de son ado ? Pas très confortable, tout ça !

Danièle, 72 ans, comme une carpe
Pour moi, il n’y a aucune hésitation : je reste muette comme une carpe. Ce n’est qu’à cette condition que mes petits-enfants continueront à faire de moi leur confidente. Je trouve même que c’est rassurant : au moins, un adulte est au courant de leurs éventuelles bêtises.

Irina, 65 ans, grand-parent tampon
Motus et bouche cousue, d’accord, mais cette attitude a des limites. J’imagine qu’il y a des questions trop graves pour être tues et que, à un moment donné, les parents doivent être mis dans le coup. Par contre, nous pouvons jouer le rôle de tampon entre eux et leurs enfants pour essayer que les choses se règlent le mieux possible pour tout le monde.

Monique, 63 ans, interface
J’aime l’idée du grand-parent « facilitateur », comme on dirait aujourd’hui. C’est un peu ce que j’ai fait avec mon petit-fils complètement accro aux écrans. À tel point qu’on peut dire qu’il est atteint de cyberdépendance. Il est très conscient, à 16 ans, de son addiction, mais n’a pas encore trouvé le chemin pour s’en guérir. D’où des échecs scolaires et des tensions extrêmes chez ses parents qui l’envoient chez moi afin que tout le monde respire. Il n’y a que lui qui puisse trouver la manière de se défaire de cette fascination qui le colle à internet. Mais, lui et moi, on en parle beaucoup et il est prêt à se faire aider. Il ne me reste plus qu’à convaincre les parents…

Claude, 68 ans, éducateur
J’ai une relation très étroite avec mon petit-fils aîné, sans doute parce que j’aime avant tout raconter des histoires et qu’il adore ça. Mais aussi parce qu’il sait que quoi qu’il me dise, je ne le balancerai pas. Cela ne m’empêche pas de marquer mon désaccord lorsqu’il me confie sa dernière bêtise… avec souvent beaucoup de fierté d’ailleurs, ce qui aggrave son cas ! Il brosse les cours : je réagis vivement et lui dit qu’on a besoin de savoir pourquoi et où il se trouve. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas sous le regard de ses parents à ce moment-là qu’il ne doit pas être sous le mien.

Patrice, 71 ans, à l’aide !
Ma petite-fille a été victime de harcèlement à la sortie de l’école. Elle avait 13 ans et ne comprenait pas bien ce qui lui arrivait. Elle m’en a parlé un jour, la honte aux joues, je le voyais bien. Je n’ai fait ni une ni deux, je suis allé en parler à ses parents et on a pu prendre des dispositions. Le secret était trop lourd pour moi, je ne me sentais pas assez fort pour régler cette situation. La peur d’éventuelles représailles est là. Même l’adulte le plus averti ne peut parfois éviter l’inévitable.

Aline, 64 ans, douces confidences
Vous n’êtes pas très joyeux. Vos petits-enfants ne vous confient-ils que des histoires tristes et difficiles ? J’ai peut être un pot fou, mais les confidences de ma petite-fille sont plutôt drôles et émouvantes. L’autre jour, elle avait les yeux brillants, j’ai compris que la grande aventure lui était arrivée : elle avait rencontré un garçon. Elle m’a raconté tout dans le détail… À quelques exceptions près - les SMS, Facebook -, c’était le même émerveillement que le mien à son âge, la même ivresse aussi.

José, 69 ans, étonné
Attention au chagrin d’amour et à l’effondrement qui suit l’ivresse. Mon petit-fils a été méchamment plaqué par sa belle. C’est chez moi qu’il est venu se consoler. À cette occasion, j’ai découvert qu’il était très fleur bleue. Ça m’a étonné parce que ce n’est pas tout à fait l’image qu’on se fait des gamins d’aujourd’hui.

Marie-Anne, 70 ans, comme eux
J’ai aussi recueilli les histoires de cœur de ma petite-fille. Au début, je ne savais pas très bien quoi dire, mordant sur ma langue pour ne pas sortir le genre de phrase qu’on m’a seriné toute ma jeunesse : « Un de perdu, dix de retrouvés ! ». Et puis, l’inspiration est venue, je me suis mise à raconter mes chagrins d’amour adolescents et ceux de son papa aussi, enfin du moins ce que j’en sais ! Découvrir que ses parents et grands-parents avaient des parcours moins lisses qu’elle s’imaginait l’a un peu distraite de ses préoccupations du moment.

Corinne, 59 ans, observe…
À l’écoute de vos témoignages, je me rends compte que ma petite-fille est encore bien jeune. Ses principaux soucis sont des amitiés tumultueuses avec les filles de sa classe. Tantôt c’est l’amour fou, tantôt la haine cordiale. Elle me parle beaucoup de ses relations difficiles, mais trouve toujours une solution par elle-même. Je ne me souvenais plus combien la rivalité est féroce entre filles : chacune veut être le point de mire des autres.

Lisette, 66 ans, laissée pour compte
Je vous envie. Mes petits-enfants, surtout depuis qu’ils sont adolescents, ne nous parlent pas de ce qu’ils vivent. D’ailleurs, on doit les ennuyer parce qu’ils viennent rarement nous voir.

Paul, 71 ans, les p’tits bonheurs
La complicité, je l’ai tricotée avec Fleur, ma petite-fille, au fil des ans sur des choses très simples comme l’amie qui refuse de s’asseoir à côté d’elle ou le petit copain qu’elle ne trouve pas alors que sa sœur file le parfait amour. Il faut trouver la bonne place et cueillir la confidence quand c’est nécessaire.

Graziella, 64 ans, en retrait
La maman de mes petits-fils est très enveloppante. À tel point que l’on sent bien que ses enfants ont l’impression de la trahir quand ils en disent trop aux grands-parents. C’est un amour très lourd à porter, mais c’est comme ça, mes petits-enfants ne veulent pas la décevoir.



Myriam Katz

Autant savoir

PETITS-ENFANTS TROP RÉSERVÉS ?

Pour Odile Lemant, psychologue, initiatrice d’une Maison verte dans la foulée de Françoise Dolto, la réserve des certains petits-enfants « est souvent liée à la relation des grands-parents avec leurs propres enfants. Les petits-enfants sentent les conflits entre adultes et savent très vite ce qu’il faut dire ou pas. Parfois, figés sur leurs principes, les aînés ne prennent pas toujours leurs petits-enfants pour ce qu’ils sont. »
Bref, en un mot comme en cent, le travail d’approche d’une mamy ou d’un papy demande souplesse, diplomatie et curiosité (autant s’intéresser au monde dans lequel les petits-enfants vivent !) et surtout, surtout, se surveiller pour ne pas verser dans la morale. Pas toujours simple, du haut de nos 50 piges et plus !

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