
Le 21 avril, la Ligue des familles organise une journée d’études et de débats sur les contributions alimentaires, le coût de l’enfant et les aides aux parents solos. A cette occasion, La Ligue des familles a mené une enquête auprès de près de 600 parents ayant connu une séparation avec enfant(s). Nous vous livrons en exclusivité les chiffres-clés de cette enquête.
41% des parents passent devant la justice
Pour définir le montant de la pension alimentaire, le passage par le jugement reste la voie prioritaire. L’arrangement à l’amiable concerne 33% des parents. La médiation familiale ne concerne qu’une minorité de parents - 5% - et ne finit pas toujours bien, faute de trouver un compromis.
Alicia, séparée depuis trois ans, deux enfants :
« Mon ex et moi avions opté ensemble pour la médiation car il avait gardé de mauvais souvenirs du tribunal lors de son divorce avec sa première femme. Mais au bout de quelques séances, j’ai décidé d’y mettre fin. Mon ex passait les séances à tripoter son gsm, n’apportait pas les papiers demandés, arrivait en retard, voire ne venait pas du tout. Je n’ai donc eu comme autre solution que de me tourner vers la Justice ».
40% de paiement irrégulier de la contribution alimentaire
D’après notre enquête, 50% des parents séparés sont concernés par la contribution alimentaire. Les familles monoparentales sont particulièrement concernées. Pourtant, son versement est bien trop souvent négligé. 40% des parents ont des difficultés de paiement, avec plus ou moins d’intensité. Ce problème est plus marqué dans les familles où la contribution alimentaire a été fixée par un juge. Par ailleurs, de nombreuses familles ignorent comment solutionner ce problème. Seul 1 parent sur 2 connaît l’existence du SECAL (Services des créances alimentaires). De nombreux parents pensent aussi que sans jugement, ils n’ont pas le droit de réclamer.
Asma, séparée depuis cinq ans, une fille :
« Depuis trois ans, je ne reçois plus aucune pension alimentaire pour ma fille ado. J’ai voulu régler cela à l’amiable, en vain. Via le tribunal, mon ex est désormais tenu de payer chaque mois, et j’ai pu récupérer les arriérés. J’ai gagné… mais pour combien de temps ? ».
Une contribution de 201 à 250 euros en moyenne
La contribution alimentaire médiane se trouve dans la tranche de 201 à 250 euros. Pour 1 parent sur 5 (20%), elle équivaut à environ 20% des revenus. Pour 63% des parents, ce montant est (très) insuffisant.
Gwenaëlle, séparée depuis un an, un enfant :
« Mon ex-mari gagne deux fois plus que moi. J’ai la garde principale de notre fils – il voit son papa un week-end sur 2 – et pourtant je n’ai obtenu que 100 euros de pension alimentaire. Celle-ci a été calculée sur l’âge de notre fils et non sur nos revenus respectifs. Je fais donc un petit job le week-end où mon fils n’est pas là. Pas le choix ! »
Pour 45% des parents, la contribution alimentaire représente environ 10% des revenus du ménage. Mais pour 1 parent sur 10, elle peut représenter jusqu’à 40% des revenus familiaux. Une évaluation subjective mais qui reflète néanmoins les difficultés financières de certaines familles. Ainsi, 11% des parents constituent une famille disposant de moins de 1500 euros par mois.
85% des parents ont des difficultés à joindre les deux bouts
Qui dit séparation, dit aussi souvent risque de pauvreté. Après la séparation, un grand nombre de parents ont dû se reloger (79%), racheter des meubles (75%), voire une voiture (39%). Ainsi, plus de 8 parents sur 10 s’estiment (fortement) appauvris par la séparation et ont des fins de mois difficiles. 25% des répondants rencontrent même des difficultés pour se nourrir correctement.
Gwenaëlle :
« Une fois les frais fixes payés, il ne me reste presque plus rien. Je fais le plus d’économies possibles (en achetant en seconde main par exemple), mais ça ne suffit pas toujours. Le seul poste où on peut alors encore ‘rogner’, c’est les courses. »
L’enquête confirme que les parents seuls sont confrontés à un risque de pauvreté important car ils doivent gérer le ménage avec un seul revenu. La plupart du temps, les parents assument eux-mêmes les frais relatifs à l’enfant plutôt qu’une répartition à part égale de ces frais avec l’ex-compagnon/compagne. Ceci est, bien entendu, lié à l’hébergement : plus l’enfant vit chez le parent, plus ce dernier paie les frais relatifs à l’enfant. À titre d’exemple : 58% des parents seuls assument les frais médicaux, les loisirs (52%) et les transports (55%).
Gaëlle Hoogsteyn
Ce que propose la Ligue des familles
Une des difficultés majeures pour ces parents solos est le mauvais paiement des rentes alimentaires. Or, elle est inscrite dans le Code civil. C’est un droit de l’enfant. Le SECAL, l’administration prévue pour la récupération de ces rentes et les avances en cas non-paiement, ne répond pas efficacement aux difficultés financières de ces familles.
Pour répondre aux besoins urgents de ces parents et construire une société solidaire entre tous les types de familles, la Ligue des familles demande :
- Un refinancement immédiat du SECAL.
- La mise en place d’un service universel de créances alimentaires dès la prochaine législature.
- Le Contriweb comme méthode de référence pour le calcul des créances alimentaires.
- Une réflexion sur un modèle assurantiel de protection contre la séparation dans le cadre de la Sécurité sociale.
- Un débat de société sur les nouvelles solidarités à organiser au regard des situations réelles vécues par les familles.
En savoir +
- Les finances et la séparation sont un sujet qui fâche. Une rupture s’accompagne de difficultés sentimentales, mais amène aussi à réfléchir profondément au budget des enfants et aux compromis à trouver pour que la vie de chaque parent et enfant reste digne. Un point sur lequel La Ligue des Familles se penche régulièrement et qui sera au cœur de la journée de débat ce vendredi 21 avril.
- Le Ligueur va creuser ces chiffres, pour en savoir plus et mieux comprendre. Rendez-vous donc dans les numéros des 26 avril, 10 mai, 26 mai et 7 juin, rubrique « Actu parents ».
- Retrouvez l'anayse complète de la Ligue sur les contributions alimentaires ici.