Vie pratique

À la lumière d’un drame survenu début juin à Gilly, le psychopédagogue Bruno Humbeeck décrit et explique le « syndrome du bébé oublié ». En filigrane, la critique à peine voilée d’une société décérébrante.
« Cela a toujours été une hantise chez moi. Nous sommes parfois dans un tel état de fatigue (nuits hachées, travail…). Je pense beaucoup à ces parents ». C’est une des phrases déposées sur notre page Facebook début de ce mois par Flore. Celle-ci réagit à la proposition d’un papa qui cherche à éviter les drames comme celui survenu le 7 juin sur le parking de l’hôpital Saint-Joseph de Gilly, près de Charleroi. Ce jour-là, une maman a oublié de déposer son enfant à la crèche. Elle ne s’en est rendu compte que l’après-midi, lorsque son compagnon lui a téléphoné pour lui dire que le bébé, âgé de 6 mois, n’était pas à la crèche. La petite fille était restée dans la voiture de sa maman. Cet oubli s’est transformé en tragédie. L’enfant n’a pas survécu.
L’information a fait la une des journaux. Provoqué beaucoup d’émoi. De l’empathie s’est exprimée. Mais aussi parfois de l’incompréhension. Voire des critiques virulentes par rapport à la maman. Ces réactions, nous les avons parcourues et analysées avec le psychopédagogue Bruno Humbeeck. Car au-delà de la tragédie vécue par cette maman, au-delà des sentiments suscités, il y a une dimension sociale à prendre en compte.
Parmi les commentaires reçus à la rédaction, celui de Stéphanie, qui va un peu dans le même sens que celui de Flore : « Ça pend au nez de tout le monde même si des personnes pensent que ce n’est pas possible ». Face à cette affirmation, Bruno Humbeeck ne peut qu’opiner du chef. En cause, les automatismes cérébraux.
« Ceux-ci s’activent automatiquement dans le cadre de situations routinières, le cerveau décidant à certains moments (situation de stress, contexte d’une pression temporelle) de fonctionner à l’économie. En gros, le cerveau s’est mis dans un mode destiné à répondre à une situation stressante face à un quotidien qui vous avale, vous englue, parasite votre façon de penser et vous laisse à la merci de vos automatismes cérébraux ». C’est, par exemple, la situation que l’on vit lorsqu’on emprunte un chemin au lieu d’un autre « par habitude » parce qu’on est soucieux ou préoccupé.