Vie pratique

Paroles de grands-parents : les grandes vacances

Grands-parents et grandes vacances, voilà deux mots qui semblent faits pour aller ensemble. Pas de contraintes scolaires ou professionnelles. Du temps pour se retrouver. Le plaisir de découvertes diverses. Aînés et jeunesse, seul à seul ou toute la smala rassemblée. Attention quand même à ne pas en sortir lessivés ! Si possible.

► Marie, 67 ans

Mes enfants travaillent pendant les grandes vacances. Mes deux petits-enfants passent en général trois semaines à la plaine de vacances, dans notre village.
Le reste du temps, ils restent à la maison. Mon mari et moi faisons en sorte qu'ils passent du bon temps. Cuisine et jardinage avec mamy, balades dans les bois avec bon-papa.

Odile, 60 ans, avec sa belle-fille
Ma belle-fille n’est pas encore prête à nous laisser la petite de 3 ans pour toute une semaine. Elle ne pourrait pas encore se séparer d’elle si longtemps. Il y a encore les soucis des maladies. Les grandes vacances, c’est pour les parents. On leur propose quand même un week-end prolongé à cinq. On ne va pas trop loin. On a choisi un appartement à Wissant (ndlr : près de Boulogne-sur-Mer). Nous ferons surtout des balades et, s’il pleut, nous irons à Nausicaa.

Luc, 66 ans,la juste distance
Ma femme a été entièrement « colonisée » le jour où notre petite-fille est née. Elle ne voulait plus partir nulle part, comme si s’éloigner de Liège où toute la famille habite allait lui faire perdre le lien avec cette nouvelle petite « chose ». Au moment des vacances, toujours sous ses (bons) auspices, nous nous sommes retrouvés ensemble, dans un gîte en Ardennes pour deux semaines. Et ce fut l’enfer ! Tensions entre ma femme et la jeune maman, malaise du jeune papa, humeur maussade de la plus jeune des tantes qui avait daigné nous accompagner. Ma femme en est revenue déconfite… mais guérie. Promis, on passera encore des week-ends ensemble, mais pas plus !

Viviane, 59 ans, culturelle
Ce mois de juin, nous sommes allés à Coxyde. C’est vrai qu’il faut prévoir. Nous avons fait des activités qui les intéressaient plus ou moins en fonction de leur âge : 6, 5 et 4 ans. Nous sommes allés au musée Delvaux. Même s’ils ne retiennent pas grand-chose, on trouve que c’est important d’ouvrir le goût à la culture. C’était comique. Ils couraient partout, puis tombaient à genoux devant une toile. L’aînée était allée voir l’expo Miro à Spa avec sa classe et elle comparait les deux peintres. Nous lui avons expliqué, avec nos moyens, ce que peignait Delvaux, par exemple les dentelles presque transparentes. Très bien aussi : la ferme pédagogique de Nieuport. Seul hic : nous n’avions pas de temps pour nous, sauf les week-ends quand les parents nous rejoignaient, car nous faisions tout en fonction des petits. Je disais alors que je prenais congé !

Marc, 64 ans, geek
J'ai commencé des cours d'informatique il y a un an. J'ai une adresse électronique et un compte Facebook. Une amie m'a renseigné une chouette page Facebook : recupe.net. On y trouve plein de trucs et astuces pour faire des bricolages, des décorations à partir d'objets de récupération. L'année passée, j'ai invité mes trois petites filles à passer une semaine à la maison. Comme il ne faisait pas très beau, nous avons bricolé ensemble. La plus âgée m'a dit qu'elle allait parfois visiter la page Facebook que nous avions alors utilisée. Et la mienne, bien sûr !

Sarah, 61 ans, vigilante
J’ai une petite-fille toute « fraîche » qui a à peine 15 jours. Attendrissante, mais aussi bouleversante. Elle me replonge dans mes années de maternité, à tel point que si je ne me surveillais pas, je pourrais phagocyter cet enfant, l’annexer, être cette mamy intrusive que les jeunes parents redoutent tant. Alors, je me surveille, maîtrise ce désir qui brûle en moi… et reste en deuxième ligne. Disponible pour libérer mes enfants quand ils voudront me confier la petite pour s’égayer, mais jamais, au grand jamais, prête à partir en vacances pour plusieurs jours sur le même pré carré !

André, 65 ans, à la découverte
Avec ma femme, nous avons l'habitude d'organiser un week-end escapade avec tous nos petits-enfants, fin du mois d’août, quand ils sont tous rentrés de vacances avec les parents. L'année passée, nous sommes allés au Domaine de Han. Notre petit-fils a été émerveillé par les grottes. Il a fait une élocution sur les grottes de Belgique en septembre. Son instituteur leur avait demandé de présenter un élément marquant de leurs vacances. Cette année, je pense que nous allons tenter le rail-bike des Hautes Fagnes. Pour moi, les vacances sont synonymes de découvertes.

Aurélie, 61 ans, frustrée
Je suis enseignante, mamy poule de deux adorables jumelles de 14 mois, et mon mari est fraîchement pensionné. On pourrait prendre nos petits-enfants en vacances rien qu’avec nous pendant une semaine ou deux. Pendant que leurs parents travaillent. Mais pour l’instant, ils refusent et préfèrent les laisser à la crèche ! Je dois dire que je suis assez déçue, je m’y voyais déjà en vacances, à nous quatre !

Danielle, 68 ans, accueillante
Nos cinq petits-enfants, et bientôt un sixième, vivent à l’étranger. Ils reviennent en Belgique trois semaines, un mois, mais c’est d’abord les parents qui font le programme. On en profitera pour fêter les anniversaires. Nous irons à Planckendael, on visitera des châteaux et certainement l’archéosite d’Aubechies car l’aîné a parcouru toute une encyclopédie d’histoire. Ceci dit, quand ils reviennent, ils aiment bien aussi profiter de la maison.

Catherine, 50 ans, seul à seul
J’ai trois petits-enfants, si je compte aussi celui de la fille de mon nouveau compagnon, mais je refuse qu’ils viennent tous les trois chez moi. L’aîné pose vingt-cinq questions à la minute. Il s’ennuie vite. Pourtant, je ne suis pas une vieille grand-mère. Je travaille encore. Je suis un peu déçue d’avoir été grand-mère si tôt, car je ne les vois pas souvent. Les vacances permettent de nous rattraper. J’aime avoir des moments avec eux, rien qu’eux, et eux aussi aiment avoir papy, mamy pour eux seuls.

Nicole, 82 ans, fusionnelle
Chaque année, notre fille et son mari nous accompagnaient systématiquement avec leurs trois enfants en France, en Suisse et même une fois en Italie. Nous étions très proches les uns des autres, nous faisions tout ensemble et j’étais ravie. Avec le recul, je me demande si c’était une bonne idée. Ma fille et son mari ne sont finalement jamais partis en famille et, aujourd’hui, nos petits-enfants sont grands, ils partent de leur côté.

Bernard, 67 ans, main verte
Ma vie de retraité, c’est mon jardin. J’ai prévenu nos enfants. Nous voulons bien accueillir nos petits-enfants, mais je n’ai plus envie de me mettre en route. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas préparé le séjour de mes « garnements » en pensant à eux. Déjà, à leur naissance, j’ai planté un arbre fruitier et ils adorent voir comment leur arbre grandit. Je leur ai également aménagé des carrés rien que pour eux. Ils s’en occupent eux-mêmes. Mon épouse a ainsi fait des tartes aux fraises avec les fruits récoltés par l’aîné. L’an dernier, j’ai construit une cabane sur pilotis et je leur ai permis de dormir dedans !

angry  Pierre-Jean, 32 ans, deux enfants
Chaque année, mes beaux-parents nous invitent. Ils ont quatre filles et chacune de mes belles-sœurs a trois enfants. Vivre au rythme de onze enfants, c’est infernal. Quand il n’y en a pas un qui pleure, c’est l’autre. Au bout d’une semaine, on en a marre de la promiscuité, on a envie de se retrouver à quatre, en famille.

LES GRANDS-PARENTS, TOUT UN MARCHÉ

Avec l’arrivée de la génération des baby-boomers parmi les seniors, avec une espérance de vie qui ne cesse d’augmenter, avec l’apparition de jeunes retraités de 65 à 70 ans, avec une situation économique qui oblige bien souvent les parents à travailler à deux, avec l’émergence de la famille comme valeur-refuge, les grands-parents sont de plus en plus sollicités. Pendant l’année et… pendant les vacances.

Naissance du « grandtravel »

Nantis pour certains d’entre eux d’un pouvoir d’achat plus élevé que la moyenne, ils sont devenus une cible privilégiée des marchés. Celui du tourisme et des loisirs n’y échappe pas. En particulier dans le monde anglo-saxon, mais ce qui se passe aux États-Unis est souvent prémonitoire de phénomènes qui vont apparaître chez nous et qui se profilent déjà.
Une enquête réalisée outre-Atlantique début des années 2000 montrait qu’un grand-parent sur trois avait voyagé avec ses petits-enfants dans l’année écoulée. Un grand-parent sur cinq avait accompli au moins un voyage avec ses petits-enfants sans les parents. Et les enfants, on le sait, sont de formidables prescripteurs d’achats comme on dit dans le jargon commercial. La majorité des enfants de 6 à 17 ans, toujours selon cette étude, disent leur désir de partir avec leurs grands-parents, les 6-8 ans en particulier.
Les tour-opérateurs et autres agences de voyage ne s’y trompent pas et voient dans ce segment de leur clientèle de nouvelles opportunités. Campagnes promotionnelles spécifiques, forfaits sur mesure, tarifs préférentiels, offres de produits intergénérationnels s’adressent spécifiquement à la « seniorsphère » et au tandem grands-parents/petits-enfants. Sur certaines offres, la chaîne Hilton (O.K., ce n’est pas la plus démocratique) propose aux moins de 18 ans de séjourner gratuitement dans la chambre de leurs grands-parents. À l’inverse, La Ciudad de los Niños, la ville des enfants, parc thématique de Mexico, propose une entrée à prix plein pour les enfants, à moitié prix pour les parents et… la gratuité aux grands-parents ! En France, l’organisation Vitacolo propose une colonie de vacances… intergénérationnelle, actuellement dans le Rhône, avec des activités thématiques !

Le souci du détail 

La qualité de l’offre n’est pas oubliée. Si on retrouve la diversité des activités liées pour n’importe quel voyage, les formules à destination des grands-parents proposent notamment des manifestations commémoratives ou des attractions patrimoniales qui permettent aux aînés de transmettre leurs connaissances ou de partager des événements et souvenirs auxquels ils ont pu être associés de leur jeune temps.
Les conseils ne manquent pas non plus. L’Association américaine des automobilistes, sorte de Touring secours local, a sorti une publication qui aide les grands-parents à anticiper les éventuels problèmes liés à un voyage avec des petits-enfants. Travel with your grandkids explique, par exemple, quelles règles adopter, comment fixer des limites, comment impliquer les petits-enfants dans la préparation de l’expédition, mais aussi comment gérer des… parents réfractaires !



Michel Torrekens

L’ENFER OU LE PARADIS

« Réfléchissez bien avant d’inviter vos petits-enfants chez vous. Si vous craignez de devoir passer tout le temps de leur visite à protéger vos biens et à vous irriter de leurs habitudes négligées, il vaut mieux qu’ils ne viennent pas du tout. (…) Ces visites peuvent être le paradis ou l’enfer. Plus vous les préparerez et plus vous aurez de chances que ce soit le paradis. »
Fitzhugh Dodson, Être grands-parents aujourd’hui, éd. Robert Laffont, coll. Réponses.

À VOUS LA PAROLE !

Vous aussi, vous avez des anecdotes vécues avec vos petits-enfants. N’hésitez pas à les partager avec nous en écrivant à redaction@leligueur.be

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