Vie pratique

Paroles de grands-parents : premier futur petit-enfant et (dés)amour

Deux thèmes, cette quinzaine : la toute première annonce d’un futur petit-enfant et l’amour (ou le désamour), ses rires et ses larmes.
Avec ce premier sujet, nous avons voulu, en ce début 2014, accueillir les presque grands-mères et grands-pères à notre grande « table de conversation ». Bienvenue dans cette rubrique faite sur mesure pour eux !
Pour le deuxième sujet, l’explosion des divorces autour de 60 ans nous a interpellés : en dix ans, leur nombre aurait quasiment doublé. Comme si l’âge de la pension annonçait une nouvelle vie… souvent au grand dam des enfants, bien qu’ils soient déjà trentenaires, parfois même quadras.

► Marianne, 59 ans, en couple

J’étais étonnée que mon fils et sa compagne nous invitent à dîner. C’est plutôt rare ! J’ai compris quand il a brandi une bouteille de champagne…
Il a annoncé que le bébé était en route… C’est drôle, je me suis sentie soudain hyper- jeune, une nouvelle vie commençait !

Bernadette, 61 ans, mariée une seule fois… pour toujours !
Pour moi, ce fut la surprise totale ! Est-ce pour cela que j’ai été prise d’une vague d’angoisse qui, je l’avoue, a écrasé ma joie durant deux, trois minutes ? J’imaginais ce petit grandir et vivre les pires situations que la vie peut parfois vous amener. Je me suis morigéné tout bas, j’ai respiré un bon coup et chassé ces mauvaises idées. J’avais peur de contaminer mes jeunes, même sans souffler mot !

Bruno, 58 ans, marié et… papa-poule
J’ai toujours eu peur pour ma fille et encore aujourd’hui, surtout qu’elle va devenir mère. Ce sentiment est constant, aucune raison qu’il disparaisse par rapport au futur petit-fils. Par contre, ce qui est nouveau, c’est ce bonheur égoïste - la fierté d’une filiation qui se prolonge – mêlé à une mauvaise conscience d’un citoyen qui craint de léguer un monde qui ne ressemble plus à grand-chose.

Michel, 68 ans, divorcé
Bon, d’accord, ils avaient acheté une maison quatre chambres et je me disais bien qu’il y avait anguille sous roche. Mais quand ma fille m’a annoncé l’heureux événement, j’ai eu les larmes aux yeux et en même temps, j’ai poussé un soupir de soulagement à l’idée que je pourrai sans doute connaître ce petit encore longtemps. Suis pas si vieux !

David, 65 ans, marié, un amoureux des vieilles pierres…
J’ai la trouille, parce que ma femme et moi, on est un peu vieux jeu. Le monde numérique, par exemple, on n’y comprend rien. Peut-être va-t-il nous apprendre ? Autre sujet d’anxiété : j’ai plein de choses dans ma tête pour éduquer une fille ; pour un garçon, c’est plus problématique, je devrai m’y faire. Encore que c’est Isa, ma fille, qui est en première ligne maintenant…

Sarah, 61 ans, se surveille pour ne pas être encombrante !
J’ai appris que c’était une petite-fille. Ça m’a fait « tout chose », moi qui n’ai connu que des dynasties d’hommes. Cette petite-fille, c’est une belle rupture, je ne pourrai pas mêler mon passé et mon présent. Ça va être tout nouveau pour moi… sauf que je dois me rappeler quand je me laisse emporter par mes rêves, que ce ne sera quand même pas mon bébé. J’ai juste une hantise un peu bébête : celle de devoir la coiffer joliment, les matins où elle sera (peut-être ?) chez moi. Avec mes gamins, c’était plutôt vite fait…

Martine, 59 ans, mêle-tout !
La nouvelle à peine tombée, je me suis mise à rêver d’abord un prénom que je n’ai jamais osé proposer, consciente que ce n’était pas mon affaire. Et puis, j’ai imaginé ce bébé qui s’est avéré être rapidement une petite. Avec tous les clichés qui peuvent accompagner ce genre de rêverie : à 2 ans et demi, 3 ans, un petit bout craquant avec robe fleurie et tout le tralala, et ainsi de suite. Ce n’est qu’en arrivant à l’âge de l’adolescence que mon imagination m’a joué de mauvais tours : et si elle allait être myope, en surpoids, acnéique ? Stop ! J’arrête la machine à penser !

angry Martin, 29 ans
Toi, maman, on ne compte pas trop sur toi pour t’occuper de la petite, t’es jamais dispo, t’es d’abord une femme d’affaires !

► Marie-Josée, 64 ans, fraîchement larguée par son époux

Ma petite-fille, Lou, 6 ans, a beaucoup pleuré quand je me suis retrouvée seule, au lendemain de mon divorce.
L’autre jour, elle m’a dit : « Si tu te promènes et que tu vois un homme sans femme, tu l’appelles et il vient te voir ! »
 

Édith, 66 ans, divorcée de longue date
C’est lors des réunions de famille que les tensions liées à mon divorce se font le plus ressentir. À l’anniversaire de mon petit-fils, Lenny, le grand-père est resté dans un coin, de l’autre côté de la pièce. Visiblement, il n’avait pas envie de me parler. Cette situation tracasse Lenny qui s’est campé devant moi et a dit sur un ton volontaire : « Je vais lui dire qu’il doit te parler ! »

Valérie, 60 ans, cherche homme aimable…
J’ai eu quelques déconvenues amoureuses et donc, comme (presque !) la plupart des gens dans ma situation, je suis retournée sur internet. Ma fille rêverait que je retrouve un compagnon, mais quand je vois tout ce que je fais pour la dépanner - aller chercher les petites-filles à l’école, les rentrer pour le goûter, les accompagner au hockey, assister à l’entraînement de hockey, les ramener, leur donner le bain, fristouiller un souper et leur donner à manger -, je ne suis pas sûre que, pour elle, cela soit une très bonne idée !  

Catherine, 61 ans, séparée après dix ans de mariage, nostalgique…
Nous sommes devenus grands-parents ensemble, après déjà sept ans de vie commune. Marian était aux anges. Il avait loupé ses liens avec les enfants de sa fille ; pour lui, c’était une occasion d’être enfin un vrai grand-père. Et ce le fut. Mes petites-filles l’ont appelé, à sa demande, Dadouche, le même nom qu’il donnait à son propre grand-père, là-bas, en Pologne. Le jour où nous nous sommes séparés, ma fille a pleuré (un grand-père aux petits soins comme lui, elle n’en retrouvera plus jamais !) et mes petites-filles de 3 et 4 ans demandaient encore un an après où était Dadouche. Tout cela ne m’a pas aidé à oublier pour mieux tourner la page.

Évelyne, 63 ans, une belle histoire qui finit mal…
Il s’appelait Noël et pendant longtemps j’ai cru que je l’avais rencontré, le père Noël. Mes petits-fils aussi. Il en était fou. Il jouait à cheval avec Mathis, l’aîné, lui apprenait à faire de la soupe, courait derrière lui la tartine à la main, quand il refusait de manger… C’était son prince. Puis notre histoire a commencé à tourner à l’aigre et toute la tendresse s’est transformée en violence. Ce n’était plus possible de rester ensemble. Un jour, je suis venue sans Papymari et j’ai dû expliquer qu’il avait été méchant avec moi. À cela, Mathis m’a répondu : « Avec toi, mais avec nous, il n’a jamais été méchant, hein Babou ? ». Aujourd’hui, je me demande si j’ai bien fait de dire la vérité à mon petit-fils. Lui expliquer que Papymari et Babou ne s’aimaient plus aurait été peut-être suffisant.

Malek, 69 ans, une nouvelle première fois…
J’ai rencontré ma compagne, il y a deux ans. Ce n’est pas toujours simple d’agencer les pièces de nos histoires familiales. J’ai été très touché, parce que son fils, qui attend une petite fille, m’a proposé de participer au choix du prénom en soulignant, que moi aussi, j’avais quelque chose à dire. J’étais définitivement adopté !

Anne Vanderdonckt, rédactrice en chef de Plus Magazine : « Pour les 55 ans et plus, le divorce n’est plus un tabou » !

François de Singly, dans son livre-enquête intitulé Séparation, vivre l’expérience de la rupture (Éditions Armand Colin), l’écrivait déjà en 2011 : la séparation est en majorité demandée par des femmes. Et les chiffres qu’il avançait - 3/4 des divorces sont demandés par les femmes - en disaient long. Même constat pour les femmes de 55 ans et plus, nous affirme la rédactrice en chef de Plus Magazine, qui nous parle de cette vie que la génération post-soixante-huitarde se réinvente.

Le départ des enfants ne provoque-t-il pas soudain un grand vide qui amène ces femmes à réinterroger leur avenir ?
A. V. : « 
Le départ des enfants, l’annonce de la retraite. Soudain, ces femmes se retrouvent face à un homme qu’elles ont, pour finir, peu connu. Le travail, les gosses, les tâches domestiques et autres, tout cela a fait qu’elles ont partagé peu de temps avec leur homme en tant que couple. Et quand ils se retrouvent face à face pour discuter de grands choix comme : ‘Le temps se rétrécit : que va-t-on faire de notre vie ?’, ou plus pratique, ‘À quoi destine-t-on notre épargne-pension ?’, ils se rendent comptent qu’ils ne se rencontrent pas ou plus. »

D’autres ruptures comme les accrocs de santé décideraient aussi un certain nombre de femmes à se séparer…
A. V. : « 
Elles sont nombreuses à reprendre leur liberté après une maladie comme un cancer du sein. Elles ont vu la mort en toile de fond, n’ont pas reçu de leur compagnon le soutien attendu et préfèrent vivre seules que mal accompagnées. »

Ne craignent-elles pas la solitude ?
A. V. : « 
Ces femmes sont bien dans leurs baskets, décomplexées, et le divorce n’est plus un tabou pour elles ! Elles sont encore belles, elles ont fait des études, elles ont une autonomie financière, elles se soignent, font du sport et sont bien décidées à consacrer le temps qui leur reste au meilleur. La solitude n’est pas vécue négativement, elle est signe d’indépendance. La vie amoureuse ne s’arrête pas, mais elles sont malignes, elles savent que l’habitude use les meilleures choses et choisissent, quand elles ont la chance de rencontrer un compagnon, du ’chacun chez soi’. »

Et les enfants et petits-enfants dans tout ça ?
A. V. :
« Le plus dur, c’est annoncer la nouvelle aux enfants. Pour eux, le couple de référence s’écroule et cela peut créer des remous au sein de leur propre histoire. Pire ! C’est le pilier de l’histoire familiale qui s’écroule… »



Myriam Katz

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0800/16 210

Vous avez encore un vieux parent et vous habitez en Wallonie ? Un numéro gratuit vient d’être lancé : 0800/16 210 qui répond à toutes vos questions relatives aux soins à domicile, à l’aménagement d’un lieu de vie, à un hébergement, à une aide financière, etc., pour les personnes âgées.

Chiffres

Alors que le nombre total des divorces avec le premier conjoint avait baissé pour la première fois depuis 12 ans en 2012, pour la même période, on observe que le nombre de divorces pour les 50 à 59 ans a presque doublé (5 688 en 2012 contre 3 555 en 2000) et pour les 60 à 69 ans a augmenté de 75 % (1 780 en 2012 contre 1 021 en 2000).
Source INS : Évolution du nombre de divorces selon l’âge, 2000-2012.

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