Développement de l'enfant

Pas de bain avec mamy !

Le mot est galvaudé. La complicité entre grands-parents et petits-enfants est pourtant un fait. Jusqu’où peut-elle aller ? Se confond-elle avec la notion d’intimité ? Autrement dit : peut-on tout partager avec mamy ou papy, même la salle de bain ? Arrêtons-nous un instant sur cette relation bien singulière…

À 3 ans, difficile de comprendre pourquoi mamy ne veut pas partager le bain alors qu’avec papa-maman, ça se fait couramment. Justement, mamy n’est pas comme papa et maman. Elle revendique cette différence qui lui permet d’établir une certaine distance avec sa petite-fille, parfois bien plus proche pour certaines choses que celle nouée entre la petite et ses parents. Mais pas pour le bain. Cette intimité-là, celle du corps, elle la laisse au père ou à la mère, sans trop bien savoir expliquer pourquoi il y a là une frontière à ne pas dépasser.

L’éducation, rien à fiche ?

Il y a mille et une autres choses pour tricoter une relation privilégiée avec son petit-enfant. D’abord, parce qu’elle ne se bâtit pas sur l’autorité (et ce n’est pas pour autant qu’il faut accepter que vos petits-enfants vous grimpent sur le dos !) mais sur la bienveillance. Une bienveillance qui rassure, qui structure l’enfant, qui l’assure que, quoi qu’il fasse, il ne sera pas jeté.
 Important, cet arrimage, à l’heure où les familles se défont et se refont. Piliers affectifs pour des petits souvent pris dans le maelström des séparations entre papa et maman, les grands-parents d’aujourd’hui troquent leur rôle d’aïeul omnipotent pour un rôle de coopérateur et de grand communicateur.
Faut-il en conclure que les grands-parents n’ont rien à faire de l’éducation ? Si certains disent clairement que ce n’est pas leur affaire (les papys, en particulier), il n’empêche qu’ils renvoient tous, grands-mères autant que grands-pères, à des schémas d’éducation dont ils sont porteurs. Par exemple, autour d’un jeu de société où l’enfant s’échine à tricher. Ce n’est pas beau, la triche ! Mamy le dit tout net : « Tu me gâches mon plaisir de jouer avec toi ». Une phrase toute simple, mais dite avec d’autres mots, qui a un autre sens, qui reformule les choses autrement que maman et papa.
L’air de rien, les grands-parents relancent une mécanique, celle de l’apprentissage et l’enfant peut se dire : « Tiens, c’est partout pareil ». Le voilà rassuré, le cadre posé par papy-mamy résonne juste avec celui de papa-maman. Un véritable confort !

La renoncule de la complicité

Une complicité avec un petit ou une petite de 3 ans et plus, ça se tricote à partir de toutes petites choses. Comme cette mamy et son pot de renoncules. Une fleur déjà ouverte, quelques boutons, la mamy a comme projet de transmettre un peu de botanique tout en délivrant ce message muet : « J’ai pensé à toi, même loin de toi ».
La renoncule a ceci de bien qu’elle est vivante - les boutons éclosent au fil des jours pourvu que la petite l’arrose - et durable - chaque fois qu’elle vient, mamy compte et recompte avec sa petite-fille les nouvelles fleurs et les jeunes boutons. C’est tout bête, mais c’est un joli lien qui ne fait pas d’ombre aux parents. C’est que la grand-parentalité demande parfois de marcher sur des œufs.
Si les papys et les mamys doivent mettre le curseur à sa juste place avec les petits-enfants, c’est aussi par rapport aux parents. Pas question de prendre leur place et de créer une mauvaise dynamique qui peut engendrer des conflits de loyauté. Comme, par exemple, offrir des cadeaux exceptionnels à tout bout de champ : ils font tirer la langue à papa et maman, qui ne peuvent plus suivre.
Bien sûr, il y a des épreuves vécues par les petits-enfants que les grands-parents peuvent mieux gérer que les propres parents. Ainsi, à l’âge de l’adolescence. Si la complicité est toujours intacte, il est souvent plus facile de s’épancher sur mamy-papy à propos de ses chagrins d’amour. Mais c’est une autre histoire. Il faudra plus qu’une renoncule pour s’atteler à cette problématique adolescente. Ouf, à 3-5 ans, on n’y est pas encore !



M. K.

Ils en parlent...

Parce que c’est la belle-mère ? Peut-être…

« Ma gamine est revenue un jour de chez sa grand-mère en me racontant qu’elles avaient été ensemble dans le bain. J’ai pas aimé du tout. Si ça avait été avec ma mère ? Je pense que cela m’aurait gêné aussi. »
Jeanne, une fille de 4 ans 

J’ai d’abord pensé que c’était sale…

« ‘Avec toi ?’, demande l’enfant à qui je proposais un bain. Spontanément j’ai dit non en ayant le sentiment, dans un premier temps, d’avoir un corps trop vieux, trop sale. En fait non, ce n’est pas ça, ça n’a rien à voir. C’est juste une question de pudeur. Chacun à sa place. »
Sarah, une petite-fille de 3 ans et demi 

Mon fils m’avait déjà mise en garde

« Mon fils m’a très vite prévenu qu’il n’était pas question de partager le bain avec ma petite-fille. En rajoutant, à moitié sérieux : ‘Je me méfie de cette génération des années 1970’. »
Claire, deux petits-fils de 2 et 5 ans 

À lire ensemble

  • Le visage de Mamina, Simona Ciraolo (Gallimard Jeunesse).
  • Catalogue des mamies et des papys Lionel Koechlin (Gallimard Jeunesse).
  • Mon papi est un extra-terrestre, Robert et Rémi Saillard (Gauthier-Languereau).
Les infos collectées sont anonymes. Autoriser les cookies nous permet de vous offrir la meilleure expérience sur notre site. Merci.
Cookies