Loisirs et culture

Un grand jour de rien
Béatrice Alemagna (Albin Michel Jeunesse – Trapèze)
« Nous y étions. Pour la deuxième fois. Ma mère et moi dans la même maison de vacances. La même forêt. Et la même pluie ». Dès les premiers mots, dès la première image, le lecteur comprend que le jeune narrateur n'a d'autre perspective qu'un écran et le clavier d'une console pour échapper à l'ennui. Imaginez alors sa réaction quand cette console chute malencontreusement dans l'étang du coin… Il se sent « comme un arbre perdu dans la tempête ». Mais à travers le regard de Béatrice Alemagna, la nature est si fascinante qu'elle en devient tentaculaire. Est-il possible de lui résister ?
Un album qui raconte comment un jour d'ennui peut devenir un jour magique.
La révolte des lavandières
John Yeoman et Quentin Blake (Gallimard Jeunesse - L'heure des histoires)
Les auteurs ont dû bien s'amuser en imaginant cette joyeuse aventure : une révolte contre un patron exploiteur - Monsieur Lerat porte bien son nom ! -, ce n'est pas un sujet que l'on rencontre tous les jours dans un livre pour enfants. D'autant moins que l'édition originale de celui-ci date de 1979. Dans leur ras-le-bol, elles n'y vont pas de main morte les sept lavandières, lâchant les animaux du marché, maraudant dans les vergers, dévalisant une boutique, provoquant du vacarme dans une église, bref multipliant les ravages. Même si à la fin, tout rentre dans l'ordre ou à peu près et qu'il n'y a pas eu mort d'homme !
Profession crocodile
Giovanna Zoboli et Mariachiara di Giorgio (Les fourmis rouges)
Quelques heures dans la vie d'un crocodile de métier, ses rêves nocturnes, la sonnerie du réveil, la toilette, le petit déjeuner, le brossage des dents - essentiel pour un crocodile -, les petits achats du matin, le trajet en métro, et enfin l'arrivée sur le lieu de travail. C'est un album sans texte, ce qui ne signifie pas qu'il soit muet, tout au contraire. Il se passe en ville, ce qui n'est pas très fréquent dans l'édition jeunesse. Cette ville est avant tout fréquentée par des humains mais on y croise aussi quelques animaux, dont notre crocodile. Et quel est le métier de ce crocodile ? Vous l'avez peut-être deviné. Mais pour moi, la dernière page fut une totale surprise !
La fée sorcière
Brigitte Minne et Carll Cneut (Pastel)
Nouvelle version, distillée sur un plus grand nombre de pages, d'un album paru en l'an 2000. Si le texte lui-même a peu changé - l'histoire de la révolte de Marine, une enfant de fée, qui préférait être sorcière et qui finit par trouver son chemin dans la vie -, les illustrations ont été totalement repensées. Carll Cneut a conservé les couleurs dominantes en rose et rouge et les chapeaux pointus des fées et des sorcières, mais il s'est débarrassé des lignes droites et des angles pour favoriser la rondeur et les courbes. Il a travaillé l'expressivité des visages et des attitudes et offert une place de choix aux décors. Du château aux tours dorées où Marine vivait avec sa maman, nous ne verrons que la sécurité des vitrines de jouets. Mais nous découvrirons les attraits du bois des sorcières, alternance de troncs sombres et inquiétants et de tapis de fleurs d'une somptueuse luxuriance. Bref, même si l'ancienne version de La fée sorcière figure en bonne place dans votre bibliothèque, précipitez-vous sur ce remake !
Minute, papillon
Gaëtan Dorémus (Rouergue)
Les albums de Gaëtan Dorémus sont souvent sans texte. Alors, quand les mots sont présents, il y a gros à parier que leur langage et celui des images vont interférer à l'infini. Observez la succession des planches sur les pages de gauche. On les croirait extraites d'un traité de botanique consacré aux légumes de nos jardins. Sur chacune d'elles, une chenille, minuscule, se nourrit. Ce qu'à droite un commentaire précise avec le plus grand sérieux. Mais, minute papillon, un peu plus bas, la chenille, énorme, proteste. Elle se présente comme un ogre, déclare ne pas aimer les légumes et prétend se nourrir de baleines, de dinosaures, de lutins, voire de petits enfants. Sur le fond blanc des pages, ses mots grandissent en même temps que sa véhémence. Quant à son corps, témoin de sa mauvaise foi, il prend peu à peu les couleurs des légumes grignotés. Mais regardez à nouveau les planches botaniques : cette aubergine n'a-t-elle pas un petit air de baleine ? Cette carotte une ressemblance avec un lutin ? Et cette courgette avec un dinosaure ? La fin de l'histoire, vous pouvez la deviner en partie. Elle est d'ailleurs annoncée sur la couverture.
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