Développement de l'enfant

La période des vacances est un bon moment pour s’exercer aux « toutes premières fois ». À l’âge de 12 ans et plus, il est temps d’oser lâcher nos jeunes ados à des moments choisis et de les aider à gérer ce plus de liberté. Il est aussi temps pour nous, parents, d’apprendre à canaliser nos angoisses et à combiner surveillance et bienveillance. Quelques pistes pour y voir plus clair...
Des limites
« À 12 ans, Flora me répète toute la journée que je suis la seule à être aussi sévère avec elle », nous dit Christine, sa maman. Elle voudrait sortir le soir jusqu’à pas d’heure, sous prétexte que ce sont les vacances et qu’elle n’est plus un bébé. J’ai beau lui expliquer que je suis responsable de sa sécurité, que c’est moi qui fixe les règles et qu’elle est bien trop jeune pour faire ce qu’elle veut, rien n’y fait ! Les crises et les discussions se succèdent, avec toujours le même argument : ‘Mes copines ont le droit ! Je suis la seule qui ne peut pas’. Je ne sais plus quoi faire et comment lui faire entendre raison. »
Fixer de vraies limites… Et s’y tenir. À 12 ans, on ne rentre pas à minuit. La capacité de jugement de votre fille est en voie de développement, ne craignez pas d’imposer des règles claires et non négociables. Si elle les respecte, vous pourrez lui accorder votre confiance. Et même si elle rouspète un peu, elle s’y fera et finira par les intégrer dans son mode de vie.
Négocier avec son ado. N’hésitez pas à lui dire que vous n’êtes pas d’accord qu’elle rentre après minuit, mais que vous l’autorisez à aller à la soirée de sa copine Julie. Annoncez-lui l’heure à laquelle vous irez la chercher et ajoutez que c’est non négociable. Et dites aussi, que si elle en fait la demande, elle pourra aller demain soir au cinéma avec ses copains. En précisant que vous comptez bien qu’elle rentre juste après la séance.
Claude Halmos, psychanalyste, confirme : « On est en droit de demander à un enfant des choses qui ont un sens. Exiger de traverser dans les passages pour piétons à un feu rouge ou de ne pas claquer la porte au nez des gens, c’est absolument normal. Ce ne sont pas des préceptes inventés de toutes pièces, mais des règles auxquelles adultes et enfants sont soumis. Le travail d’un parent est d’enseigner les lois du monde à son enfant. »
Savoir où elle va. Vous devez savoir où elle se trouve et avec qui. Mais, de votre côté, vous devrez accepter quelle aille un peu plus loin que la plaine de jeux derrière le coin, qu’elle sorte un peu plus tard le soir avec des copains… Peut-être aussi aller dormir chez une copine : à 12 ans, les filles (et les garçons chez des copains) aiment bien ça. Pourvu que vous sachiez chez qui et que vous preniez contact avec les parents. De temps en temps, proposez à votre ado d’inviter sa copine à dormir à la maison. C’est l’époque où le GSM prend toute son importance.
L’heure de rentrée. Même en journée, elle doit rentrer à l’heure fixée de commun accord et vous avertir du moindre retard. « Ce n’est pas du flicage, c’est de l’information, c’est rassurer l’adulte », rappelle toujours Claude Halmos. Vous avez droit à vos angoisses. Vous pouvez, du reste, lui faire remarquer (si c’est le cas, bien sûr) que lorsque son père est en retard, il prend la peine de prévenir, pour éviter toute inquiétude...
Faire confiance
Julien, 13 ans, en a assez d’avoir ses parents sur le dos : « Je sais que je ne dois pas monter sans casque sur le vélomoteur d’un copain, pas boire d’alcool, pas fumer de joints ! Ils me bassinent à me répéter tout le temps la même chose ! »
L’âge des confrontations aux dangers de la vie nous rendent, nous parents, anxieux. Bien sûr, les jeunes ados ont besoin de moments en dehors de la famille. Il n’empêche qu’on a le droit, quoi qu’ils en disent, de s’inquiéter pour eux, et de leur faire savoir.
Favoriser son autonomie. C’est lui faire confiance et le responsabiliser. Faire confiance, c’est croire en lui et en ses capacités. C’est croire que Julien est capable de sortir seul. Il commettra sûrement des erreurs, mais elles lui permettront de grandir et d’évoluer. Accepter qu’il se trompe ou qu’il ne fasse pas tout comme vous, c’est l’aimer pour ce qu’il est. En revanche, manifester sa méfiance le maintient dans des liens de dépendance infantile qui l’empêchent de s’affirmer.
Opter pour la discrétion. Lorsqu’il quitte la maison, résistez à la tentation de l’appeler tous les quarts d’heure pour vérifier que tout se passe bien, ou de l’interroger sans relâche à son retour, même si vous brûlez de curiosité. Gardez à l’esprit que plus vous envahissez son espace de liberté, plus il sera tenté de vous mentir ou de faire des cachotteries pour se protéger. Mieux vaut lui laisser l’initiative de vous appeler ou de vous raconter sa sortie, s’il le désire. Soyez à la fois discret, disponible, mais vigilant.
K. M.