Vie pratique

Dans la maison, trop d’ustensiles, de jouets, de vêtements, de lotions, de produits toxiques et beaucoup trop de poubelles. Vous n’en pouvez plus ? Bienvenue dans la communauté « zéro déchet ». Ce mouvement mondial qui prend de l’ampleur commence par le plus local qui soit : sa propre famille. Testé depuis un an et approuvé par Sophie Demol, maman bloggeuse « presque zéro déchets », qui nous livre son mode d’emploi.
Sophie nous reçoit dans sa maison « allégée » de Rixensart. Bien rangés dans les placards de la cuisine, des bocaux de verre contiennent les aliments achetés en vrac. Dans le frigo, pas de cellophane. Pains de savon d’Alep ou de Marseille et shampoing fait maison dans la salle de bain. La prise de conscience a eu lieu lors d’un épuisement professionnel : à 35 ans, Sophie remet alors en question sa façon de vivre, celle de son mari et de ses deux enfants, Alice et Guillaume.
« J’ai réalisé que tous les gestes de notre quotidien conduisaient au gaspillage. J’ai décidé de reprendre le contrôle sur ma vie ». Une question de valeurs, dit-elle, qui la pousse à ne plus se laisser imposer de modes de consommation, et l’amène à opter pour plus de simplicité.
« Nous avons découvert le livre de Bea Johnson, une Française qui vit en Californie et qui pratique le zéro déchet depuis vingt ans maintenant. Un électrochoc : nous avons revisité chaque pièce de la maison et introduit des changements. Il s’agit d’être conscient, de décider ce qui entre chez nous, de bannir les emballages, le plastique, les produits chimiques, de fabriquer ses produits, de réduire drastiquement les achats, ne plus jeter de la nourriture, ne plus subir mais devenir acteurs. »
Désormais, elle aussi partage ses bonnes adresses, trucs et astuces pour une vie plus simple sur son blog, Les valeurs de Sophie.
Assez rapidement, on consomme différemment car on ne gaspille plus
Faites l’expérience : s’intéresser à cette littérature et écouter les témoignages de ceux qui ont sauté le pas, c’est découvrir un monde fascinant de possibilités. « Je reconnais que nous étions déjà sensibles aux questions environnementales. Les enfants ont plongé dans l’aventure sans problèmes, mais mon mari, qui était le plus écolo des deux, s’est parfois étonné de me voir aller beaucoup plus loin que lui, raconte Sophie dans un éclat de rire. Ce n’est pas si compliqué : il faut avant tout faire preuve de bon sens, s’équiper et planifier ».
C’est le secret : remplacer les contenants en plastique pour leur équivalent en verre, des sacs de tissu, se procurer du réutilisable ou du compostable. Dresser des listes pour faire les courses, n’acheter que ce qui est nécessaire. « C’est vrai qu’il faut un certain temps pour assurer la transition : trouver les magasins qui vendent en vrac, faire son marché, cuisiner… ».
Le point d’équilibre
Un mode de vie qui ferait presque rêver… Mais comment se plier aux exigences du zéro déchet lorsque l’on travaille à temps plein ou que l’on est un parent solo ? « J’avoue qu’au début, il faut s’adapter ! Le plus dur, c’est de faire les courses. Il faut trouver des comptoirs où l’on peut se procurer de tout, des commerçants qui acceptent de placer la viande ou le poisson dans les bocaux. Heureusement, il y a la possibilité d’acheter en ligne, pour ceux qui n’ont pas le temps. Et puis, assez rapidement, on consomme différemment car on ne gaspille plus. Les placards et le frigo étant moins remplis, on utilise tout ce qui s’y trouve, on prévoit mieux. Et les enfants s’habituent vite : chez nous, ils se sont habitués à prendre des fruits comme collation, à remplir leurs gourdes, c’est devenu normal ».
Interdictions, petits soupirs ou regards désapprobateurs : vous avez peut-être dans votre entourage des adeptes de la décroissance prosélytes avec lesquels vous ne passerez plus jamais un dimanche après-midi ! Avec eux, le moindre de vos gestes enfreint une règle que vous n’auriez jamais devinée, vous vous sentez ignorant, toujours en faute, coupable et infantilisé. Chez Sophie, si la vie familiale a changé, cela s’est fait sans obligation.
« Nous étions d’accord de ne pas donner de leçon, ni devenir extrémistes. Il suffit de montrer l’exemple. Avec ma fille, nous avons profité des vacances de printemps pour fabriquer du shampoing nous-mêmes : nous pouvons toujours en offrir. J’ai remarqué que les amis qui viennent chez nous respectent notre façon de vivre, ils évitent d’apporter des emballages, du plastique, cela s’est fait tout seul, c’est réjouissant. »
Par où commencer ?
Vous êtes tentés mais la tâche vous semble un peu radicale. Comme point de départ possible, lors de vos prochaines courses, vous pouvez déjà observer ce qui remplit votre caddy. Imaginez que le ramassage des ordures ne se fasse qu’une seule fois par mois : le contenu de vos poubelles serait-il le même?
Sophie propose de se poser les bonnes questions. À quoi bon posséder plusieurs cuillères en bois ? Les utilisons-nous toutes en même temps ? Allons, reconnaissons-le : une ou deux pourraient suffire. Est-ce bien nécessaire de regarder nos armoires déborder de vêtements dont nous ne portons que quelques pièces ? Faut-il vraiment un produit différent pour nettoyer chaque surface de la maison ? Hop : juste une bouteille de vinaigre et du bicarbonate, multi usage, ultra économique. Bref, à la longue, à vous les économies, le gain de temps et la meilleure santé, pensez-y pour vous donner du courage !
Et s’il ne fallait faire qu’une petite chose ? « Mon message aux parents qui seraient tentés de s’y mettre ? Y aller progressivement, même une seule petite action est déjà un bonus pour la planète. Par exemple, si vous ne devez faire qu’une chose, ce serait de toujours avoir dans vos sacs ou vos voitures un petit sac en tissu réutilisable. Cela ne prend pas de place et permet d’éviter de quitter les magasins avec du plastique. C’est déjà énorme ! ». Alors, pas d’excuses : nous aussi, nous pouvons faire un pas sur le chemin du zéro déchet.
A. K.
En pratique
Prêts pour l’aventure ?
Appliquez le mantra de Bea Johnson, Française vivant en Californie, la grande prêtresse du zéro déchet, qu’elle pratique en famille depuis 2008. La simplicité volontaire commence par cinq règles : refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter.
- Refuser le superflu, ce dont vous n’avez pas besoin : non aux plastiques à usage unique, aluminium, lingettes… Achetez en vrac, bannissez les toutes-boîtes.
- Réduire au nécessaire, ce dont vous avez besoin mais que vous ne pouvez refuser : pas besoin d’ustensiles de toutes sortes, fabriquez vos produits, allégez vos garde-robes.
- Réutiliser ce que vous consommez et ne pouvez ni refuser ni réduire : remplacez tout ce qui est jetable par des alternatives réutilisables, en seconde main de préférence, rapportez, récupérez, réparez. Avec l’asbl Repair Together, dénichez un Repair Café près de chez vous.
- Recyclez tout ce que vous n’avez pas pu refuser, réduire, ou réutiliser.
- Compostez tout le reste.
Béa Johnson, Zéro Déchet, Éditions des Arènes
Impossible à ignorer : nos enfants sont contaminés. Bisphénol, phtalates, pesticides : une étude de 60 Millions de consommateurs réalisée sur des ados en France a détecté des dizaines de perturbateurs endocriniens dans les cheveux de tous les participants. Présents notamment dans les cosmétiques, jouets, peintures ou contenants alimentaires, ces polluants perturbent le système hormonal et peuvent générer maladies et anomalies. La meilleure raison pour revisiter ses habitudes ?