Développement de l'enfant

Mon ado a des boutons. L’acné a fait son apparition. Quoi de plus normal à l’adolescence ? Oui, mais justement, cette période de la vie n’est pas évidente pour notre jeune qui se dépatouille notamment avec cette fameuse image de soi. Soins du visage, chasse aux faux amis et avis du dermato : on fait le point sur les points noirs de votre ado.
L’acné est une affection de la peau due à une inflammation des follicules pilo-sébacés, des glandes sécrétant le sébum à la racine des poils. Très fréquente à l’adolescence, elle se caractérise par l’apparition de boutons plus ou moins enflammés, de points noirs, de microkystes… Au moment de la puberté, sous l’effet d’une rapide augmentation hormonale, la production de sébum s’accentue tandis que la peau s’épaissit et les pores se dilatent. Conséquence : les boutons apparaissent !
Tous les ados ne sont pas égaux face à l’acné : certains vont en souffrir plus que d’autres. Aujourd’hui, il est difficile de trouver l’explication à cet état de fait. Est-ce l’hérédité, les gènes, le stress, le tabac, l’alimentation ? Différentes causes sont avancées, mais sans réelle certitude. Par ailleurs, même si elle est le plus courante à l’adolescence, l’acné peut aussi apparaître chez les adultes. Et enfin, stop aux idées reçues : l’acné n’est pas due à un manque d’hygiène. Néanmoins, prendre soin de sa peau est le premier traitement contre l’acné.
COMMENT BIEN NETTOYER SA PEAU ?
Un bon soin nettoyant permet de débarrasser la peau des impuretés et de l’excès de sébum. La crème « anti-boutons », appliquée juste après, sera d’autant plus efficace car elle pénètre mieux dans la peau si celle-ci est bien nette.
► Le matin : rincez simplement la peau à l’eau claire et appliquez une crème de jour. Nos conseils : le soin intense purifiant Sébium Global (Bioderma) ou le soin global Hyséac 3 (Uriage).
► Le soir : nettoyez la peau avec un savon doux (spécialement adapté aux peaux acnéiques) et appliquez une crème traitante. Nos suggestions : le gel nettoyant Cleanance (Avène), l’eau micellaire nettoyante purifiante Sébium H2O (Bioderma), Effaclar duo+ (La Roche-Posay) ou encore la crème Sebiaclear Active (SVR).
À éviter, surtout : mettre tout et n’importe quoi sur la peau. Beaucoup de produits vendus en grande surface sont soit très allergisants, soit très comédogènes (leur texture bouche les pores de la peau, donc favorisent l’apparition des points noirs, les comédons). En cas d’hésitation, faites le point avec un professionnel de la santé (votre pharmacien ou un dermatologue) afin d’utiliser les produits adéquats. Méfiance aussi avec les remèdes de grand-mère : non, le dentifrice - que l’on applique la nuit pour faire sécher les boutons - n’est pas efficace !
GARE AUX FAUX AMIS
► Conseillez à votre ado d’arrêter de chipoter ses boutons. Certes, il est difficile de résister à la tentation de percer un bouton bien blanc, très proche de la surface cutanée : dans ce cas, mieux vaut le faire avec le côté des doigts qu’avec les ongles et ce, afin d’éviter un maximum les infections. Par contre, percer un bouton rouge, encore trop profondément enfoui, risque de faire pire que mieux car on risque de blesser la peau ce qui provoquera des surinfections et des problèmes de cicatrisation. Idem pour les points noirs : certains sont très faciles à faire sortir, d’autres beaucoup moins. Mieux vaut donc ne pas y toucher.
► Gare au soleil. Contrairement à ce que l’on croit souvent, l’exposition aux rayonnements lumineux provoque des catastrophes côté acné. Un effet qui se fera sentir à retardement. L’explication ? La peau s’épaissit après une longue exposition au soleil et enferme le sébum. Les boutons réapparaissent de plus belle et l’acné s’aggrave. C’est l’effet rebond ! Résultat : après des vacances au soleil, c’est souvent la course aux crèmes anti-boutons dans les pharmacies.
Bon à savoir aussi : certains traitements anti-acnéiques photosensibilisent la peau au soleil. Gare aux UV avec certains médicaments contre l’acné.
► Évitez le maquillage couvrant. Pour cacher les boutons et autres imperfections de la peau, votre adolescente a peut-être déjà, elle aussi, ce réflexe d’appliquer une épaisse couche de maquillage. Une mauvaise idée car, une nouvelle fois, ce dernier a tendance à boucher les pores de la peau et à aggraver le problème d’acné. Plus les boutons se multiplient, plus on aura tendance à mettre du maquillage qui favorise encore davantage l’apparition des boutons : on est dans un cercle vicieux. L’idéal ? Opter pour un maquillage léger avec des produits adaptés et l’apprentissage de petits trucs et astuces pour masquer discrètement les boutons.
QUELS TRAITEMENTS CONTRE L’ACNÉ ?
Dans certains cas, l’acné peut devenir invalidante : elle va être à l’origine de vilaines cicatrices ou jouer sur le moral de votre ado (voir ci-contre). Une consultation médicale est donc nécessaire. Le dermatologue vous proposera le traitement le plus approprié puisqu’il existe différents médicaments qui traitent l’acné. Ceux-ci ont souvent mauvaise presse et font peur à cause de leurs effets secondaires. Dernièrement, l’isotrétinoïne (le Roaccutane) a fait parler de lui, notamment à propos de son lien potentiel avec la dépression, voire le suicide de jeunes utilisateurs de ce médicament.
Pamela El Nemnom, dermatologue à Saint-Luc (Bruxelles), nuance : « Même s’il faut rester prudent, il faut d’abord se demander si l’ado n’est pas en dépression à cause de son acné plutôt qu’à cause de son médicament. L’image négative qu’il a de son corps associée aux moqueries des camarades, pas toujours tendres à cet âge-là, accentue sans doute le sentiment de mal-être du jeune ».
Pour la dermatologue, les médicaments ne doivent pas être diabolisés. Par contre, leur utilisation doit être encadrée et discutée, mais, dans certains cas, ils s’avèrent bénéfiques tant d’un point de vue esthétique (diminution, voire disparition des boutons) qu’émotionnel. L’adolescent reprend confiance en lui, s’ouvre aux autres et est plus épanoui : il retrouve alors une « belle » peau et se sent automatiquement mieux dans celle-ci.
Bon à savoir : en cas d’acné invalidante, l’isotrétinoïne n’est pas la seule option. Chez les jeunes filles, certaines pilules contraceptives peuvent aussi être utilisées afin de diminuer les poussées de boutons. Ici aussi, l’introduction d’une médication doit être discutée et encadrée. L’avis de concert du dermatologue et du gynécologue est souvent essentiel.
Enfin, certains antibiotiques (pris par voie locale ou orale) sont utilisés dans la lutte contre l’acné. Là encore, le traitement sera introduit par le médecin et la prise en charge globale assurée. Un suivi médical est nécessaire afin de surveiller les éventuels effets secondaires.
Charlotte Costenoble
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Acné et estime de soi
Face à l’acné, les ados ont des réactions diverses. Alors que certains s’en fichent, d’autres attacheront beaucoup d’importance à cette particularité physique. Rappelons que l’adolescent est très critique envers lui-même et est aussi souvent très attaché à son image : avoir de l’acné peut entraîner de la honte, de la peur. Votre jeune risque alors de se replier sur lui-même.
Important à avoir à l’esprit : son angoisse à l’idée de se montrer dans cet état face à ses congénères n’est pas proportionnelle à l’intensité de la manifestation acnéique. En clair, ce n’est pas parce que votre ado n’a, selon vous, que quelques petits boutons qu’il ne peut pas en être très affecté. Au contraire, un jeune qui présente énormément de boutons et qui s’en fiche doit aussi être conscientisé, car l’acné peut engendrer des cicatrices importantes. Un tête-à-tête avec votre adolescent peut alors être utile pour lui expliquer le fonctionnement de l’acné, l’intérêt du nettoyage et des soins de peau.
Dans un cas comme dans l’autre, soyez attentif et prenez au sérieux les demandes de votre jeune afin d’instaurer un dialogue constructif. Comme le résume le docteur El Nemnom, il ne faut jamais minimiser l’impact psychologique que peut avoir cette maladie de la peau sur le moral de votre jeune : « L’acné et les boutons ne doivent surtout pas être diabolisés car cela fait partie de l’adolescence. Mais il faut rester alerte en cas d’acné invalidante et cicatricielle car elle marque la peau à vie ».
En chiffres
Bien que 80 % des ados sont touchés par l’acné, seuls 15 % d’entre eux souffrent d’une forme sévère de cette maladie de la peau.