Développement de l'enfant

Faut-il s’inquiéter du « sseveu » sur la langue ?

3 ans et demi, l’âge où les mots pétaradent et où la langue fait des nœuds en plein milieu d’une histoire. Le petit chat devient un petit « ssat », la fleur se transforme en « fieur » et le tram vous crève le tympan avec son c comme « cram ». Face à tant de saccages, les parents s’interrogent. Faut-il courir chez un·e logopède pour corriger les défauts de prononciation de l’enfant ou les choses vont-elles s’arranger d’elles-mêmes ? Le Ligueur a rencontré Irène Vacca, logopède à la clinique Léon Neuens à Châtelet.

Faut-il s’affoler des défauts de prononciation alors que l’enfant n’est encore qu’en 1re maternelle ?
Irène Vacca : « Tout dépend du trouble du langage. Commençons par les cas les plus simples qui sont les troubles d’articulation dont certains phonèmes sont touchés dans leur prononciation. L’enfant zézaie, les doubles consonnes, les fl, les pl ne fonctionnent pas. Personnellement, je conseille toujours aux parents d’aller voir un·e logopède, ne fût-ce que pour les rassurer. J’ai à ma consultation une gamine qui va avoir 4 ans. À 3 ans et demi, elle ne disait pas les fe, les ve, les dre, les tre et quand elle parlait, on avait des difficultés à la comprendre. Peut-être son cas aurait-il évolué spontanément, mais cela risquait de prendre beaucoup de temps. »

Certaines logopèdes n’interviennent à cet âge que si l’enfant parle très peu et ne forme pas encore de phrases…
I. V. : « Entre 3 et 4 ans, c’est une tranche d’âge difficile, c’est pour cela que beaucoup de logopèdes conseillent d’attendre la 2e ou 3e maternelle. Moi, je crains qu’il soit alors presque trop tard pour corriger facilement le défaut de langage. Je conseille donc aux parents de rencontrer un·e logopède si c’est possible. Cela peut ne durer le temps de deux, trois séances, juste pour donner le coup de pouce nécessaire à l’enfant pour le remettre sur de bons rails. Si le défaut de prononciation est léger, le ou la logopède peut proposer aux parents de corriger eux-mêmes leur petit ou petite. Cela s’appelle de la guidance parentale.
On leur dit, par exemple, d’arrêter l’enfant quand il n’arrive pas à prononcer le mot, de donner le bon modèle, de commencer le mot et de l’aider pour qu’il le finisse, de scander les mots parce qu’en les coupant, l’enfant parvient à mieux les saisir… On les aide aussi à amener leur enfant à prendre conscience du mouvement avec les doubles consonnes en intercalant dans le mot ‘trois’, par exemple. Terois, teri, tero, tera… En répétant plusieurs fois cet exercice, l’enfant va aller de plus en plus vite et, à un moment, le ‘e’ va s’estomper. Il prononcera enfin trois… comme tout le monde !
Si au bout de deux, trois mois, le logopède juge que l’enfant n’a pas fait suffisamment de progrès, il est encore temps pour qu’il le prenne en charge. »

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