Loisirs et culture

La résistance, planche de salut

Une BD se retrouve au centre de l’exposition RésistanceS, à Charleroi. Une bonne idée pour rassembler toutes les générations autour d’un travail mémoriel et d’une réflexion autour de la liberté d’agir.

C’est au Centre d’Action Laïque (CAL) de Charleroi qu’on doit cette belle initiative. L’objectif est ainsi résumé : « Deux expositions pédagogiques sur la résistance durant la Seconde Guerre mondiale et des résonances pour sensibiliser tout un chacun aux résistances d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui ». Tout est dit.
Au départ de l’histoire, c’est une réflexion globale qui est amenée à se développer. Parce que dans le monde, aujourd’hui encore, des régimes autoritaires veulent s’imposer par la force, en bridant les libertés, en muselant l’expression. Parce que, finalement, « plus terrifiant que le bruit des bottes, il y a le silence des pantoufles ».
Deux volets, donc, pour cette expo. L’un est consacré à la « Résistance en Europe ». Pour les organisateurs de la manifestation, il s’agit de faire découvrir « les parcours de résistantꞏes de Charleroi, Bruxelles et de toute l’Europe », l’exposition montrant « la grande diversité des différentes formes de résistances qui ont eu cours durant la Seconde guerre mondiale ».

Entretenir la mémoire

Le deuxième volet a particulièrement attiré notre attention au Ligueur. Il est axé autour d’une série BD qui, aujourd’hui, compte pas moins de huit albums. Elle s’appelle Les enfants de la résistance. Tout commence à l’été 39. La guerre gronde et bientôt des gamins et gamines se retrouvent à résister contre l’occupant allemand. Cette BD est à la fois divertissante et instructive, elle se termine chaque fois par un petit dossier explicatif.
Les auteurs de la série sont Benoît Ers (dessin) et Vincent Dugomier (scénario). Ce dernier nous a expliqué la genèse du projet. « Benoît et moi avions tous deux un grand-parent résistant. On s’est dit que ce serait bien de faire quelque chose de cette ‘mythologie’ familiale, dans une optique de transmission, de devoir mémoriel. La BD devait être à destination de la jeunesse, mais, dans le même temps, être accessible à tous les âges. Une BD familiale, en somme, pour réunir les différentes générations, pour qu’elles parlent ensemble de ce qui s’est passé ».
Ce travail de transmission est important pour Vincent Dugomier. Aujourd’hui âgé de 58 ans, il s’est vu partager, dans son enfance, des récits liés à la guerre, par ses parents notamment. Avec le temps, les choses ont évolué. Les enfants sont moins exposés à ces souvenirs.
« Il faut vraiment avoir des grands-parents ou arrière-grands-parents bien âgés pour échanger là-dessus, pour avoir ce contact direct. C’est ce qui m’a incité à raconter la vie des civils durant la guerre, cela m’intéressait beaucoup. Et par le prisme de la résistance encore plus, on peut donner un petit côté militant aux albums, parler de ces valeurs fondamentales que les gens ont défendues dans des moments extrêmes où la démocratie a volé en éclats. »

Un travail reconnu

Les dossiers à la fin de l’album, c’est Vincent Dugomier qui en a poussé l’idée. « Être didactique n’était pas forcément un but premier de notre démarche, mais lorsqu’on s’adresse à la jeunesse, je pense qu’il faut être très précis. J’ai donc demandé à l’éditeur la possibilité d’ajouter des pages qui expliquent, recontextualisent. C’était aussi une façon de ne pas intégrer des notions trop didactiques dans le scénario afin que la BD ne se transforme pas en quelque chose de barbant, qu’elle reste divertissante ».
De fil en aiguille, les albums se sont fait connaître. Notamment au sein des écoles. Cette évolution a surpris les auteurs qui ne s’attendaient pas à voir leurs livres posés sur les bancs scolaires. « En me rendant dans les classes, en discutant avec les élèves, explique le scénariste, je me suis aperçu que je pouvais aller plus loin, ne rien glisser sous le tapis, dire tout ce qui s’était passé ».
Le travail du duo est reconnu et apprécié. C’est ainsi qu’il s’est invité au CHRD, le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon (France) pour une expo sur la durée. Avec, là encore, une bonne surprise pour les auteurs. « Les organisateurs nous ont confié que c’étaient les enfants qui amenaient leurs aîné·es à l’expo. Alors que d’habitude, c’était plutôt l’inverse ». Un peu comme si le devoir de mémoire se glissait dans un cercle vertueux où la transmission entre générations se fait par les deux bouts.

 INFOS PRATIQUES : RésistanceS, jusqu’au 25 février au CAL de Charleroi (rue de France, 31). L’entrée est gratuite.  

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