Grossesse

Ne pas avoir son nouveau-né près de soi parce qu’ayant vu le jour prématurément, ayant eu une naissance bousculée ou étant malade, il est hospitalisé dans une unité néonatale est une expérience douloureuse. C’est peut-être votre histoire… La joie du retour à la maison est suspendue. Votre bébé a besoin de soins. Votre quotidien de maman, de papa est fait de préoccupations pour lui, pour sa santé, son bien-être, son futur.
Comment traverser au mieux cette période chargée de stress et d’attente ? Voici des pistes grâce aux regards croisés de la néonatologue Dominique Grossman, chef du Pôle Mère-Enfant au CHIREC (site Delta, à Bruxelles), et de Reine Vander Linden, psychologue en périnatalité.
« Soins de développement » : soins individualisés
Lumière voilée (notamment, grâce à des petites couvertures enveloppant les couveuses), bruits amortis, atmosphère douce : l'environnement est adapté aux besoins des nouveau-nés hospitalisés. On veille à ce qu’ils soient bien installés (comme dans le ventre maternel), afin qu’ils soient le plus stables possible sur le plan physiologique. Un t-shirt imprégné de l’odeur maternelle ou un doudou à agripper à côté d’eux peut les rassurer.
Aujourd’hui, dans de plus en plus d’unités néonatales, les bébés profitent de « soins de développement ». De quoi s’agit-il ? « On observe l’enfant et on adapte les soins à son comportement, explique la néonatologue Dominique Grossman. On travaille à partir de l’interprétation des signes qu’il nous donne – signes de stress ou signes de stabilisation. Quand, au cours d’un soin, on voit chez lui des signes de stress, on arrête ce qu’on est en train de faire et on le laisse récupérer, avant de reprendre le soin. » Les soignants vont au rythme du bébé, alors qu’auparavant, ils regroupaient plutôt les soins à lui donner, histoire de le laisser ensuite tranquille.
Pour la néonatologue, « les soins de développement améliorent le devenir des bébés. On a un faisceau de preuves montrant qu’ils sont plus vite autonomes sur le plan alimentaire, qu’ils progressent mieux au niveau de leur maturité et de leur développement, qu’ils sortent plus vite de l’hôpital, qu’ils ont moins de problèmes par la suite… »
Qui dit « soins de développement » dit aussi parents engagés dans les soins. « Avant, c’était l’infirmière qui savait et faisait. C’était elle qui, parce qu’elle savait, donnait les soins au bébé ou disait aux parents s’ils pouvaient, ou pas, entrer en contact avec lui, éclaire Dominique Grossman. Aujourd’hui, on a conscience que les premiers soignants de l’enfant, ce sont ses parents. Ce sont eux qui vont lui donner de la continuité, pas les infirmières. On leur propose dès lors d’être partie intégrante des soins, avec bien sûr un environnement soutenant. On les initie très vite à la reconnaissance des signes de stress et de stabilisation. » Ils participent au change du bébé, à son bain… S’il est dans une grande instabilité, le soin sera peut être juste « quelques gouttes de colostrum mises sur un coton-tige qui sera glissé dans sa bouche ».
Comme, au retour à la maison, les parents seront les soignants de leur enfant, « j’ai envie de leur dire : mettez tout de suite la main à la pâte, parce que, de toute façon, un jour, vous devrez le faire ! Alors, le plus tôt est le mieux, insiste la psychologue Reine Vander Linden. Cela vous permettra aussi de raconter plus tard à votre bébé que vous étiez près de lui et l’avez soutenu dès le début. »
Et là, la mère et le père sont à égalité. Selon la psychologue, « apprendre d’entrée de jeu à faire à deux est un plus pour le futur ! Surtout, si le parcours de l’enfant à l’hôpital est long. Car s’occuper d’un bébé en néonat, c’est épuisant physiquement et psychiquement. Et donc, pouvoir se dire en toute confiance "L’autre peut prendre mon relais", c’est précieux. »
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Ce qui se passe dans une unité néonatale est si inhabituel que les parents se demandent sans cesse si ce qu’ils vivent et ressentent est normal. Bénéficier d’un soutien psychologique ou participer à un groupe de parole peuvent être d’une grande aide. Tout comme faire appel aux proches pour les questions de pure logistique.