Loisirs et culture

Quand nos chouchous publient

Souvenez-vous : au cœur du confinement, le Ligueur avait sollicité sept de nos auteur·e·s et illustrateurs, illustratrices belges en leur demandant de partager un de leurs coups de cœur en littérature jeunesse. Une manière pour nos enfants de s’évader… Depuis, l’un ou l’autre a sorti un nouvel album que nous saluons dans cette page.

► Tout le monde a peur

On pourrait penser que cet album a été créé sur mesure en ce temps de pandémie. Il n’en est rien, tant la peur (qu’elle soit d’une souris ou d’un virus) est universelle. Rascal est au texte, tandis qu’au dessin on retrouve Pascal Lemaître, que les lectrices et lecteurs du Ligueur et surtout du Ligueur et mon bébé connaissent bien. Tout le monde a peur (et c’est bien normal) précise habilement la troisième page entre parenthèses.

Ce petit bout de phrase rassurant ouvre un album intelligent, drôle, inattendu, tendre. Et d’une redoutable efficacité : deux mots, un dessin coup de poing et des couleurs tout en contrastes. Quatorze pages en carton fort, aux coins arrondis tout doux comme le ton d’ensemble, pour parcourir la gamme des peurs par animaux interposés : on connaît la légendaire terreur de l’éléphant face à une souris comme le rappelle la couverture (même si la souris déguste un cornet de crème glacée !), mais aussi celles de la mouche, plus réelles, face à l’araignée, du ver face à la mésange, de l’abeille face à l’ours, du loup, du lion, de l’ogre, etc.

Chaque page de droite répond à celle de gauche pour nous rappeler que les peurs sont à géométrie variable, celles de nos amies les bêtes, mais aussi celles des enfants et celles des adultes. Ainsi : « Le roi lion, lui, n’a peur de rien ni de personne… Sauf de la lionne ! ». Chaque dessin est marqué de cet humour tendre, à travers les expressions des visages ou des détails anodins. La simplicité n’élude pas ici la profondeur du propos. Du grand art assurément.
Tout le monde a peur, de Rascal et Pascal Lemaître (Pastel/École des Loisirs). Dès 3 ans.

► Je veux un pain au chocolat !

La génération des enfants-rois, qu’est-ce qu’elle en a fait couler de l’encre et en fait encore couler ! Les rois en culottes courtes et les princesses, Jean-Luc Englebert les aime et aime casser les codes et clichés qui les entourent. Cette fois encore, il met en scène une princesse, Bertie, qui sort d’un long sommeil et ne cesse de clamer : « Je veux un pain au chocolat ! ».
Rivée à son idée fixe, l’héroïne se fiche de son statut et vit le moment présent. Elle est surtout heureuse de partager son bonheur avec d’autres.

Un récit à hauteur d’enfant, certes, mais qui joue également avec la notion du temps et du statut social. Les illustrations, terriblement ludiques, nous plongent dans un univers médiéval et réfèrent avec bonheur à des scènes « breughéliennes ». Ce récit basé sur quelques trouvailles réjouissantes et de nombreux rebondissements est délicieux comme… un pain au chocolat.
Je veux un pain au chocolat !, de Jean-Luc Englebert (Pastel/École des Loisirs). À partir de 5 ans.

► La grande fabrique de bébés

Bien connu également des lecteurs et lectrices du Ligueur, Philippe de Kemmeter a un trait que l’on reconnaît parmi cent. Dans La grande fabrique de bébés, il le met au service de la plume de Nadja Belhadj qui répond à une question que se posent tous les enfants et à laquelle les parents ont parfois du mal à répondre. Outre le corps de la femme et de l’homme, la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovocyte ou le développement du zygote, ce documentaire détaille ce qui se passe à chaque mois de grossesse dans le ventre de la maman.

Résolument moderne à travers l’illustration et un texte à haute teneur scientifique, il aborde également d’autres manières de « fabriquer » ou d’avoir des bébés : l’insémination artificielle, la fécondation in vitro, la gestation pour autrui, l’adoption. Humour et fantaisie, surtout par le dessin, ne manquent pas. Un livre d’autant plus captivant pour votre enfant si un bébé est annoncé dans la famille.
La grande fabrique de bébés, de Nadja Belhadj et Philippe de Kemmeter (Saltimbanque). À partir de 7-8 ans (avec un adulte à proximité pour répondre aux questions ou éclaircissements que ne manquera pas de susciter cette fabuleuse histoire).



Michel Torrekens

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