Vie pratique

Randonner les doigts dans le nez

Randonner les doigts dans le nez

CYRILLE, PAPA d'EMILIA, 7 ANS, ET JULIE, 11 ANS

Depuis six ans, une fois par an, Cyrille randonne une semaine seul avec ses filles dans les contrées hors-pistes, déconnecté de la ville, des écrans et du confort. Foulons ces sentiers ressourçants ensemble.

► Pourquoi ce choix ?

« Pour plusieurs raisons. D’abord, parce que c’est ce que j’ai toujours préféré faire avec mes parents et mon frère. C’était de chouettes moments. Ceux où mes parents étaient les plus disponibles. Je fais pareil. Pas d’écran, j’allume le téléphone juste une fois par jour. C’est donc un moment que l’on passe pleinement ensemble, mes enfants et moi. »

► Là où tout a commencé

« J’ai commencé à emmener ma fille aînée randonner à l’âge de 5 ans. À cet âge, convaincre n’est pas compliqué : ‘On va dormir pendant une semaine sous la tente’ et c’est gagné. La première difficulté, c’est quand elle a réalisé qu’on n’allait faire que marcher toute la journée. Le truc, c’est de faire des tonnes de pauses. Nous, on s’arrêtait tout le temps. Pratiquement toutes les demi-heures. Pour jouer. Pour regarder les insectes. Les paysages, la belle chaîne de montagnes, les beaux lacs ? Les enfants s’en fichent totalement. Ce qui a fonctionné ? Que j’accepte que mes filles imposent le rythme. Je visais 12 kilomètres par jour. En réalité, nous étions plutôt à 8-10. Les gamines fatiguent vite avec leurs petites jambes. »

► Les trucs qui fonctionnent

« Tout présenter comme un jeu. Mes filles aiment marcher et n’ont pas besoin de carotte pour les faire avancer. J’ai, en revanche, randonné avec d’autres qui avaient besoin de davantage de motivation. Alors on redouble d’inventivité. Les ni oui-ni non, les devinettes. Ce qui marche bien aussi, ce sont les histoires. Raconter des films entiers que l’on a vus. Star Wars, par exemple, vous avez le temps de dérouler toute la saga. Et pour le soir, j’emporte un livre. De préférence, un personnage qui est toujours dans une situation plus inconfortable que la leur. Tom Sawyer, c’est l’idéal. »

► Côté préparation

« Pour la première fois, j’ai choisi des itinéraires pas trop éloignés des routes. Si jamais on se prend une grêle, on peut rejoindre la civilisation assez vite. Je pense qu’il vaut mieux pour les premières fois partir sur des chemins bien balisés. Il y a suffisamment de choses à gérer. Si, en plus, vous vous perdez, ça peut vite ne plus être drôle du tout. Les dénivelés ne sont pas trop un frein, les filles s’ennuient sur le plat. Je prévois un endroit sympa pour l’arrivée, avec un point d’eau. Une fois le campement établi, les enfants vont pouvoir jouer.
À prévoir également : plein de nourriture. Les enfants mangent tout le temps, à chaque pause. J’ai toujours une autonomie de deux jours et demi de bouffe dans mon sac. Goûter et repas. Tartines le midi, soupe le soir. Enfin, à la fin du séjour, je termine sur un camping avec piscine qui fait de la petite restauration. Après cinq jours de randonnée, ça leur apparaît comme le confort ultime. »

► Côté matos

« Faire simple. Inutile de faire de gros investissements, une partie du matériel se renouvelle à chaque saison. Pour ma part, j’achète soit les bonnes gammes de Décathlon, soit d’occase. Il faut donc penser à tout ce qui est tente, chaussures, duvets, sac à viandes, couteau multifonction, boussole, cartes, essuies, maillots de bain, coupe-vent imperméable, un pull chaud par personne, réchaud, bols, couverts, rouleaux de PQ, crème solaire, casquettes, lunettes de soleil, crème pour les piqûres. Je trouve que le site de la Fédération française de randonnée est très complet et hyper pratique. »

Les bons plans de la fédération française de randonnée

► Les bonnes surprises

« Contrairement à ce que je redoutais, la question de les occuper n’est pas problématique. Les enfants redécouvrent plein de choses simples et s’émerveillent d’un rien. J’ai le souvenir qu’une fois entre cousins-cousines, ils partaient dans des jeux très primitifs avec des branches et des cailloux. L’eau, la terre et les pierres, et c’est parti pour des heures entières. Ce qui me semble aussi très important pour les enfants, c’est cette valorisation constante que les personnes leur renvoient. Tout le monde les félicite : ‘Eh ben, tu as marché tout ça ? C’est incroyable’. Ils en ressortent endurcis et fiers, remplis de chouettes souvenirs. »

PAROLE D'EXPERT

Des vacances sur-mesure, la liberté

Ce type de vacances que décrit ce papa, c’est une vraie liberté de plus en plus prisée par les familles depuis le covid. On voit régulièrement des groupes de parents, d’ami·es qui expérimentent, qui réinventent. Et sur les sentiers pédestres et sur les voies cyclables.
D’ailleurs, ce que l’on voit de plus en plus, c’est ce type d’escapade associée à des envies gastronomiques ou culturelles. Du sur-mesure. Pour des publics différents. Même avec de jeunes enfants, on voit que les propositions de jeux d’exploration, de balades typiquement pensées parents-enfants, voire rando-poussettes, sont très recherchées. Le « toutou tourisme » explose aussi, avec balades et lieux d’hébergement pensés pour nos amis à quatre pattes. Plus que jamais, l’offre s’adapte aux demandes.