Vie pratique

Vacances actives, vacances heureuses

Vacances actives, vacances heureuses

JORDANE, MAMAN DE LUCA, 11 ANS, FRANÇOIS, 14 ANS, ET MIKE, 16 ANS

Vous avez peut-être déjà entendu parler de ce concept synthétisé à merveille par un anglicisme, encore un, le workaway. Nous l’avions déjà évoqué à travers différents projets par le passé, mais n’avions encore jamais rencontré de parents adeptes de cette pratique très gagnant-gagnant, pour ne pas dire win-win.

► Pourquoi ce choix ?

« Je suis prof et maman solo de trois garçons qui ont toujours besoin d’action. J’ai beaucoup de temps l’été et très peu de famille. Et encore moins de point de chute. Avec mon ex, on multipliait les séjours en agriturismo (fermes qui proposent gîte et couvert, parfois contre de menus travaux), choisissant ceux qui font vraiment travailler. Pour une raison de budget surtout. C’est resté une habitude. J’ai entendu parler d’un château à rénover. Puis de tel agriculteur qui ouvrait ses portes l’été. On voyage comme ça pendant deux mois. Eh bien, vous savez quoi ? Travailler en vacances, il n’y a rien de plus reposant. »

► Là où tout a commencé

« Notre première escapade à quatre, c’était pour nous occuper du jardin d’une vieille maison de plus de quatre cents ans. Nous étions plusieurs hôtes. Coup de bol, assez rare à l’époque, il y avait d’autres enfants. Ça a été des vacances fabuleuses. J’avais besoin de me vider la tête et j’adore travailler la terre. Pas besoin de s’occuper des enfants, ni de penser aux repas et encore moins aux activités. Une seule chose compte, les petites missions au quotidien. Généralement, elles sont suggérées gentiment et ce ne sont pas des travaux d’Hercule. On se retrouve pendant les repas. Les journées finissent tôt, souvent par un apéro qui se prolonge jusqu’à tard dans la nuit. C’est une vie en collectivité. »

► Les trucs qui fonctionnent

« Mieux vaut bien (ré)expliquer les règles aux enfants. On ne paye rien ou presque, nous sommes en vacances, certes, mais nous avons des obligations. Ils comprennent vite, même les plus jeunes. Chacun met la main à la pâte à son niveau. L’idée n’est pas d’en faire des petits corvéables à merci. D’ailleurs, souvent les propriétaires le rappellent : ‘Les enfants, vous êtes d’abord en vacances’. Notre truc à nous, c’est de ne pas multiplier les chantiers. On pose nos valises pour plusieurs semaines. On en fait grand max trois pendant l’été. Au bout d’un moment, ce sont les enfants qui accueillent les nouveaux et nouvelles venu·es et expliquent le fonctionnement du projet. Jouer les gentils organisateurs, ça, ils adorent. »

► Côté préparation

« Ce type de vacances est de plus en plus facile à entreprendre. Il existe plein de sites de chantiers participatifs, d’hôtels auto-gérés, de projets en permaculture, de fermes d’animaux, etc. Tout cela peut se faire partout en Europe. Seul bémol, avec la multiplication de ce principe, plein de personnes mal intentionnées ouvrent leurs portes dans le seul but d’exploiter de la main-d’œuvre gratuite. Il faut vraiment bien se renseigner, s’appeler, se parler, poser toutes les questions pratiques. Je n’ai jamais eu de mésaventure. Mais je me rends compte que de plus en plus, j’établis des sortes de contrat. Où dorment les enfants ? Comment se déroulent les journées ? Qui vient ? Il est important de tout baliser. »

► Côté matos 

« Pour nous, c’est sac à dos pour deux mois. On emporte le minimum. Tout est sur place. Ce qui fait partie des infos à glaner avant de partir : quid des draps, du matériel de première nécessité, de la possibilité de laver le linge, de la vaisselle et compagnie ? »

► Les bonnes surprises 

« À chaque fois, j’oublie les bonds en langues étrangères que font les enfants. De tels séjours, ce sont des séjours internationaux. Donc, on parle anglais quasi tout l’été. Comme nous, on affectionne particulièrement l’Espagne, à chaque fois la fratrie revient avec un bon niveau. L’autre aspect génial, ce sont les rencontres. Depuis le temps que l’on pratique ce type de vacances, on peut le dire : on a des potes partout dans le monde. »

L'AVIS DE L'EXPERT

D'autres formes de tourisme

En Belgique, il n’existe pas encore de grosse demande pour ce type de séjours. Qui sont pourtant largement inscrits dans les mœurs, puisque c’est le principe des agriculteurs qui ouvrent grand leur porte aux scouts ou aux guides. Il existe une forme de tourisme autour de certaines entreprises, comme Visit’Entreprise par exemple. L’occasion de rencontrer des artisans et de voir après si on veut aider en famille. Comment on fabrique de la moutarde, comment fonctionne une brasserie, une chocolaterie ? Voilà comment ce type de vacances peut s’organiser. Là encore, à essayer, à inventer.