« Avec la yourte, j’aime cette impression de vivre dehors… »

Zoé et Roland ont adopté, pour un temps, la vie en yourte avec leurs deux enfants de 2 et 4 ans et demi. Ils ont décidé de construire et d'occuper en famille cet habitat semi-permanent en attendant la rénovation de leur maison.

Derrière une allée d'arbres, un sentier conduit à la propriété. À gauche, une vieille ferme. À droite, un terrain d'un hectare, envahi par les herbes sauvages. Et au milieu, une yourte. Au bout d'un petit chemin d'écorces broyées, la terrasse sur pilotis est garnie de sièges de jardin, d'un bac à sable, de plantations et d'un potager. « On a du persil, du cerfeuil, des brocolis, de la rhubarbe, des fraises, des framboises... », énumère gaiement Zoé, l'heureuse propriétaire. Tout autour, la prairie offre un cadre 100 % nature. C'est l'environnement de leur habitat qui les séduit le plus.

« Ce que j'aime vraiment dans la yourte, c'est le contact avec l'extérieur. Les filles sont toujours sous nos yeux quand elles jouent dans le jardin. On a même peur de perdre ça une fois qu'on sera dans la maison. »

Naissance d'un projet

La vie en yourte n'est que temporaire pour la petite famille. Il y a deux ans, Zoé et Roland ont acheté la ferme avec d'autres couples. Objectif : l'habitat groupé. Ils ont opté pour la grange. Une ruine nécessitant de gros travaux de rénovation. Pour éviter de cumuler le coût du crédit et de leur location à Bruxelles, le couple emménage, avec leur fille, chez les voisins qui occupent une partie habitable de la bâtisse.
Mais lorsque la petite deuxième pointe son nez, la colocation devient inconfortable. « On ne voulait plus cohabiter et à la fois on souhaitait rester dans l'environnement de la maison. On voulait trouver une solution qui nous permette de rester sur le terrain », se souvient Zoé. « La yourte est un concept qu'on connaissait. On avait déjà entendu que cela pouvait être une alternative en attendant la fin des travaux. C'était déjà dans notre tête et puis, ça a germé », enchaîne Roland.

Montage et construction

Fin août, le jeune couple se lance. Ils conçoivent leur projet qui s'implantera sur le terrain commun à tous les propriétaires de l'habitat groupé, derrière la ferme. Ils deviennent alors architectes, entrepreneurs et ouvriers de leur yourte. Ils commandent les toiles, les châssis, etc. Tout sur mesure. Ils reçoivent les matériaux à la mi-décembre.
« C'était l'enfer. On devait venir en bottes. La toile était trop petite. Il fallait sortir pour la remettre et il faisait froid. On n'en pouvait plus ! », raconte Zoé.
Ils montent la yourte en un gros week-end avec l'aide d'amis. Mais il leur faudra un mois pour l'aménager. « On a installé le boiler le 31 décembre au soir, à nous deux », ajoute Zoé, amusée. « Et quand on a aménagé, il neigeait. Il faisait tout blanc. C'était chouette. C'était joli », s'émeut encore Roland.
Les mois ont passé. Les mésaventures du montage les font désormais sourire. La petite famille est à présent bien installée dans son habitat semi-permanent.

Tout le confort moderne

En écartant les rubans colorés de la porte qui s’agitent sous la brise, on découvre l'intérieur de la yourte principale, environ 50 m². Naturellement éclairée par le puits de lumière qui émane du « toono », au sommet de la yourte, et de la large baie vitrée qui offre une vue dégagée sur l'extérieur, la pièce de vie offre une impression d'espace.
Derrière le chat affalé sur la table familiale, on voit la cuisine made in seconde main. Elle est équipée d'une cuisinière au gaz de récup' avec son four, d'un évier et d'un frigo vintage. « Oui, on est raccordé en eau et en électricité à la maison ». Seule la machine à laver est restée dans le bâtiment en travaux. « On a tout le confort moderne. Le camping, c'est rigolo pour le week-end. Mais avec des petits, on n'avait vraiment pas envie de ça ! »
Sur une mezzanine, Zoé et Roland ont installé leur lit et des rangements. En dessous de la chambre parentale, un dressing conduit à la salle de bain, tout aussi complète, dotée d'une baignoire, d'un évier et d'une toilette sèche qu'il faut vider tous les trois jours. Il y a encore toute la place devant le miroir pour l'atelier maquillage de Claire et Alice, les « jeunes demoiselles ».
Après réception d'un droit de passage, les princesses acceptent de faire visiter leurs appartements. Leur chambre est établie dans une deuxième petite yourte annexe de 12 m² que leurs parents ont fait construire deux mois après leur emménagement. « Au début, elles dormaient dans le dressing. Mais ce n'était pas possible sur le long terme. On avait besoin de cet espace de rangement. »

Un espace cosy et chaleureux

Si la yourte est de forme arrondie, les parois intérieures droites facilitent l'aménagement et la décoration, tantôt pratique, tantôt esthétique. Un buffet, un canapé, des cadres... Les jeunes parents ont habillé leur intérieur dans leur style, avec leurs meubles. « On a réussi à l'aménager dans nos goûts, sans que ce soit trop bohème. Ça reste assez moderne. »
Pour chauffer ce petit monde l'hiver, un poêle à pellets a investi la pièce de vie. « C'est le gros investissement avec la mezzanine et les sanitaires ». Si le concept est originaire de Mongolie, l'habitat léger s'est exporté et adapté au climat européen. « C'est une yourte quatre saisons avec du plancher et un pourtour de 10 centimètres d'isolant ». L'espace est très vite réchauffé, tout comme il s'aère rapidement l'été.
La toile et le bois rendent l'intérieur chaleureux et permettent d'étouffer le son. « On ne s'entend pas quand on est dans la salle de bain alors qu'on entend tout ce qui se passe dehors, les oiseaux, les chats... Mais quand il pleut fort, on ne s'entend plus. Ça devient une tente. C'est rigolo », s'amuse Roland.

Comme d'habitude…

La petite famille s'est rapidement adaptée à son nouveau cadre de vie. « Ce n'est pas si particulier. Avec les filles, les habitudes n'ont pas beaucoup changé. En quelques jours, tout le monde avait pris ses marques », explique Zoé. « C'est même plus facile. Dans une maison, on est plus déconnectés. La salle de bain et les chambres sont à l'étage. On doit toujours accompagner les enfants. Ici, tout est dans le même espace, relativement réduit. Il y a beaucoup de proximité, c'est plus pratique », précise Roland. « C'est comme un petit cocon. C'est facile de mettre les enfants au lit car on est toujours en contact. »
Il n'y a pour le couple qu'un seul inconvénient à cet habitat temporaire : « Beaucoup de gens veulent la visiter… et même y venir loger », plaisantent-ils. Une fois installés dans leur maison, ils pensent trouver facilement des amateurs ou des touristes pour louer leur yourte à court ou moyen terme.



S. G.

En pratique

Ce que Zoé et Roland ont payé…

  • Achat grande yourte (murs, toit, châssis, toiles et isolant) : 13 860 €
  • Achat petite yourte : 7 560 €
  • Plancher pour les deux yourtes (bois + isolant) : 3 000 €
  • Mezzanine, escalier et parois : 1 300 €
  • Raccordement et installation eau et électricité (câble, prises, tuyau, boiler) : 2 100 €
  • Terrasse : 800 €

Plus d’infos

Tendance

La yourte vous tente ?

Les yourtes commencent à éclore en Belgique. Mais la législation reste floue sur cet habitat, tant à Bruxelles qu'en Wallonie.
À moins de pouvoir être assimilée à un abri de jardin, dispensé de permis, la yourte risque d’être considérée comme une installation mobile, « telles que roulottes, caravanes, véhicules désaffectés et tentes » qui requiert un permis d'urbanisme, selon le Code wallon de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme, du patrimoine et de l’énergie (Cwatupe).
Il n'est pas autorisé de se domicilier dans une yourte à moins qu’elle soit un habitat temporaire. Plusieurs associations font pression pour que le nouveau Code du développement territorial wallon (CoDT) lève les pressions administratives sur ce type d'habitat, perçu comme une alternative à l'acquisition immobilière devenue coûteuse pour les moyens revenus.

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