Développement de l'enfant

Complainte du parent assis entre deux chaises

L'ENFANT PAS À PAS

Les places sont chères et beaucoup de parents n’ont pu trouver un milieu de garde dans les temps que requiert la remise au travail au terme du congé de maternité prévu par la Sécurité sociale. Les inventions de solutions sont variées et mobilisent de multiples ressources sympas, mais elles ne sont pas nécessairement simples pour les bébés qui doivent parfois s’adapter à plusieurs lieux et personnes.

Outre l’insuffisance des places d’accueil, le système instauré dans certaines structures rend l’accès encore davantage difficile : le souci de continuité auprès de l’enfant par des « puéricultrices de référence », depuis son entrée jusqu’à sa sortie de crèche, impose que les bébés y entrent de façon groupée, à des périodes précises de l’année. Plus de rentrées au compte-gouttes, correspondant au moment exact de la reprise du travail de la maman. Certains petits doivent parfois attendre deux ou trois mois avant de rejoindre un groupe qui « redémarre ». Alors, bonjour la continuité pré-accueil ! Un jour chez mamy, un jour chez tantine, un jour chez les autres grands-parents…
Dès lors, et de façon plus habituelle encore depuis la crise du Covid, bien des parents travaillent aussi à la maison tout en gardant leur bébé. Formule compliquée, même si le plaisir d’avoir son petit auprès de soi semble représenter un plus par rapport à la séparation qu’impose la crèche.
Mais comment se sentir zen alors qu’on est assis entre deux chaises, que la disponibilité au bébé doit composer avec les impératifs du travail ? Comment ne pas se vivre dissocié dans cette double position de travailleur et de parent ?
Un papa me disait récemment : « C’est moche car on n’aspire qu’à une chose, c’est que son enfant dorme le plus possible et le plus vite possible après les temps de jeu ou de repas, car le travail doit se faire, enfant ou pas. »
Système à l’image de ce qui est épuisant dans nos organisations ? Dans la tête, on est déjà au programme futur ou à l’activité suivante, alors que le moment présent est à peine éprouvé et donc pas même encore « goûté ».
Comment imaginer que les petits ne ressentent pas cette saturation du temps, cette précipitation des impératifs et des délais ? Comment ne pas les entraîner dans cette course inconfortable où les pieds du sprinteur évoluent sur deux chemins en même temps ? Sans qu’un temps ne soit donné à la contemplation de la vie qui se développe, des progrès qui s’engrangent, des découvertes qui s’accumulent au jour le jour.
S’occuper d’un petit demande du temps et de la présence. Être coincé entre deux tâches génère de la frustration et de l’insatisfaction. Et nul ne rêve de donner pareille image de la vie à sa progéniture.
Peut-être que s’offrir de petits espaces pour ralentir le temps et prendre quelques moments pour observer son petit qui grandit si vite permet de se dire parfois « J’en ai bien profité ».

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