Loisirs et culture

Dans un précédent Ligueur, nous vous présentions des contes traditionnels du monde entier. Cette semaine, place à des contes revisités, complètement décalés, qui prennent les classiques à contre-pied.
► Ceci est un conte
Le titre à la Magritte, déjà, ne manque pas de piquant. Et la couverture, avec cette gamine délurée à couettes, menacée par la silhouette d’un loup et amusée par un petit lapin blanc rondouillet, en dit déjà beaucoup. Dans leur collection Petites histoires nordiques, les éditions Versant Sud nous proposent à nouveau un album suédois de belle facture et complètement décalé.
Les autrices scandinaves ont l’habitude de nous présenter des héroïnes espiègles, impertinentes et bourrées d’humour, à l’image du précédent album de Sanna Borell intitulé malicieusement Trop gentilles. Avec ce nouveau livre, elle joue des codes du conte même si des éléments structurels de ce type de récits apparaissent comme la forêt profonde ou un loup et même une meute de loups. Le texte bouscule aussi nos habitudes puisqu’il interpelle régulièrement l’enfant lecteur. Discrètement, il fait aussi quelques allusions au Petit Chaperon rouge ou à Alice au pays des merveilles. Surtout, d’une page à l’autre, il est truffé de rebondissements et retournements de situation, complètement surréalistes parfois. Enfin, cette histoire nous apprend que nous ne nous méfions jamais assez des petits lapins blancs…
- Ceci est un conte, de Sanna Borell (Versant Sud). Dès 4 ans.
► Les contes palpitants des sept ours nains
Les éditions Seuil jeunesse fêtent leurs trente ans. Voilà de quoi se payer une bonne tranche de rire avec les sept ours nains d’Émile Bravo. Quatre récits déjà publiés entre 2004 et 2012 sont ainsi réédités en un volume.
Dans leur cabane en bois, dont se moque un cochon de passage, les sept ours nains vont croiser des personnages bien connus de contes traditionnels, mais revisités : le chat aux bottes fourrées, le petit chaperon rouge qui est la fille du père Noël, Blanche Neige en bigoudis, Peau d’âne et Peau d’ours, Cendrillon qui laisse passer les douze coups de minuit, etc., etc.
La télévision viendra également perturber leur quotidien déjà pas mal chamboulé. Cet album est aussi une manière de s’initier à la lecture de BD, ici en format horizontal. C’est cocasse et impertinent. Un grand délire qui peut être apprécié sans nécessairement connaître les contes évoqués.
- Les contes palpitants des sept ours nains, d’Émile Bravo (Seuil jeunesse). Dès 6 ans.
► La princesse Ortie
L’avez-vous vue avec son regard frondeur ? On la devine en train de mijoter déjà son prochain mauvais coup. La bien-nommée Ortie n’a rien de ces princesses alanguies, de ces belles au bois dormant, attendant désespérément un prince charmant. Ortie déteste « enfiler des robes de bal pour danser avec des imbéciles de princes » (sic). Même les dragons et les trolls ont intérêt à se méfier d’elle. Et quand, finalement, elle rencontre un prince, eh oui, même elle, elle jette aux… orties les clichés et renverse les codes de genres, le damoiseau se retrouvant en slip ! Une histoire rigolote et féministe qui pique aussi là où il faut.
- La princesse Ortie, de Frédéric Maupomé et Marianne Barcilon (Kaléidoscope). Dès 4 ans.
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