Loisirs et culture

De page en page, d'île en île

L’hiver pointe le bout du nez, le froid se répand, les jours raccourcissent, le coronavirus bouleverse le quotidien des grand·e·s et des petit·e·s. Pas cool tout ça. Aussi avions-nous envie d’ouvrir les horizons et d’embarquer vers des îles…

► Si loin de Noël

Ce bel et grand album, idéal pour les fêtes, s’ouvre sur un large paysage maritime qu’on imagine à des milliers de kilomètres de notre Belgique. Un océan et un ciel bleu ultramarin servent de cadre à un ruban de sable posé sur la ligne d’horizon. Cette île minuscule plantée de quelques palmiers est un lieu oublié de tous, y compris du père Noël, ce qui désespère les quatre seuls habitants de ce coin du bout du monde : un singe nasique, une tortue, un crabe et un pélican. Ils observent la mer et attendent que le père Noël descende du ciel. En vain. Tristes tropiques. Jusqu’au jour où une malle en bois s’échoue sur la plage et donne des idées au singe qui y découvre quelques objets insolites.
Instituteur, Gilles Baum livre ici une histoire totalement inattendue, qui mêle imagination, générosité et camaraderie. Il y a huit ans, il a rencontré Thierry Dedieu, un baroudeur du livre jeunesse, à l’œuvre protéiforme, qui se renouvelle à chacune de ses publications. Il est notamment l’orfèvre de la collection Bon pour les bébés, toujours chez Seuil jeunesse. Il s’agit d’une dizaine d’albums grand format en noir et blanc, très lisibles pour les 0-3 ans, dont certains s’inspirent de ritournelles célèbres. Cette fois, il utilise généreusement l’espace en proposant de gros plans sur les quatre compères qu’on n’imagine pas a priori concernés par la magie de Noël. Et pourtant…
Si loin de Noël, de Gilles Baum et Thierry Dedieu (Seuil jeunesse). Dès 4 ans.

► L’île aux deux crabes

L’histoire de L’île aux deux crabes combine la force narrative et intemporelle d’une légende traditionnelle transmise dans une des vingt-huit langues kanakes de Nouvelle-Calédonie et le graphisme moderne de Loïc Gaume, Français basé à Bruxelles. Le dôme rouge de l’île sur la couverture revient sur chaque illustration. Planté sur l’océan, il sert de point de repère à tout un jeu de lignes épurées, réhaussées d’aplats économes en couleurs et aux formes très sobres. Un dispositif qui contraste avec le côté immémoriel du conte : il y a bien longtemps, en guise de cadeau d’adieu, Madame Bouba décide d’offrir plumes, écailles ou poils aux animaux alors nus de l’île. Telle une divinité originelle. Deux étourdis, un bernard-l’ermite ainsi qu’un crabe de cocotier, ratent l’aubaine… Un conte à lire au coin du feu.
L’île aux deux crabes, de Sylvain Alzial et Loïc Gaume (Versant sud). Dès 5 ans.

► L’incroyable machine à liberté

Voilà un bel album qui tranche avec l’époque confinée. Une petite fille, accompagnée d’un cochonnet en guise d’animal de compagnie, vit seule au bord de l’océan. Elle découvre d’étranges machines qui voyagent sous mer et dans les airs. Jules Vernes, Salvador Dali et surtout Léonard de Vinci ne sont pas loin. Comme elle grandit dans « un monde couturé de frontières », elle rêve de se fabriquer pareil engin à explorer le monde en toute liberté.
La nature environnante contribuera à réaliser son rêve et à l’entraîner dans des univers paradisiaques que peint somptueusement l’artiste Matt Ottley. Couleurs, décors, jeux de perspectives donnent corps à ses découvertes. Pourtant, de discrètes allusions rappellent que le réel n’est pas si rose et la fin de l’histoire nous ramène à la réalité d’un enfant en un bel hommage à la lecture, autre incroyable machine à liberté.
L’incroyable machine à liberté, de Kirli Saunders et Matt Ottley (Kaléidoscope). Dès 4 ans.



Michel Torrekens

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