Loisirs et culture

Des livres pour lire comme des grandꞏes

Le prix Versele de littérature jeunesse ne reprend pas de livres pour enfants en bas âge et pour cause : ceux-ci ne peuvent pas émettre de vote ! Mais, conscientꞏes de l’importance de ces ouvrages, les membres du comité aiment en épingler quelques-uns chaque année dans une catégorie appelée Petits Choux pour petites chouettes !

Au plus tôt les enfants croiseront des livres, au plus ils seront sensibilisés à la lecture d’images ainsi qu’au livre, cet objet étrange détenteur de tant d’histoires. Pour les petitꞏes, les livres aident à l’imprégnation langagière et offrent un autre rapport au réel. Il y a foison d’ouvrages de qualité tant au niveau littéraire que visuel et graphique, aux formats variés, qui abordent des sujets tendres, qui sont comme des « caresses auditives », en particulier au moment du coucher, et qui créent une bulle d’émotion entre parents et petits bouts. À peu près toutes les maisons d’édition ont développé ce secteur porteur. On ne reviendra pas sur les livres de Jeanne Ashbé à L’école des loisirs qui est devenue une référence en la matière. Entrouvrons simplement quelques nouveautés, côté tout-cartons et côté imagiers.

Le carton, c’est pas du bidon

On le sait, les enfants en bas âge aiment manipuler, triturer, voire sucer. Outre les livres en tissus, les albums tout-cartons répondent à ces tendances infantiles. Ils ont aussi l’avantage de bien tenir en mains. Autre caractéristique du genre : les angles en carton sont souvent arrondis pour ne pas blesser les petits doigts ! Mais le côté pratique de l’objet ne suffit pas pour susciter une vraie appétence pour la lecture même si les petitꞏes ne « lisent » pas encore « pour de vrai ».
Les éditeurs veillent à offrir une vraie proposition narrative, à la fois à travers un texte porté par la voix du parent et une initiation certes basique, mais essentielle à la lecture d’images. Car le goût du livre naît d’une familiarisation avec l’objet-livre, mais avec aussi la découverte du récit avec son déroulé, du suspens, une chute, etc. Voire d’une comptine…
C’est ainsi le cas avec les éditions Rue du monde et leur collection de comptines traditionnelles inaugurée en 2014 : Les petits chaussons, du nom de l’artiste qui en est l’orfèvre, Julia… Chausson. Seize titres à ce jour, dont Meunier, tu dors, parmi les plus récents. Le parent peut donc lire ou chanter le texte. Celui-ci viendra enrichir le bagage culturel de l’enfant, tout en l’inscrivant dans une tradition qui se transmet depuis de nombreuses générations.
Il découvrira aussi une autre tradition, celle de la gravure que l’artiste maîtrise parfaitement par sa concision et son efficacité. Deux tons dominent chaque titre et les couleurs choisies sortent de l’ordinaire et élargiront la palette habituelle rencontrée par les enfants. Julia Chausson dynamise aussi la lecture par le mouvement qui anime ses gravures et termine à chaque fois par un clin d’œil ou un pied de nez bien sonore. Au parent d’y mettre l’effet nécessaire !

C’est un autre concept que propose Matthieu Saintier pour les éditions Le Diplodocus. Le titre Cru Cuit est on ne peut plus clair. Jouer d’une opposition revient souvent dans les livres pour les toutꞏes-petitꞏes. Ici, marquer le passage du cru au cuit répond bien à une découverte de la vie quotidienne. Il y est question de châtaigne, fromage, tomate, maïs, etc. Et l’auteur a opté pour la photographie et des scènes évocatrices. Chaque double-page cartonnée en présente deux en opposition.

Des images plein les pages

Au contraire de Magritte qui écrivait sous le dessin d’une pipe, Ceci n’est pas une pipe, les imagiers suggèrent aux enfants qu’un mot peut être associé à une réalité, mais aussi à sa représentation sur papier.
Ce sont plus de 170 mots que déroule la Verviétoise Anne Crahay dans Mon premier grand imagier (Albin Michel jeunesse). Onze univers (animaux, légumes, fruits, salle de bain, vêtements…) sont ici déclinés dans un album grand format. Chaque élément, très stylisé, est nommé. L’enfant peut aussi s’amuser à retrouver une petite fourmi rouge qui se glisse de monde en monde.

Premier livre d’une autre Belge, Marina Philippart, chez Albin Michel jeunesse, 1, 2, 3, miam ! fait partie de ces tout-cartons qui tiennent à la fois du livre à compter et de l’imagier. L’ours Nita a « une » noix de coco, Georges le canari « deux » bananes, Félix le renard « trois » oranges et ainsi de suite jusqu’à « dix », écrits en lettres et en chiffres. Un livre qui propose une galerie d’animaux, de fruits, de couleurs, célèbre l’amitié et la joie de lire, tout en apprenant à compter avec gourmandise.

Les imagiers sont aussi l’occasion de partir à la découverte d’univers fabuleux comme celui de la jungle. Dans sa collection Mon imagier à raconter, Albin Michel jeunesse toujours vient de proposer Les animaux de la jungle de Raphaële Glaux et Marguerite Courtieu qui avaient déjà signé Les animaux de la ferme et Les animaux sauvages. Une page, un animal et, en face, une scène dans son milieu de vie. Différents biotopes sont ainsi esquissés à hauteur d’enfant. D’une belle patine, ce tout-carton d’éveil va un peu plus loin dans le récit et conviendra bien à des enfants d’un peu plus de 1 an.

Quelques livres encore pour toutꞏes-petitꞏes ? Découvrez « Tes parents, ils sont comment ? » de Bénédicte Rivière et Marguerite Courtieu (Casterman) ou « Petites merveilles » d’Agnès Domergue et Clémence Pollet (HongFei) et d’autres encore dans notre chronique hebdomadaire « Lire, ça m’dit »

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