Santé et bien-être

Du repas du soir… au coucher

Quand le clan se retrouve

Papa flic

Fin de journée, j’aime bien aborder les devoirs de façon un peu sereine. Pas en pleine crise. Je relis juste, je vérifie que tout soit fait. C’est le moment où rentre mon compagnon. Il est beaucoup moins patient avec sa fille. Ils ne se comprennent plus du tout. C’est devenu un problème. D’un côté, il incarne l’autorité, mais de l’autre, il n’assure pas du tout sur le plan affectif. Il vaut mieux un flic ou un père, à votre avis ?
Léa, maman d’une ado de 14 ans

Grosse voix, gros yeux

Ah, chez nous aussi, c’est le moins patient des deux ! J’explique beaucoup plus les choses à ma petite, je lui donne des ultimatums, une chance ou deux avant de la punir. Le papa est plus réactif. Un exemple ? Il est sous la douche, sa fille quitte la salle de bain en laissant la porte ouverte et… il se fâche tout de suite au lieu de demander une première fois, calmement, de fermer la porte. Elle est quand même encore petite ! Bon, la grosse voix, les gros yeux et ça marche. Moi, j’ai parfois un coup de fatigue…un peu de paresse, aussi, et je laisse tomber une ou deux règles.
Sophie, 31 ans, deux enfants, 2 semaines et 3 ans

Décalée et parfois contente de l’être

Pour ma part, je rentre tard. Je suis un peu décalée par rapport au rythme familial. Quand je suis de retour au bercail, souvent mes enfants dorment. Mon mari s’est occupé des devoirs, il les a lavés, leur a fait à manger et les a couchés. La vraie vie de parents, impossible de l’imaginer aujourd’hui. Parfois je les regarde et je me dis que je rate des étapes. Et pour être honnête, parfois je regarde mon mari un peu crevé, et je me dis que mes horaires m’arrangent bien !
Cléo, maman de trois enfants de 3, 7 et 11 ans 

► L’avis de la psy : « Un joyeux pot-pourri »

Chaque parent doit être à l’aise avec son rôle et bien évidemment avec celui de l’autre. Vous n’êtes pas toujours d’accord, ça ne vous empêche pas de former une équipe. On peut même dire à un enfant : « Tu sais bien que papa n’aime pas trop quand tu fais ça, ne le fais pas quand il est là ». C’est quand l’un prend le pouvoir qu’il y a un problème. Chacun doit céder un peu sur son modèle éducatif. Tout cela est une sorte de pot-pourri. Aucun des deux ne doit être frustré pour des questions liées à l’éducation, il faut donc beaucoup de souplesse. Enfin, n’oublions pas les mamans qui élèvent seules leur(s) enfant(s). Même sans mari, une maman doit faire en sorte d’apporter une image positive du père à ses enfants. C’est important. On ne peut pas être seul comme modèle éducatif pour un enfant. Ce qui nous ramène au fait que la famille doit être ouverte sur d’autres modèles que le sien. Eh oui, quelle complexité, la combinaison familiale !

Petites disputes avant le souper

Pas de coin

Là aussi, on applique les mêmes règles que la crèche. On ne le met pas au coin. On le fait s’assoir plus ou moins longtemps quand il fait une bêtise. Quand c’est fini, on lui demande s’il a compris et on repart sur autre chose, jusqu’à la prochaine ânerie.
Ambre, un petit garçon de 20 mois 

Ça a commencé par un amusement… 

La plupart des disputes, chez nous, c’est quand mes fils jouent ensemble. Ça finit en bagarre. Alors, je leur dis : « Ça a commencé par un amusement, ça doit finir par un amusement ». Parfois, mon mari et moi, on les punit. On les fait s’asseoir chacun de leur côté et c’est celui qui se sent le plus fautif qui va s’excuser jusqu’à ce que l’autre lui pardonne. C’est une façon de les réconcilier et surtout de réinjecter un peu de justice. Je ne veux pas que l’un soit puni injustement au détriment de l’autre.
Fatima, maman de deux garçons, 6 et 10 ans

La bagarre permanente 

Mes deux fils aînés se chicanent. Le plus petit casse un gadget électronique et c’est parti. Le premier est studieux, l’autre est un voyou ! Et ils se tapent dessus de façon très violente. Nous sommes désemparés, mon mari et moi. Ça va jusqu’à des assiettes qui volent. On a beau gronder, punir, ils continuent à se jeter des trucs au visage.
Fanta, maman de quatre enfants de 6, 8, 12 et 15 ans

► L’avis de la psy : « Les disputes, c’est positif »

Hé oui, la famille, c’est aussi un terrain d’expérimentation. Dans la fratrie, on teste un peu son pouvoir. Je pense qu’il faut essayer d’établir au mieux les mêmes règles pour tous les enfants. Ce n’est pas toujours facile. Les disputes, c’est une tentative d’affirmation de soi. Une négociation. Les enfants ne s’arrêtent pas à ça, ils passent vite à autre chose, ils se réconcilient vite. Et surtout, ça ne veut pas dire qu’ils ne s’entendent pas. Ils seront peut-être copains plus tard. Les parents doivent aussi accepter qu’ils soient très différents. Il existe plusieurs styles au sein d’une même famille et c’est très bien. Il est important de ne pas projeter son idéal à travers ses petits et ne pas chercher à dicter qui ils seront plus tard.                                             

On s’explique autour de la table

Chacun gère ses enfants

Le plus compliqué pour nous, c’est la problématique de la famille recomposée. Mon mari est à la fois un papa et un beau-papa. Il faut donc gérer avec les règles des uns et des autres et de faire tourner la maison de cette façon. Les repas à telle heure ici et à telle heure là-bas. Ça implique un changement de rythme à chaque fois. Il faut que ça se passe dans le respect mutuel et mon compagnon a parfois du mal à passer d’une casquette à l’autre… et moi aussi ! Chacun arrive avec un cadre différent. J’ai essayé de me dire que je pouvais gérer tout le monde, en vain. Au final, chacun gère ses enfants, c’est bien.
Virginie, quatre enfants plus deux beaux-fils de 6 à 18 ans

Madame Dialogue et Monsieur Action 

Mon mari est fils unique. Il n’a donc aucun modèle de fratrie. Même si avant d’avoir des enfants, il me voyait agir avec mes treize neveux et nièces. Il parle beaucoup avec nos fils. Il explique plus que moi. J’incarne l’action, lui, le dialogue. Les relations conflictuelles sont rares. On se fâche, on s’explique. Il part du principe qu’on ne sait pas comment l’enfant nous voit et que c’est en dialoguant avec lui qu’on comprend mieux.
Fatima, maman de deux garçons, 6 et 10 ans 

► L’avis de la psy : Expliquer, oui… mais pas que ça

J’aime l’idée qu’il existe un temps pour expliquer et un autre pour trancher. Les enfants transgressent quand ils n’intègrent pas le cadre. On explique les règles sociales. On peut expliquer le pourquoi du comment. Après une punition : « C’est parce qu’on t’aime ». Parce qu’on veut qu’il devienne un adulte qui vit le mieux possible dans cette société. Ça demande de l’amour, parce que ce n’est pas simple. Il s’agit de se fier à son bon sens. Après, expliquer, oui… mais pas que. Il ne faut pas que ce soit le début d’une discussion sans fin. Surtout chez les ados. Ils ont besoin de temps pour accepter, digérer, inutile de chercher à les convaincre. Il ne faut pas toujours chercher à ce qu’ils comprennent et acceptent. Éduquer, c’est semer des petites graines. Il faut attendre qu’elles grandissent. Il faut être patient car les choses mettent du temps à être intégrées par nos enfants. Et du bébé à l’âge adulte, il y en a des choses à assimiler. Ça peut prendre du temps.

Allez, au lit !

Jusqu’à épuisement

Je ne sais pas comment ça se passe chez les autres, mais avec mes enfants, c’est le moment où l’on est le plus tendu. C’est peut-être aussi parce que je le fais peu. J’ai peu de pratique. Il m’est arrivé une fois de quitter la chambre et de les laisser s’agiter jusqu’à épuisement. Je suis revenue deux heures plus tard, ils s’étaient endormis tout habillés. Je vais passer pour une mère indigne ?
Cléo, maman de trois enfants de 3, 7 et 11 ans

On ne se fâche pas 

Chez nous, ce n’est pas un souci : on chante avec les petits, on ne raconte pas d’histoires. Tout le monde ferme les yeux paisiblement. Et on se raconte nos rêves le lendemain. La règle d’or ? Ne jamais se coucher fâchés. Aucun de mes enfants ne s’est jamais endormi contrarié.
Fanta, maman de quatre enfants de 6, 8, 12 et 15 ans

La boule au ventre 

Alors, vous voyez la famille de Fanta ? Nous, c’est pile l’inverse. C’est la porte qui claque, les disputes à tout-va. Elle se fâche avec son père, avec moi, avec ses copines au téléphone même. C’est à se demander si elle n’a pas besoin de se battre avec la Terre entière avant d’aller se coucher. Et le lendemain, elle est plutôt de bonne humeur. Si elle a dormi plus de douze heures, bien sûr…
Léa, maman d’une ado de 14 ans

► L’avis de la psy : Terminer la journée dans l’apaisement

Ce que dit Fanta est très important. J’aime bien l’idée que le coucher soit un moment apaisé. Il est très important, ce temps de la séparation. C’est bien de terminer la journée sur quelque chose d’apaisant. Un enfant ne va pas avancer en étant cassé. Je trouve donc ça très important qu’ils aient du soutien. Comme nous, ils ont besoin de bienveillance. C’est une belle conclusion. On pourrait même parler d’obéissance bienveillante !



Yves-Marie Vilain-Lepage

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