Développement de l'enfant

Et si on leur lâchait la pression ?

Nous vivons dans une société de l'excellence, de la performance et de la compétition : c'est un lieu commun de le dire. C'est à qui sera le plus beau, le plus fort, le plus riche. Et tant pis pour les autres ! Le pire, c’est que c’est déjà vrai pour nos enfants. Mais avec quelles conséquences sur leur plaisir de découvrir ou de grandir ?

À l'école, être juste « comme il faut »

Il y a des écoles dites élitistes et d’autres étiquetées faciles. Dans les premières, si un enfant ne suit pas, on lui conseille d'aller voir ailleurs. C'est grave ! Ces écoles-là voudraient que les enfants soient tous formatés de la même façon : participants, mais pas trop remuants ni trop discrets, des « juste comme il faut », sages et studieux, bien habillés et bien élevés. Or, un des objectifs du décret Inscription est justement de permettre à tous les enfants de se rencontrer sans préjugé, de donner à tous les mêmes chances. Reste à voir s’il y parviendra vraiment…

En sport, si tu joues c’est pour gagner

Là aussi, il faut aussi être le meilleur. Très tôt, les enfants prennent part à des compétitions et se retrouvent avec des agendas de professionnels : entraînements, matchs, déplacements. Ils n'ont plus le temps d'essayer d'autres sports, d'autres activités. Ils ont démarré le foot ou le tennis, mais ils sont peut-être doués pour autre chose, comme l'athlétisme ou la musique ? Peut-être sont-ils de véritables inventeurs et auraient-ils un grand plaisir à bricoler dans l'atelier de papa ou à s'occuper du potager familial ? Mais comme ils ont débuté le foot ou le tennis et que les parents, le club, la fédération ont investi temps et argent, il faut qu'ils continuent malgré eux.

En famille, fais gaffe si t’es dissident !

Il y a les familles foot, les familles lecture, les familles musique, les familles nature, les familles shopping… et les parents ont parfois beaucoup de mal à avoir un enfant dissident. Louis préfère passer son samedi plongé dans un livre sur les papillons plutôt que d'aller au tennis et Cloé a horreur d'aller courir avec la famille. Basile adore le foot et son papa déteste ça, il aimerait plutôt l'emmener en balade. Nous avons envie de faire partager à nos enfants nos plaisirs et nos joies. Parfois, nous avons envie que nos enfants puissent faire ce que nous n'avons pas pu faire, le dessin, par exemple, ou de la danse…

La mode et son pull « de la mort qui tue »

En jeu aussi, les phénomènes de mode : le pull qu'il faut avoir, comme le sac, les chaussures portées par les copines, le jeu du voisin ou le dernier modèle de portable. Il faut les posséder pour être reconnu par les copains. Nous avons parfois du mal à refuser à nos enfants ces objets dernier cri, leur expliquer que les copains seront leurs amis pour d'autres raisons que ce qu’ils possèdent.
Il ne s'agit évidemment pas de faire de nos enfants des sauvages qui tombent de la planète Mars, attifés n'importe comment et qui n'ont accès ni à la télé ni à internet et autres GSM. Les enfants entre eux sont souvent très cruels vis-à-vis de ceux qui sont différents : les gros, les lunetteux mais aussi ceux qui s'habillent trop différemment ou qui ne sont au courant de rien en matière de nouvelles technologies. Notre époque est trop époustouflante pour qu’on les tienne éloignés de tout cela. Mais il nous faut les accompagner dans la découverte de toutes ces nouveautés.

Tous pareils, quel ennui !

En fait, certains pensent qu’il faut être semblable à tous les autres et, en même temps, le meilleur de tous. Dans ces conditions, la seule manière de se différencier, c'est d'être le meilleur dans le meilleur club, dans la meilleure école. Et si, en plus, on est qualifié de haut potentiel, c'est parfait ! Or, tous nos enfants sont à haut potentiel dans quelque chose. Il y a les forts en maths, les forts en gym, les forts en dessin, en musique, en français, celui qui peut faire rire toute une classe, celui qui est attentif aux autres.
La vraie richesse est dans la diversité. À nous, parents, de ne pas tomber dans les pièges de la course à l'excellence. L'exemple venant d'en haut, si nous sommes à l'affût du dernier modèle de tablette ou prêts à faire la file vingt-quatre heures d'affilée pour inscrire notre enfant dans une école ou un club particulièrement réputés, nos enfants feront de même. Alors, aidons notre enfant à trouver ce qu’il a d’exceptionnel, aidons-le à cultiver sa différence, à tracer son propre territoire sans pousser ses frères et ses sœurs et même ses copains, à faire comme lui.



Mireille Pauluis

ZOOM

CES ENFANTS QUI MARCHENT À FOND…

Il y a des enfants qui, très tôt, sont passionnés par un sport ou une activité artistique : ce serait dommage de ne pas les soutenir dans cette passion. Il y a aussi ceux qui sont passionnés par les apprentissages ou ceux qui se donnent à fond dans tout : ce serait dommage de les freiner dans leur élan. L'essentiel est de les aider à garder un certain équilibre. Mais ces enfants ont aussi grand besoin d'avoir des moments de pause, des moments câlins, des moments de rêverie et ils n'en ont pas toujours conscience : ce sont les adultes qui doivent leur proposer une activité plus calme, plus contenue, sinon ils vivraient à du 300 à l'heure toute la journée.

En pratique

Pour l’aider à trouver ce qu’il a de particulier…

  • Évitez les comparaisons entre enfants.
  • Écoutez-les vous raconter leurs découvertes.
  • Emmenez-les dans des lieux différents, sportifs, culturels, récréatifs.
  • Émerveillez-vous de leurs différences et encouragez leur complémentarité.
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