Loisirs et culture

Faire la lumière sur la bipolarité

Dans Interieur nuit, Nicolas Demorand parle de santé mentale, particulièrement de sa bipolarité

LIVRE

Parce que ce livre est un pas vers ma sœur que je ne comprends pas, parce qu’elle l’a reçu en cadeau de notre mère et qu’elle a souligné tout du long les passages qui font le plus écho en elle, parce que ma moitié s’en est saisie spontanément pour aussi mieux comprendre ce mal qui touche un membre de la famille, parce que ce livre met des mots sur un silence qui entoure la maladie. Pour toutes ces raisons, j’ai envie de partager le livre de Nicolas Demorand, journaliste français et co-animateur de la matinale de France Inter, qui n’a certainement pas besoin d’une publicité supplémentaire, mais dont la lecture du livre Intérieur nuit peut aider à mieux comprendre les maladies mentales, à rejoindre les membres de nos familles touchées un peu plus près dans ce qu’ils et elles vivent.
Nicolas Demorand donne immédiatement le ton. « Je suis un malade mental. J’avale tous les jours une grande quantité de médicaments, je vais deux à quatre fois par mois dans un hôpital psychiatrique où l’on me surveille comme le lait sur le feu. Je suis bipolaire, pour employer le mot précis qui a remplacé ‘maniaco-dépressif’. Mon humeur varie entre de longues, profondes, phases dépressives et d’autres, maniaques ou hypomaniaques, infiniment plus courtes, où je déborde d’une énergie malsaine qui me carbonise le cerveau. Dans les moments de stabilité, j’attends avec inquiétude que l’une ou l’autre de ces phases se manifeste ».
Un récit de cent pages qui raconte sans fard le quotidien d’un bipolaire et donne la mesure de la souffrance tant psychique que physique subie. Si le journaliste a d’abord écrit ce livre pour lui, pour sortir enfin de la honte, il le dédie à ses enfants N. et M., 15 et 17 ans, pour qu’ils sachent qui est leur papa. Mais c’est aussi en pensant à tous ceux et celles qui souffrent de maladies mentales qu’il a pris la plume pour que l’errance autour de sa maladie et son expérience servent à d’autres.

  • Intérieur nuit, Nicolas Demorand (Les Arènes)