Santé et bien-être

Help, il ne mange pas ses légumes !

Ses légumes restent plantés sur le bord de son assiette. Froids, ils atterrissent dans notre estomac, dans le compost ou dans la poubelle. Glissés dans la boîte à tartines, ils sont troqués à la récré contre des biscuits à la pâte de noisettes… Pourquoi nos petits choux refusent-ils ces bonnes vitamines ?  

« En grandissant, notre fils devient de plus en plus sélectif à table. Petit, il mangeait pourtant toutes les panades qu’on lui préparait : chou-fleur, brocoli, topinambour… il avalait tout et buvait même de la soupe aux oignons sans rechigner. Vers 2 ans, il n’a plus supporté les peaux des légumes et demandait des carottes et courgettes épluchées. Aujourd’hui, il accepte encore de manger du concombre, mais refuse tout autre légume. Seules les soupes passent, à condition qu’elles soient pleines de boulettes de viande. Mais à part ces deux menus, les légumes sont systématiquement laissés sur le côté de son assiette. J’essaye de l’encourager, je reste à table à côté de lui jusqu’au bout du repas, en vain », raconte cette maman, désespérée de faire chou blanc à chaque tentative de repas équilibré.

Des licornes qui broutent du brocoli

Et elle n’est pas la seule à poireauter à table en espérant que son enfant mange un peu de légumes. « Chez nous, il faut de l’imagination pour que les filles mangent varié, raconte Jo, papa de deux fillettes de 3 et 6 ans. Si on les laissait faire, elles ne mangeraient que des saucisses et des pâtes. Alors, pour les motiver, on sert parfois les haricots dans des cornets à frites, on imagine que les brocolis sont des bouquets de fleurs et mes filles deviennent des licornes qui les broutent… et, parfois, on décore joliment leurs assiettes. Comme on est nuls en cuisine, on compense avec notre imagination farfelue ».
De super idées, mais qui ne peuvent pas fonctionner avec tous les bambins. Parfois, le dégoût du légume est tellement fort et soudain qu’on se demande si notre petit ne nous prend pas pour un cornichon. Eh bien, non, ce serait même normal. Ce dégoût ou cette méfiance face aux aliments a même un nom : la néophobie alimentaire. Et le phénomène est assez répandu chez les enfants.
« La néophobie alimentaire, c’est la peur du nouvel aliment, explique Amal Alaoui, diététicienne pédiatrique à l’ONE. Elle apparaît vers les 18 mois du bébé et touche 80 % des enfants. Ils sont très nombreux à faire face à des dilemmes très sélectifs par rapport aux aliments. »
Mais pourquoi donc leurs goûts changent-ils vers 18 mois ? « Plusieurs explications sont avancées. Selon l’une d’entre elles, ce serait parce qu’historiquement, à 18 mois, l’enfant devient autonome dans sa façon de manger et qu’il aurait gardé cet ‘instinct’ de se protéger face à de nouveaux aliments inconnus. Cette angoisse d’incorporation serait donc un mécanisme de survie qui vient quand l’enfant devient autonome », répond la diététicienne.
Si un enfant nous dit qu’il n’aime pas ou plus ses épinards, il ne nous raconte donc pas de salades. C’est fréquent et ça passe. Mais quand ? « Ça dépend des enfants, nuance Amal Alaoui. Cette néophobie alimentaire peut durer jusqu’aux 10 ans de l’enfant, avec un pic entre ses 4 et 7 ans. »

« Il faut parfois quinze essais avant d’aimer un aliment » 

Et pour que cette période sélective passe, la patience sera la meilleure amie des parents. « D’un point de vue cognitif, l’enfant ne fait pas le lien entre une purée de pommes de terre et une purée de pommes de terre-persil. Il lui faut jusqu’à quinze essais pour aimer une nouvelle saveur », explique la diététicienne.
L’enfant a besoin de temps pour apprécier un nouvel aliment. C’est un apprentissage à faire dans la douceur et sûrement pas dans la menace ni le forcing. « L’idée, c’est de donner un cadre au repas, conseille Amal Alaoui. L’adulte choisit le menu et le moment du repas. L’enfant peut gérer les quantités qu’il va manger. Il faut proposer de tout aux enfants, mais sans forcer. Si l’enfant touche, qu’il sent, qu’il met en bouche et même s’il recrache, c’est déjà un grand effort pour un enfant néophobe. Il faut rester ouvert par rapport à ça ».
Et pour encourager l’enfant, on mange en même temps que lui. Car les petits fonctionnent beaucoup par mimétisme et mangent plus facilement s’il y a une bonne ambiance à table. « Peut-être que l’enfant va juste goûter, peut-être qu’on sacrifiera plusieurs portions de légumes, mais ce n’est pas grave. Si l’enfant mange plus de pommes de terre que de légumes, ce n’est pas grave non plus. Par contre, il faut surveiller la quantité de viande qu’il va manger. En un repas, un enfant peut manger dix grammes de viande par année de vie, pas plus », rappelle la diététicienne. Un enfant de 3 ans aura donc trente grammes de viande dans son assiette. Et s’il mange un peu moins lors d’un repas, notre petit se rattrapera certainement au repas suivant.



E. W.

En pratique

Miam les légumes !

Pour qu’ils soient appréciés, il faut proposer régulièrement les légumes. Alors, on n’hésite pas à varier la forme ou la présentation des aliments. Les légumes peuvent être mangés crus ou cuits à la vapeur, à l’eau, assaisonnés avec des herbes aromatiques ou pas, grillés à la poêle, intégrés dans une tarte, un stoemp ou une soupe !

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