Loisirs et culture

Après des contes traditionnels du monde entier et des contes revisités dans les numéros précédents, nous avons épinglé trois histoires qui commencent par le fameux sésame « Il était une fois… ».
► Le petit robot de bois et la princesse bûche
Il était une fois… « un roi et une reine qui régnaient heureux sur des terres tranquilles. Mais ils n’avaient pas d’enfants ». Quoi ! Comment est-ce possible ? Un roi et une reine (au passage, notons qu’elle a la peau foncée et les cheveux frisés) sans enfant. Appel est lancé à l’inventrice qui réalise un merveilleux petit robot de bois (digne cousin de Pinocchio) et à la sorcière qui insuffle la vie à une bûche. Mais le frère et la sœur ne sont pas des enfants comme les autres, bien sûr. Du coup, il va leur arriver mille aventures incroyables, depuis le château royal jusqu’au Pôle Nord. Ils vont se soutenir l’un l’autre avec beaucoup de courage et être aidés de multiples façons.
Outre le caractère bienveillant des personnages de ce conte et la sympathie qui se dégage de chacun d’entre eux, ce livre dénote dans l’ensemble de la production éditoriale par l’originalité de son graphisme et de sa mise en page. À mi-chemin entre l'album et la bande dessinée, avec des illustrations grande page et petites cases, en bulles rondes, carrées ou rectangulaires, dans un habillage moyenâgeux du plus bel effet, ce livre propose des dessins atypiques et pleins de charme pour raconter cette histoire d'amour inconditionnel entre un frère et sa sœur à laquelle s'ajoute une pointe de magie.
Le petit robot de bois et la princesse bûche, de Tom Gauld (L’école des loisirs). Dès 4 ans.
► La petite poulette verte
Il était une fois… « une petite fille de village, la plus délicate qu’on eût pu voir. Elle était la dernière enfant d’une famille de sept enfants. Elle était si fragile que partout on l’appelait Fluette ». Quand il s’agit de traverser la forêt pour aller porter des galettes chez sa grand-mère, ses frères et sœurs lui refilent la tâche. La voici, petit chaperon… vert, à traverser le bois des hiboux, avec la crainte de rencontrer un ogre ou un loup. Elle croise une vieille dame ratatinée qui la transforme en petite poulette verte de peur. Sa vie se complique quand elle croise une taupe, un brochet, une buse guère compatissants. Fluette se révèle finalement très courageuse et la grand-mère dotée d’une double personnalité. Cette histoire sur le courage, le dépassement de soi, l’identité, revisite des thèmes chers aux contes, comme celui de la métamorphose, en prenant des angles surprenants.
La petite poulette verte, de Béatrice Renard et Anne-Catherine De Boel (Pastel). Dès 4 ans.
► Cendrillon libératrice
Il était une fois… « une jeune fille appelée Cendrillon ». Ce conte est rédigé dans un style on ne peut plus classique. Les silhouettes à l’aquarelle d’Arthur Rackham (1867-1939), illustrateur britannique de premier plan, sont reprises de l’édition anglaise originale de Cendrillon et renforcent le côté rétro de ce livre à la présentation soignée.
Malgré ce côté vintage, Cendrillon libératrice s’écarte des codes moraux habituels du conte pour prendre une orientation moderne annoncée par le titre. Pas de coup de minuit fatidique ici, Cendrillon se chasse toute seule pour ne pas subir l’opprobre sociale. Le prince s’appelle Qu’importe. Les couturières travaillent avec des couturiers. Et « personne n’est bon ou doté de valeur du fait de ses parents, ni mauvais parce que ses parents le sont ». Cette version féministe du conte de Charles Perrault met l’autodétermination au cœur de l’action de l’héroïne.
Cendrillon libératrice, de Rebecca Solnit et Arthur Rackham (Les Arènes). Dès 8 ans.