Développement de l'enfant

Il n'est jamais content

Votre enfant en veut toujours plus? Difficile pour lui d'accepter que les bonnes choses ont une fin. Très ancré dans le moment présent, il lui est toujours pénible d’arrêter une activité. Et a du mal à imaginer qu'il y aura encore d'autres bons jours, d'autres bons moments.

Les parents de Cloé en ont marre. Après une superjournée passée au parc d’attractions, même pas un merci ! Elle pleure parce qu'elle voulait encore une glace. Brieuc est furieux à la sortie de la journée "portes ouvertes" chez les pompiers : il est temps de partir, les parents doivent récupérer un grand frère à la gare et il va rater la dernière démonstration. Il ne supporte pas d'en être privé. Ses parents ne le comprennent pas et sont fâchés.
Dans les grandes surfaces ou les magasins de jouets, on assiste souvent à des scènes de colère d'enfants qui veulent encore un « petit quelque chose ». C’est qu’il y a tant de choses qui font envie : comment résister ?

L'exemple vient d'en haut

Nous vivons à une époque où tout semble être immédiatement possible. Avec notre GSM en poche, n'importe qui peut à tout moment nous appeler, où que nous soyons. Internet permet qu'on nous contacte à travers le monde entier. La Toile nous donne accès à des informations qui apparaissent illimitées. Bon nombre d'entre nous se croient obligés de répondre le plus vite possible à tous ces SMS, e-mails, messages reçus, un peu comme si nous devions être tout le temps disponibles à tous et satisfaire à l'instant à toute demande. Si votre GSM n'est pas ouvert toute la journée ou si vous ne lisez vos e-mails qu'un jour sur deux, on vous regarde comme un original, limite asocial!
Et lorsque nous nous retrouvons dans une galerie marchande ou un supermarché, sommes-nous, nous-mêmes, capables de les parcourir sans faire l'un ou l'autre achat pas prévu sur la liste ? Tout va si vite. Qui n'a pas envie d'avoir le dernier modèle de téléphone portable ou le programme informatique qui vient de sortir ? Qui ne rêve pas d'un petit pull à la mode ou ne convoite pas un des derniers modèles de voiture présentés en avant-première ?

Le plaisir de rêver

Ce n'est que petit à petit que les enfants apprennent qu'on ne peut pas tout avoir, que les bonnes choses ont une fin, qu'il faut parfois attendre un peu avant d'être satisfait.
Le bébé qui vient de naître n'est pas capable d'attendre lorsqu'il a faim ou froid. Cet inconfort est une catastrophe pour lui. Au début, sa mère répond très vite à ses demandes, elle le rassure et progressivement, parce que la vie quotidienne reprend ses droits et qu'elle connaît bien son enfant, elle va le faire attendre un peu, juste ce qu'il peut supporter. Dans ces moments d'attente, parce qu'il sait que sa mère va venir, il peut se mettre à rêver, à imaginer qu'il va avoir du lait, des bras enveloppants…
C'est le début de la pensée. Les parents qui répondent immédiatement aux demandes de leurs enfants, voire qui les devancent, les empêchent d'imaginer, de rêver. De penser.
Si on leur laisse le temps d’imaginer, de former des projets, les enfants vont découvrir le plaisir de se réjouir. C'est le moment où tout est possible! Quel plaisir de faire des projets de vacances, de s'imaginer dans la piscine, de rêver aux activités auxquelles on va s’adonner. Quelle effervescence, à l’approche de la Saint-Nicolas ou de son anniversaire, en faisant la liste de ses envies, de jouer déjà dans sa tête avec les jeux qu’on recevra peut-être.

Pour rendre la fin d’une activité plus douce…

Si la colère s'installe, on peut la comprendre et le dire à l'enfant, lui rappeler qu'il y a droit mais pas n'importe comment : « Nous avons passé une belle journée et c'est bien difficile pour toi qu'elle soit finie. Je te comprends, mais il y en aura d'autres ». Ce qui nous fâche, ce n'est pas qu'il soit en colère mais la manière dont il la manifeste. La colère n'est pas mauvaise en soit: elle est, c'est tout. Ce qui doit être éduqué, c'est son expression.



Mireille Pauluis

BON À SAVOIR

Certains événements peuvent exacerber les moments difficiles que sont les fins d'activités ou rendre plus douloureux encore le refus des parents face à des demandes incessantes. Par exemple :

  • l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite sœur ;
  • la maladie d'un membre de la famille ;
  • si l’enfant a, lui-même, eu un début de vie difficile avec une hospitalisation ou si l'un de ses parents a été malade ou endeuillé lorsqu'il était tout petit ;
  • une maman dont la dépression était importante et pas reconnue quelques mois après la naissance.
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