Développement de l'enfant

Il sort pour la première fois…

Tout est prêt pour passer le meilleur réveillon de votre vie. Cependant, vous n’êtes pas tout à fait tranquille : au moment même où vous embrasserez vos convives sous le gui, votre ado fera la fête pour la première fois avec des copains, loin de la maison. Allons, pas de panique : le Ligueur a compilé quelques conseils de parents et consulté une spécialiste pour vous aider à passer ce double cap en toute sérénité…

L’année dernière, le soir du réveillon, Anna a promis. À 15 ans, son fils était le plus jeune des jeunes mais le plus grand des ados : il s’est retrouvé à table avec les adultes, alors que ses cousins et sa sœur se préparaient à rejoindre leurs amis pour le réveillon. Anna était un peu désolée pour lui.
Mais voilà, l’année a filé. Et, cette fois, Nathan va faire la fête en ville pour la Saint-Sylvestre. Ils vont sortir en bande, avec cinq copains, ils sont plus excités les uns que les autres. « Je regrette un peu, avoue cette maman un peu désemparée, mais je n’ai qu’une parole : ils vont se préparer chez moi et ils sortiront assez tard, pour assister au traditionnel feu d’artifice à minuit. Bien sûr, je lui ferai des tonnes de recommandations ».

Une question de confiance

Encore un nouveau territoire à conquérir : sortir seul la nuit ! Le réveillon du Nouvel An est parfois la première « vraie » sortie des ados. Ils sont en bande, ils se font beaux, l’ambiance est électrique, c’est un carnaval chic et la fête promet d’être grandiose. Au moment d’autoriser cette sortie, le plus important, souligne Cécile Wallemacq, psychologue, c’est que les parents soient prêts à marquer les limites.

Les jeunes ados ont besoin de repères stables, bien assumés par les parents

« Les adolescents sont soumis à une véritable dictature du besoin d'appartenance à un groupe. Il faut qu’ils soient comme leurs pairs, il en va de leur popularité. Bien que ce ne soit pas la règle pour tous, les risques existent, ils sont trop jeunes pour résister aux invitations à boire en excès ou à se mettre en danger. En cherchant à dépasser les limites, ils questionnent celles des adultes, ils font leur boulot d’ados. Il revient aux parents à ‘tenir les murs’, à faire respecter leur décision, même si elle est impopulaire. »
Et le meilleur moyen, c’est d’y aller de manière progressive. « On peut commencer plus tôt en autorisant des boums chez des copains, encadrées discrètement par des adultes, observer comment cela se passe, vérifier qu’ils respectent les horaires, qu’ils n’exagèrent pas avec l’alcool », propose la spécialiste.

Entre permettre et interdire

Mieux vaut ne pas être complètement rigides, autoriser quelques petits dépassements, tout en surveillant, réagir si nécessaire en fronçant les sourcils : « La liberté doit être précieuse pour les ados, ils doivent la gagner. Si le respect est là, on peut lâcher la bride, petit à petit, sinon, on revient en arrière. Il faut que leurs actes aient des conséquences, si tout est gommé, ils auront du mal à apprendre ».
Entre permettre et interdire, difficile de trouver l’équilibre, poursuit Cécile Wallemacq, les jeunes peuvent avancer des arguments qui déstabilisent les parents : « Certains se sentent parfois obligés d’autoriser les sorties alors que cela leur paraît prématuré. Ils sont un peu manipulés par leurs enfants (tous les ‘autres’ peuvent déjà sortir, etc.) ou ils craignent de ne plus être aimés. En cherchant à être copains avec leurs enfants, ils ont du mal à remplir leur rôle d’éduquants. Or, les jeunes ados ont besoin de repères stables, bien assumés par les parents ».

Faire respecter les règles

Intuitivement, des parents attentifs ont une connaissance intime de la maturité de leurs jeunes, ils savent le danger couru par l’un, plus téméraire ou inconscient, que l’autre, qui n’ira jamais se fourrer dans de mauvais plans. « Ils peuvent se faire confiance, écouter leur intuition, tenir leur position face aux manœuvres des ados et à la pression qu’ils s’imposent en culpabilisant d'être de mauvais parents frustrants… Or, la frustration rend les choses plus importantes : l'interdit est vital, il est expliqué mais n'a pas à être argumenté. Il est à poser simplement, sans agressivité, c'est une règle. Quand l'adulte est capable de tenir sa décision, fermement et sans violence, le jeune sent que son parent le fait par amour, qu’il est investi dans son éducation ».
Pour ce qui est de la législation belge, quand il est question des sorties, Infor jeunes rappelle que les boîtes de nuit sont interdites aux mineurs, même s’il est rare qu’on leur en interdise l’entrée après 16 ans. Et avant cet âge, les ados sont autorisés à participer à une fête privée, à une soirée en maison de jeunes, à assister à un spectacle. Mais dans un café, ils se verront refuser les boissons alcoolisées.



A. K.

En pratique

« Tu l’as déjà dit mille fois, maman » !

Pas d’alcool, pas de cannabis, éviter les inconnus, rester groupés… Le soir du passage à l’an 2018, outre les recommandations d’usage, prévoyez avec votre ado le moyen de transport qui le ramènera en toute sécurité à la maison :

  • Compter sur les transports en commun : la STIB et les TEC prévoient un service de nuit gratuit et renforcé : vérifiez les horaires et les trajets.
  • Faire élire un Bob, qui aura la responsabilité d’assurer le rapatriement de ceux qui auraient un peu trop bu… Trucs et astuces sur le site bob.be
  • Solliciter les Responsible Young Drivers : 250 jeunes volontaires vont sillonner les routes de Wallonie et de Bruxelles entre minuit et 6h du matin pour ramener gratuitement les fêtards dans leurs propres véhicules. Infos au 0902 12345 (1 €/min).

Les parents en parlent...

La règle du « Qui et où ? »

« J’ai donné le feu vert à mon fils quand il a eu 15 ans. Il allait à la mer du Nord avec des amis. Ils ont assisté au feu d’artifice, puis ont fait la fête dans l’appartement des parents de celui qui invitait. C’est ce qui m’a rassurée : bien que nous en ayons parlé, je craignais l’abus d’alcool. Je conseille aux parents d’opter pour la solution la moins stressante, c’est-à-dire de demander que leur enfant reste dormir à l’endroit de la fête. Et surtout, de se renseigner sur les amis avec qui ils seront… »
Martina, maman de Bertrand, 16 ans.

Mon pire cauchemar !

« Nous vivons à la campagne et ma fille et deux de ses copines avaient demandé d’aller réveillonner à Bruxelles : chacune expliquant à ses parents qu’elles dormiraient chez « des amis » connus par les autres. Elles n’ont pas pensé que nous nous téléphonerions pour savoir exactement ce qu’il en était : il n’y avait aucun ami ! J’étais morte d’inquiétude. »
Sarah, maman de Pomme, 18 ans.

Sous conditions

« Chez nous, les premières sorties sont autorisées à partir de 16 ans, sous conditions. Je leur pose des questions : la destination, la voiture, le programme de la soirée, le retour… Je donne mon avis, je parle aussi des abus possibles, de ce besoin qu’ont certains d’aller soudainement au bout de leur vie ! Je les assure que je suis toujours joignable en cas problème. Et puis je fais confiance à mon instinct, à mon sentiment du moment. Je dirais aux parents de garder le dialogue ouvert, sans jugement. »
Donatienne, maman de Yerevan, 17 ans

Boums et soirées-pyjamas d’abord

« Mon fils a 12 ans, il est trop petit, il n’est pas encore question de sorties, mais on en parle déjà. Il pourra sortir vers 16 ans. Avant cela, il pourra aller à des boums ou des soirées-pyjamas, si les parents sont là. »
Cécile, maman de Joseph, 12 ans

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