Société

Kevin Deblaere, baroudeur du rail

Kevin Deblaere aime tellement les trains qu’il en a fait son métier, mais aussi son mode de déplacement pour voyager

Rencontrer un passionné est un bonheur. Kevin Deblaere aime tellement les trains qu’il en a fait son métier, mais aussi son mode de déplacement pour voyager. Au point de partager ses trucs et astuces de baroudeur du rail sur la page KevTravelTrain qu’il a créée sur les réseaux sociaux.

C’est à la gare de Liège-Guillemins que nous retrouvons Kevin Deblaere. Verviétois, il vit aujourd’hui à Stoumont et nous a rejoint en… train, deux heures avant de prendre son service de nuit. Sa passion, le jeune trentenaire, souriant et enthousiaste, l’a depuis qu’il est enfant, mais contrairement à ce que nous imaginions, elle ne lui vient pas de ses parents ou grands-parents. « Ma marraine m’amenait tous les dimanches à la Batte à Liège en train, se souvient-il. J’avais 4 ans et ce rituel en train me fascinait. J’ai orienté ma vie et mes études pour devenir conducteur de train ».
Pour ceux et celles qui seraient tentéꞏes par cette vocation, elle s’est concrétisée, pour Kevin Deblaere, par des études techniques en électromécanique, puis en électricité industrielle jusqu’à la 7e professionnelle. « Alors que j’étais toujours à l’école, j’ai réussi l’entretien pour devenir conducteur à la SNCB ». Un métier qu’il exerce depuis dix ans et dont il ne se lasse pas. « J’ai toujours cette petite fierté, confie-t-il, de ramener les gens chez eux en toute sécurité ».

Bercée par le rail

Père d’une petite Solène, il lui partage déjà sa passion. C’est ainsi qu’il a amené sa famille au marché de Noël à Vienne, en train de nuit, dans une voiture-lit réservée pour eux. « Il ne faut pas non plus avoir peur de prendre une poussette pour voyager en train, insiste-t-il. Certaines compagnies comme la Deutsche Bahn ou RegioJet ont des espaces enfants avec des petits sièges, des jeux, etc. En Suisse, on trouve des petites plaines avec toboggan. Souvent les enfants voyagent gratuitement. Il y a aussi des compartiments familles ».
À 17 mois, la petite Solène a déjà pas mal bourlingué : un premier voyage à 7 mois jusqu’au Cap d’Agde. Ensuite la Corse, avec arrêt à Paris pour manger. Puis, marché de Noël à Vienne et, enfin, Londres avec ses parrains. On ne sera pas étonné si Solène a le rail dans le sang plus tard.

Slow travel

Sa compagne Mélanie, 28 ans, voyageait de manière plus classique, dirions-nous. « Mais j’ai pu la convaincre des atouts du train, sourit le jeune homme. Le fait de voyager à un autre rythme, plus lentement. Pour moi, le transport fait partie des vacances. On profite du paysage tout en profitant du voyage. Contrairement à l’avion, c’est plus tranquille, on a tous une gare près de chez soi, on n’est pas soumis aux restrictions des valises, on ne nous la facture pas si on a trois kilos en plus, etc. Et l’on arrive directement en centre-ville, sans devoir prendre un taxi ou une navette. Tant qu’on sait porter sa valise, il n’y a pas de limite ».
En Europe, le train offre aussi de nombreuses destinations. Kevin Deblaere a commencé ses voyages en 2017 et il a déjà traversé plus de vingt-six pays. « On ne s’en rend pas compte, mais on peut aller très loin en train. Je suis toujours à l’affût d’une nouvelle découverte, d’une promotion, d’un petit prix, d’un train panoramique, d’un trajet de nuit qui permet d’économiser un hôtel... En m’endormant à Liège ce soir, je peux être demain matin à Vienne, frais et dispos ».

« Récemment, j’ai trouvé un trajet Liège-Copenhague pour 55 €. On partait à 7 heures du matin et à 19 heures on arrivait à Copenhague »

C’est sûr, il en a vu du et des pays. « On a une autre vue sur le monde. J’adore la Suisse. Avec deux minutes de correspondance, on est sûr d’avoir son train. Ils ont la gare la plus haute d’Europe, Jungfraujoch, et le train s’arrête juste devant un glacier. L’été dernier, je suis allé jusqu’à Istanbul et Izmir, 1 400 km dans un seul train, qu’on appelle le ‘train des Turcs’, ceux qui retournent au pays ».
Précisons-le : l’homme n’est pas opposé à la voiture. D’ailleurs, vu qu’il n’y a plus de gare à Stoumont, c’est en voiture qu’il va chercher son train à Trois-Ponts. Mais quand il s’agit de faire la promotion du rail, on ne l’arrête plus. « Quand on choisit le train, ajoute-t-il, on est souvent plus philosophe, on n’a pas le même rapport au voyage et aux voyageurs. On peut se lever, rencontrer des gens au wagon-bar, on noue plus vite le contact ».

Chez le père Noël

Et son meilleur souvenir ? « La Laponie, en solo, en novembre 2020, après le covid, en traversant l’Allemagne, le Danemark, la Suède, la Finlande jusqu’au village du père Noël. Les paysages, la température changent progressivement, les jours raccourcissent... Les gens sont aussi différents. J’ai également adoré le Portugal et le sud de l’Espagne. Ces destinations sont des portes vers l’Afrique. On peut poursuivre son trajet en bateau. Avec le train, on sait également aller sur des îles, je me suis par exemple rendu en Irlande. Il existe un billet Londres-Dublin, bateau compris ».
Ses conseils pour des vacances en train réussies : anticiper et planifier ; viser l’ouverture des ventes pour obtenir les meilleurs prix ; s’abonner aux newsletters des sociétés (une vingtaine sur son smartphone) ; penser aux pass nationaux ou à Interrail, valable pour tous les âges dans trente-trois pays et gratuit jusqu’à 11 ans ; privilégier les départs en milieu de semaine souvent moins chers.

ALLER + LOIN

  • Notre baroudeur du rail partage ses aventures et ses bons plans sur son site internet : kevtraveltrain.be ainsi que sur Facebook.