Développement de l'enfant

À poils, à plumes ou à écailles, l’animal, en plus d’apporter bonheur et équilibre dans le foyer, est porteur de tout un tas de vertus qui peuvent bénéficier à la meute. En particulier à vos petits loups. Rien de bête là-dedans, ce compagnon à l’âme pure ne va pas sans son lot de réconfort, de responsabilité et d’autonomie. En un mot, le lien à l’animal fait grandir. On fait le tour de la question, avec sérieux, sans prise de bec, ni même vous caresser dans le sens du poil. Notre griffe habituelle, en somme.
Vous l’avez peut-être remarqué et vous faites peut-être même partie du phénomène : l’effet des confinements successifs a provoqué un boum d’adoption des animaux en tous genres dans bon nombre de foyers. À tel point qu’il existe même des études très sérieuses sur le bien-être qu’apporte l’animal à son maître. Nous avons mené la nôtre auprès de vétérinaires et d’associations de refuges. Ils nous confortent dans l’idée que vivre auprès d’un animal offre la possibilité à nos petit·e·s de renouer avec l’essentiel.
► Un être qui comprend et aide à comprendre
C’est une phrase qui revient souvent : un animal n’est pas une grosse peluche. En réalité, nos enfants le comprennent très vite. Nos petits compagnons ressentent et expriment des choses différentes. Cette palette d’expressions et de sentiments renvoie aux émotions, à l’affect et à la vie en société de nos petit·e·s. Ils ne parlent pas, pourtant ils communiquent. L’enfant interagit alors avec intuition. La relation passe par des gestes, des intonations, des expressions non verbales qui obligent nos mômes à aller au-delà des mots. Il s’opère une sorte de connexion. Semblable à de l’amitié ? À un lien fraternel ? Les avis sont divisés. C’est justement cette place à part qu’occupe l’animal : il est disponible. Prêt à interagir avec ses petites maîtresses ou ses petits maîtres. Sauf mauvaise humeur, qu’il manifeste également. Ce qui apprend aussi aux petit·e·s à gérer les frustrations.
► Une présence qui les soigne
On manque souvent d’arguments auprès des réticent·e·s quant à la présence de l’animal dans la maison. Après tout, qu’opposer aux nombreuses contraintes : fil à la patte, entretien contraignant, soins réguliers, budget alimentaire, etc. Ce qui est, au fond, tout à fait vrai. Mais qui ne pèse pas lourd à côté du plus important : le lien indéfectible entre les enfants et les animaux.
Toutes les litières souillées, les cages pleines de fientes, les sols, canapés ou moquettes à éponger sont oubliés devant l’image si attendrissante de notre petit·e blotti·e contre son compagnon. Une manifestation naturelle d’attachement qui confère un sentiment de douceur et procure du réconfort.
En cas de coup dur, de dispute ou de séparation entre les parents, de transvasements entre un foyer et l’autre, l’animal est un repère. Qui apporte l’impression d’être toujours accueilli et même de comprendre le chagrin. Certains vétérinaires nous ont même rapporté qu’il est prouvé que certains animaux s’approchent de personnes déprimées avec la volonté de les soigner.
► Un copain qui les responsabilise
Attention, l’adoption et la vie avec un animal, ce n’est pas juste une suite continue d’évènements heureux. Si c’est principalement le parent qui endosse la réalisation des basses besognes, ça n’empêche pas l’enfant de prendre part aux responsabilités. D’abord celle de lui porter une attention. Redisons-le : un animal, c’est un être vivant, il a des besoins.
Se lancer dans une telle aventure nécessite quoi qu’il en soit un engagement. L’occasion d’un contrat tacite. L’enfant peut donc remplir régulièrement quelques tâches qui lui apprendront l’assiduité. « Le mercredi, c’est toi qui le nourris / Tiens, aujourd’hui, tu vas changer l’eau du bocal / Tu as du temps avant qu’on mange, allez-vous dégourdir les pattes ».
Toutes ces tâches à hauteur d’enfant sont de sacrés paliers à franchir. Ils le situent dans un rôle intermédiaire entre sa place habituelle et celle d’un parent. De quoi l’aider à assimiler le besoin aux autres et l’importance de la participation de chacun·e aux différentes tâches à effectuer dans le foyer.
Le pédopsychiatre Daniel Marcelli nous apprend même qu’une personne qui, toute jeune, s’est bien occupée d’un animal comprendra probablement mieux les besoins de son bébé que quelqu’un qui a toujours vécu centré sur sa propre personne.
Autre point positif, plusieurs parents nous relatent que l’animal a aidé leurs enfants à rester seuls pour la première fois à la maison. Sa présence les rassurant. Sans en faire un baby-sitter, voilà qui offre de sacrées perspectives, non ?
► Une boule de poils qui rend plus fort
Parlons un peu hygiène. Quels sont les apports au niveau santé ? Chaque petite bête ne va pas sans son lot de maladies : teigne, toxocarose, rage, toxoplasmose, etc., heureusement très peu transmissibles à l’homme. Néanmoins, les enfants qui grandissent avec un animal à la maison seraient moins sensibles à différentes allergies du type asthme ou eczéma. Ils construiraient même des défenses immunitaires plus fortes, avec le chien sur la première marche du podium. Plus ils vivent dehors, plus ils stimulent le système immunitaire de nos petit·e·s.
Bien sûr, ce n’est pas une science exacte et certains enfants qui ont des animaux peuvent être allergiques aux poils ou aux plumes. Si c’est le cas, ou qu’un risque existe chez vous, sachez qu’il n’est pas impossible de faire cohabiter allergies et animaux. Il vous faudra juste réduire l'exposition aux allergènes. Interdisez l'accès de l'animal dans les chambres, aspirez le plus souvent possible, aérez chambre et pièces de vie au maximum. Pas d’inquiétude, on survit à ce type d’allergie et les enfants préfèrent faire un petit sacrifice plutôt que de priver toute la famille de sa petite mascotte. À surveiller régulièrement tout de même.
► Un lien qui permet d’aborder les grands cycles de la vie
Lorsque l’on aborde le délicat sujet du rapport de nos enfants à la mort, les psychologues évoquent l’animal de compagnie. Si le lien n’est évidemment pas le même qu’avec les autres membres de la famille, cette étape importante et hautement symbolique est à prendre très au sérieux. C’est un choc. Un détonateur. Votre enfant réalise pour la première fois de sa vie le caractère inéluctable des choses. Votre tâche ne consiste pas à dire « Allez, ce n’est qu’une bête », mais bien de l’aider à dépasser cet évènement en ritualisant par exemple la disparition de votre fidèle compagnon.
Autres choses importantes, le fait de donner la vie ou de respecter les cycles de la vie. Un animal soulève plein de grandes questions : « Son papa et sa maman lui manquent ? Est-ce qu’il est triste ? Est-ce qu’il s’ennuie ». Répondez-y comme vous l’entendez. Seul conseil des experts interrogés : éviter de transposer des sentiments trop humains aux animaux ou inversement. Tout l’apport pédagogique de l’animal consiste justement à apprendre de lui, pas à en faire un humain. Même si à mesure que nous nous efforçons de regarder les animaux autrement, notre compréhension de nous-mêmes s’affine. Pour vous aider, parcourez donc les écrits du neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans Les animaux humanisés.
ZOOM
Impossible de vivre avec un animal ?
La simple vue d’un mammifère vous fait tourner de l’œil, mais toute la meute insiste. Comment faire ? On a fait le tour de la question. Côté refuge, on affirme que les parents qui cèdent à la pression familiale développent très vite une relation fusionnelle avec l’adopté. À l’inverse, côté vétérinaires et membres d’associations de protection des animaux, on nous rapporte des histoires de relations très tendues.
Pourquoi ne pas chercher une solution qui peut arranger tout le monde ? Jouer les familles d’accueil. Recueillir un toutou dont le maître part en vacances. Proposer aux enfants d’aller s’occuper de bêtes dans une des fermes pédagogiques près de chez vous ? Approchez-vous petit à petit de cette idée plutôt que de l’affronter brutalement et de ne pas pouvoir revenir en arrière. Bonne façon aussi de voir d’abord comment s’acclimate le troupeau avec la gent animale et peut-être même vous vacciner de vos appréhensions. Car oui, c’est possible.
À LIRE
- Je veux un chien et peu importe lequel, de Kitty Crowther (Pastel/L’école des loisirs).