Développement de l'enfant

La marche : une douce révolution !

La marche : une douce révolution !

Votre petit bout marche, depuis plusieurs mois déjà ou depuis quelques semaines ou quelques jours seulement. C’est une révolution sans être la révolution, comme le suggèrent beaucoup de parents.

Illustrations. « La marche a été un nouveau moyen de déplacement pour notre puce. Sinon, elle reste elle-même : une petite fille franche qui fonce tête en avant, sur le toboggan, dans les escaliers… » Ou : « Ce qui a changé avec la marche ? Je ne devais plus porter mon loulou, pour aller de la maison à l’auto, puis de l’auto à la maison de sa gardienne, et ainsi de suite. Le gros changement, cela a été finalement pour nous, car il pèse lourd, très lourd ! »

18 mois : un repère-clé

« C’est clair, l’acquisition de la marche est une grande étape dans la vie de l’enfant, mais il l’a préparée pendant des mois et des mois. Lorsqu’il a fait les différentes expériences sensorimotrices de grimper, de se déplacer à quatre pattes, de s’accroupir, de se mettre debout… de façon riche et variée, la marche se met naturellement en place, toute seule. Dès lors, cela ne change pas fondamentalement les choses, confirme Bénédicte Guislain, kinésithérapeute pédiatrique au CHIREC (site Delta) et en privé, à Bruxelles. L’enfant est dans le mouvement, il est dans la découverte, cela n’est pas nouveau, sauf qu’avec la marche, il dispose d’un nouveau mode de déplacement. »
En matière d’acquisition de la marche, 18 mois, c’est un repère-clé. Pour les pédiatres, pour l’ONE, pour vous, les parents… À cet âge, la majorité des enfants vont sur leurs deux pieds. Il existe néanmoins des exceptions. Si votre enfant ne marche pas encore à 18 mois, assurez-vous que c’est juste une affaire de quelques jours, de quelques semaines : bouge-t-il bien ? Se déplace-t-il ? S’appuie-t-il bien sur ses pieds ? Explore-t-il dans tous les sens ? Bref, est-il en train de préparer cette marche ?

Bénédicte Guislain  - Kinésithérapeute
« Si l’enfant ne marche pas à 18 mois et que cette compétence n’apparaît pas comme imminente, il faut consulter un professionnel spécialisé dans le développement de l’enfant. Mais il ne faut pas hésiter à consulter bien avant 18 mois, car un enfant qui ne prépare pas la marche, cela se voit bien plus tôt »
Bénédicte Guislain

Kinésithérapeute

« Si l’enfant ne marche pas à 18 mois et que cette compétence n’apparaît pas comme imminente, il faut consulter un professionnel spécialisé dans le développement de l’enfant – pédiatre, neuropédiatre, kiné, psychomotricien, explique Bénédicte Guislain. Mais il ne faut pas hésiter à consulter bien avant 18 mois, car un enfant qui ne prépare pas la marche, cela se voit bien plus tôt. »

La marche n’interdit pas le « quatre pattes » !

Ce n’est pas parce que votre enfant marche qu’il ne peut plus se retrouver au sol. Il a envie d’aller et venir à quatre pattes ou de se rouler par terre ? Très bien ! Non, il ne régresse pas. « Il est dans le plaisir du mouvement : un mouvement diversifié… Il est aussi dans la réassurance : il revient vers quelque chose qu’il connaît bien et qui le sécurise pour mieux se lancer dans la nouveauté. »
« Et pour les escaliers, laissez-le les monter avec les pieds et les mains sur les marches, et laissez-le les descendre de la même façon. Sous votre surveillance, bien sûr. L’enfant ne régresse pas ; au contraire, vous lui donnez sécurité et autonomie », conseille Bénédicte Guislain.

Il adore pousser… et tirer

Votre enfant s’amuse à escalader, passer au-dessus, en dessous… D’où son attirance pour les toboggans et autres modules de jeu (adaptés à son âge). Il aime danser – avec et sans vous. Et courir – ça, c’est nouveau. Emmenez-le au parc pour qu’il puisse s’en donner à cœur joie. Offrez-lui des balles et d’autres jouets qui roulent et qu’il pourra rattraper. Il aime filer assis sur un gros camion – bien stable – en poussant avec les pieds. Il adore pousser. Par exemple, un chariot à roulettes (en bois ou en plastique, selon votre goût). Ces engins lui permettent de bouger autrement et de s’orienter dans l’espace : il va à droite, à gauche, voit où il passe, où il ne passe pas, fait demi-tour… Il passe des heures à transporter des objets d’un endroit à l’autre. Si pousser est un mouvement connu, tirer est nouveau pour lui. Bienvenue, donc, aux jouets sur roues munis d’une ficelle ou d’un bâton à pousser et à tirer.
Côté motricité fine, votre petit devient de plus en plus agile. Il utilise une cuillère pour manger tout seul, participe à son habillage et à son déshabillage… Il vide, remplit et transvase avec un plaisir manifeste. Il empile – et enlève – des anneaux le long d’une tour. Il encastre des formes (simples) dans leur emplacement – et les retire. Il ouvre et dévisse. Il déchire. Il met quelques gros blocs les uns sur les autres. Il ne manipule pas juste pour manipuler. C’est le début des constructions rudimentaires : en réel et dans la tête aussi… Il commence tout doucement à jouer avec les notions de grandeur, de forme et de volume.
Les compétences de votre enfant progressent, à son rythme. Sa marche va évoluer au cours des prochains mois, et même des prochaines années, pour gagner en équilibre et en stabilité. Sa motricité est en lien avec sa tonicité – c’est-à-dire son tonus musculaire. « Il y a des enfants qui naissent avec un tonus haut, d’autres avec un tonus plus bas. Cela va influencer leur façon de bouger. Dans tous les cas, bouger est important. Tout au long du développement de son enfant, on va veiller à l’harmonie, c’est-à-dire qu’il soit bien dans son corps et bien dans sa tête, insiste la kinésithérapeute. On lui propose donc des activités qui l’ouvrent à des expériences sensorimotrices riches et variées qui lui permettent d’affiner ses compétences dans tous les domaines de son développement. »

ZOOM

Les deux mains compétentes

À 18-20 mois, votre petit se sert de façon égale de ses deux mains : elles sont aussi compétentes l’une que l’autre. Peut-être une préférence commence-t-elle à se marquer. Observez sans intervenir ni influencer.

LES PARENTS EN PARLENT…

Tellement plus facile, maintenant !
« Nathan marche. Il monte les escaliers. Pour les descendre, ce n’est pas encore gagné. Avant cela, il a beaucoup rampé. La marche n’a rien chamboulé sur le plan de notre vigilance. On doit seulement moins le porter. On peut aussi lui demander d’aller chercher quelque chose, son bavoir par exemple. On m’avait prévenue : "Ça va être l’horreur quand il va marcher !" En réalité, c’est juste le contraire qui se passe : c’est plus facile maintenant… À part cela, Nathan fait bonjour, au revoir ou bravo avec les mains, il tourne les pages des livres, il boit dans un verre, il mange tout seul avec une cuillère. Il reproduit beaucoup nos gestes. »
Gaëlle, maman de Nathan, 19 mois

Tenir compte de l’âge corrigé
« Alban est né prématurément, deux mois avant terme. Il a 19 mois d’âge réel (c’est l’âge qui correspond à sa date de naissance), mais seulement 17 mois d’âge corrigé (cela aurait été son âge si la grossesse avait été jusqu’à son terme). Son développement est différent de celui de la plupart des enfants. On le sait, mais du coup, l’entourage s’inquiète, et ça fatigue d’entendre cette inquiétude : "Il ne marche pas encore ?", "Quand est-ce qu’il va marcher ?" Nous, on a été consulter, et le médecin nous a rassurés. Vu la prématurité d’Alban, il faut tenir compte de son âge corrigé. Et puis, on voit bien que sa marche est en train de se mettre en place. Cela ne sert à rien de le pousser, de le driller, de le forcer : si on fait ça, il risque juste d’être peu sûr de lui et d’avoir des mouvements robotiques et saccadés. Alors que si on le laisse évoluer à son rythme, si on le laisse faire sa petite popote, ses mouvements seront harmonieux… »
Bruno, papa d’Alban, 19 mois… 17 mois d’âge corrigé

ET APRÈS ?

Ça déménage… toujours !

18-20 mois est un âge très moteur, insiste la kinésithérapeute Bénédicte Guislain. Votre enfant bouge beaucoup, cela déménage pour lui ! Il marche, court, grimpe, pousse, tire… Laissez-le bouger, explorer, expérimenter.

  • Il découvre l’orientation spatiale – en haut, en bas, à gauche, à droite, vers l’avant, vers l’arrière… – et ses explorations à ce niveau vont aller crescendo.
  • La marche va encore évoluer : longueur du pas, déroulement du pas, amplitude des mouvements, équilibre, vitesse, force, endurance… Sa base de sustentation – soit l’écartement entre ses deux pieds – va aussi progressivement diminuer, notamment parce qu’il gagne en équilibre. Tout cela va progresser avant d’atteindre un pas mature.
  • N’hésitez pas à laisser votre enfant explorer des terrains différents : sable, herbe, cailloux…
  • Quand il va pousser ou tirer, il va peu à peu mettre une certaine force physique dans son geste, il va moduler cette force en fonction de ses envies et de ses intentions.
  • Il va aussi commencer à rester assis quelques instants pour faire une construction, empiler des anneaux, lire un livre…