Loisirs et culture

Le jeudi, c’est jeux dis – La Mèn’che (Mad Cat Studio)

Le jeudi, c’est jeux, dis | Toutes les semaines, le Ligueur vous présente un nouveau jeu, testé et approuvé par les parents. Cette semaine, on revisite l’histoire d’une partie de la Wallonie avec la Mèn’che, jeu de plis, née dans la région de Bastogne. Aujourd’hui remise au goût du jour par une joyeuse bande bien décidée à inonder le monde de ce bout de patrimoine injustement sorti des radars. L’occasion de vous annoncer dans cet article un scoop en exclusivité mondiale.

Lecteurs et lectrices aux racines wallonnes, est-ce que la Mèn’che vous dit quelque chose ? Non. Pourtant, il n’est pas impossible que vos ancêtres tapaient quelques parties de ce jeu populaire qui se transmettait de génération en génération. Les règles y étaient tout aussi invariables qu’il existait de familles à y jouer. Familles qui y ont joué pendant près de deux siècles, jusque dans la région de Namur. Les derniers joueurs (pas de points inclusifs, vous allez comprendre pourquoi) remontent aux années 50, puis d’autres jeux, comme le Couyon, lui volent petit à petit la vedette. C’était sans compter sur un retour inopiné, savamment orchestré par une drôle de bande namuroise, composée des historien·nes Mélanie De Groote et Mathieu Collard et de l’illustrateur François d’Alcamo.
La cheffe nous raconte pourquoi cette envie d’une version modernisée, voir dynamisée, de ce jeu qui fait brillamment le pont entre plusieurs époques.

Ligueur oblige, nous pensons transmission familiale quand on évoque un tel jeu, est-ce que c’est votre cas, vous y jouiez dans votre propre clan ?
Mélanie De Groote : « On y jouait chez Mathieu Collard. Les membres de sa famille étaient peut-être parmi les derniers joueurs de Belgique. Le dernier club de joueurs que nous avons retrouvé se situait à Floreffe. Vu qu’il a grandi avec, Mathieu était persuadé que tout le monde connaissait ce jeu. À chaque fois qu’il proposait une petite partie de Mèn’che, personne ne voyait de quoi il parlait. On en a beaucoup parlé, avec à chaque fois l’idée de la remettre sur le devant de la scène. Mais, attention, de transmission familiale, il en est question en effet, mais elle s’opère uniquement de père en fils. Les hommes y jouaient pendant que les femmes étaient à la cuisine, en gros. On tape les cartes à la maison, dans les bars où la Mèn’che faisait office de jeu d’argent le plus souvent. Une affaire d’homme, quoi… »

Vous présentez votre jeu en parlant d’archéo-ludisme, une démarche est tout aussi ludique qu’historique. Comment passe-t-on de recherches à l’élaboration d’un jeu ?
M. D. G. :
« Comme je vous l’expliquais, la dimension historique nous animait beaucoup Mathieu et moi. Nous nous sommes toujours juré de remettre ce jeu sous le feu des projecteurs, sans jamais passer de temps dessus. Le confinement a été l’occasion. Nous avons consulté plusieurs archives qui répertorient les règles. Nous les avons mixées avec celles de la famille Collard. La rigueur historique nous oblige à avouer que l’on a fait une sorte d’alliance de Mèn’che et de Ma’tch qui se jouait, elle, du côté de Liège.
Pour la partie ludique, on s’est appuyé sur l’expertise d’Alexandre Dua de Zébulon (que les lecteurs et lectrices du spécial jeux/jouets du Ligueur connaissent bien). On l’a contacté pour qu’il puisse nous guider. Nous voulions nous appuyer sur les ressorts traditionnels. Qu’ils nous servent de prétexte pour valoriser les richesses de la faune et de la flore ardennaises. Et puis nous voulions que les cartes maîtresses, celles qui rapportent le plus de points, soient des cartes féminines. »

Justement, expliquez-nous comment on tape la carte ?
M. D. G. : « Il s’agit donc d’un jeu de plis qui pourrait ressembler à la belote, avec des bonnes blagues qui vont perturber le cours du jeu. En gros, on joue la gagne. Traditionnellement, ça se joue à deux contre deux, avec 32 cartes. Mais nous avons adapté les règles pour qu’on puisse jouer à deux ou à trois et jouer plus souvent. L’objectif est de faire 21 sur les 40 points mis en jeu. Rien n’est joué jusqu’à l’avant-dernier, voire le dernier pli. Au début de la partie, on dessine un râtelier qui remplace les mises d’argent. Il s’agit d’une ligne horizontale traversée par sept barres verticales qui représentent sept manches. Le but : se débarrasser de toutes ses barres. On s’est beaucoup amusé à truffer tout cela de clins d’œil régionaux et historiques. D’ailleurs, tout a été dessiné et peint à la main sur des grands formats par François d’Alcamo, de façon là encore traditionnelle, puis réduit et corrigé à l’ordi. »

Tout ceci laisse présager des parties en pagaille partout à travers le pays ?
M. D. G. :
« Nous avons édité 3 000 jeux. Multiplié par quatre joueurs et joueuses, ça fait 12 000 personnes auprès de qui le jeu réexiste. On compte en effet sur un effet de propagation. Et on ne s’arrête pas en si bon chemin, puisque j’ai l’honneur de vous annoncer en exclusivité intersidérale que l’on organise le premier championnat du monde de Mèn’che à Namur, le 1er mai 2023. Avec les prix de l’époque, genre 1 kg de boudin. Ça se veut accessible à toutes et à tous, il y aura plusieurs distinctions, on formera les futures joueuses et joueurs. On veut créer un premier évènement festif ludique et… compétitif. Chacun y a sa place. À l’image de la Mèn’che, on veut recréer de la convivialité. Et puis, en famille, c’est l’occasion pour les enfants de dégommer papa ou maman, par exemple ! Ruez donc vous sur ce jeu 100 % local, que l’on vend au prix de 15 € dans tous les magasins de jeux indépendants de Wallonie. Et si les joueuses et joueurs ont des questions, ils peuvent nous écrire ici. »

► Vous vous êtes procuré·es des cartes ? Ça y’est, vous êtes taillé·es pour le tournoi mondial de Mèn’che ? Alors n’hésitez pas à vous inscrire à cette adresse.

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