Loisirs et culture

Le jeudi, c’est jeux, dis – Ludarden

Le jeudi, c’est jeux, dis | Toutes les semaines, le Ligueur vous présente un nouveau jeu, testé et approuvé par les parents. Cette fois, on vous présente enfin un de nos éditeurs préférés, qui nous vient du fin fond des Ardennes françaises. Ses jeux sont aussi simples qu’efficaces. Tout en bois, graphiques, ingénieux, en un mot, ils gagnent à être plus connus du grand public.

On vous l’a expliqué dans notre sélection jeux/jouets 2022, au moment de notre visite du Spiel à Essen, le plus grand salon du jeu du monde. Au milieu des dragons, des fées et des dès multifaces au charme d’un groupe heavy métal allemand des 90’s, un tout petit stand. Nous sommes attirés par le charme très Bauhaus de cet univers en bois. Immédiatement, la dynamique de jeu astucieuse nous fait fondre. On ramène quelques titres dans les valises. On fait jouer l’entourage, les enfants, les parents amis, mais hélas, le temps nous manque pour l’intégrer à notre sélection.
Quelques mois plus tard, le distributeur nous fait parvenir un nouveau jeu. Ovoo que l’on a testé lors des ateliers animés à la bibliothèque de Forest, Biblif, par le désormais célèbre Monsieur Mouche. Ludothécaire passionné et passionnant qui possède une science du jeu aussi brillante que le nez de Docteur Maboule. C’est lui qui a fait jouer les enfants. De notre côté, au Ligueur, nous avons présenté pendant de longs mois l’ensemble du catalogue à des familles qui viennent grossir le rang des fans de cet éditeur des Ardennes à moustache, Philippe Roux, qui parle bois première langue.

© Camille Walter

=> Ovoo

On commence avec cette nouveauté 2023. Ovoo en mongol signifie « tas de pierres », il s’agit d’un monument traditionnel qui célèbre l’alliance des montagnes et du ciel. Ici, à partir d’un tas central, les deux ou trois joueurs/joueuses qui s’affrontent vont tenter de confectionner des petits amas les plus hauts pour emporter la partie. Tous les coups stratégiques sont permis. Chiper des pierres aux adversaires, les empêcher dans l’élaboration de leur édifice ou encore les contraindre. Les parties sont courtes : un rapide quart d’heure. On y joue plusieurs fois d’affilée, affinant ainsi les stratégies. Comme à chaque fois avec Ludarden, aucune manche ne se ressemble.
Qu’en ont pensé nos chroniqueurs/chroniqueuses en herbe ?

► CE QU’EN PENSENT LES ENFANTS 
Monsieur Mouche nous explique que comme à chaque jeu testé de l’éditeur, le matériel fait bonne impression. « Le plaisir du tri et du regroupement va puiser dans quelque chose de très enfantin. Refaire des tas de ‘pierres’ (en bois, en réalité) de la même couleur, qu’est-ce qu’on aime ça, clament les enfants. La production de ces petits tas de couleur agrémenté de pièces blanches, la simplicité des conditions de victoire, la possibilité d’aller voler des pierres chez les autres, tout cela a très bien marché. Un succès ».
Quoi de plus normal quand on combine la force du ciel et de la montagne ?

© Camille Walter

=> Tasso

Autre jeu. Plus ancien. Nous l’avons découvert au Spiel. On ne peut pas faire plus simple : un plateau. 60 tasseaux, qu’on appelle volontiers des frites. Le jeu aurait été belge, il se serait appelé ainsi. Le but ? Se débarrasser de ses frites. On y joue à deux, à trois à quatre. À chaque fois, l’idée est la même : ne pas faire de cadeaux à ses adversaires. C’est-à-dire, ne pas lui laisser l’opportunité de cumuler ses tasseaux, qui lui permettent de rejouer et tout faire pour qu’il ou elle fasse tomber ses pièces, ce qui fait qu’on lui concède une frite de pénalité. Un jeu sans pitié qui peut durer une bonne demi-heure et auquel on joue encore et encore.

► CE QU’EN PENSENT LES ENFANTS
Monsieur Mouche, comme la rédaction du Ligueur, a eu un véritable coup de foudre. A-t-il réussi à le transmettre aux enfants ? « Sans surprise, c’est lui qui a connu le plus de succès. Pour les joueurs ou joueuses de tout âge. Les plaisirs de jeu diffèrent. Le matériel leur a plu une nouvelle fois : simple, efficace. Ils adorent les structures bizarres que le jeu produit en fin de partie. Mais aussi, ils aiment pouvoir monter un étage pour rejouer. Les 9 ans ont vite compris que cela gênait les adversaires et que cela leur permettait de se débarrasser plus vite de leurs ‘frites’. Une franche réussite ».
La ludopédagogie par les frites ? Imparable.

© Camille Walter

=> Nivos

Autre coup de cœur au grand salon de Essen. Le jeu le plus Bauhausien du catalogue. On tenait absolument à le faire tester aux enfants. Là encore, la simplicité est au rendez-vous. Des pièces de différentes couleurs et divers formats. Interdiction formelle que les mêmes couleurs se touchent. Différents pions de pénalités qui vont croissants durant la partie. Dès qu’un ou une joueuse monte d’un étage, celui-ci ou celle-ci prend une pénalité. Les manches se jouent vite. Les stratégies s’adaptent en fonction des parties. Plusieurs mois après, on est encore surpris de l’ingéniosité que permet un principe aussi simple.
« Less is more » aurait été prononcé pour la première fois dans l’histoire de l’humanité devant une partie de Nivos affirme la légende.

► CE QU’EN PENSENT LES ENFANTS
On y a joué avec des enfants de 5 ans, de jeunes ados, des moins jeunes, des grands-parents et une multitude de parents. Verdict : à l’unanimité, c’est un jeu qui ne ressemble à aucun autre. Et les enfants ? Monsieur Mouche nous explique que l’aspect stratégique les dépasse un peu.
« Le plaisir visuel et tactile, lui, est prédominant. Mais prendre une pénalité en montant d’un étage est contre-intuitif pour eux, d’autant que leur plaisir - surtout à 7-8 ans - est de construire tout un tas de choses. Ils veulent donc coûte que coûte monter d’un étage. Pas grave. Seulement, contre un joueur plus âgé, ils perdent vite et durement. »

À lire, notre article consacré aux mauvais·es perdant·es, dans lequel on retrouve justement Monsieur Mouche
© Camille Walter

POUR ALLER + LOIN

Mais c'est quoi un « proto » ?

Cette animation consacrée à quelques jeux du catalogue de Ludarden, que nous continuerons à explorer dans cette chronique des jeux du jeudi, était aussi l’occasion de faire tester à notre jeune échantillon un prototype. L’occasion d’expliquer donc de quoi il s’agit, un proto’. Et donc de développer un certain esprit critique auprès des plus jeunes. Leur avis peut avoir un impact sur le développement d’un futur « vrai » jeu potentiel. Imaginez leur fierté. Ils n’étaient pas peu fiers de jouer avec ce souci constant : faire évoluer le jeu.
C’est aussi la promesse de cette chronique. Permettre à des parents de découvrir des jeux en phase d’élaboration. Soyez donc fidèles aux rendez-vous du jeudi, vous pourriez très certainement tester et qui sait influer sur le cours d’un jeu qui changera la face de l’humanité comme un 7 Wonders ou un Qwirkle a pu le faire en son temps. Changer le monde par le jeu ? On y croit dur comme fer. En l’occurrence, ici… dur comme bois.

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