Loisirs et culture
De la découverte à la transmission, en passant par l’invitation ou l’initiation, auteurs et autrices, illustrateurs et illustratrices proposent de formidables passerelles vers l’art, les arts, les musées. En voici quelques-unes chères aux journalistes de la rédaction.
Attention, L’art du canard n’est pas un ouvrage de littérature jeunesse. C’est un catalogue. Oui, vous avez bien lu, un catalogue. Du genre XXL, plus de 500 pages, tout en couleur. Sorti il y a sept ans chez Glénat, il compile la plupart des travaux réalisés par le groupe d’artistes interDuck. Ce collectif s’est mis en tête de revisiter l’art mondial en version « canard ».
À la base de ce délire palmipède, cette question : « À quoi ressembleraient les plus grandes œuvres d’art du monde si elles n’avaient pas été réalisées par des êtres humains, mais par des canards ? ». Voilà plus de quarante ans qu’un professeur de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Brunswick répond à cette interrogation avec ses (ancien·nes) élèves. Une façon originale de plonger les marmots dans l’histoire de l’art en comparant les pastiches aux originaux.
Ah oui, parmi les révélations de ce livre, sachez que, peinte par un canard, L’origine du monde de Gustave Courbet (pardon Gustave Canarbet) n’aurait pas fait grand scandale. C’est vrai qu’un œuf, ce n’est pas très sulfureux.
Thierry Dupièreux
Avec Quel tableau ! de Julien Couty (Rouergue), soudain, La Joconde, Le déjeuner sur l’herbe, la Grande Vague de Kanagawa et d’autres œuvres maîtresses ont comme un petit quelque chose de très contemporain. Tous ces grands tableaux sont mixés aux maux de notre époque. Agrémentés de plastique, de sécheresse, de migrations climatiques, de pollution en tous genres… Toutes ces toiles se parent de nos problématiques contemporaines pour mieux nous faire réagir. Ce qui crée deux envies. D’abord de les (re)voir immaculées. Et ensuite d’en tirer le même enseignement que le jeune héros à la ligne claire : « Il va falloir sérieusement se prendre en main ». Quand culture et prise de conscience marchent main dans la main.
Yves-Marie Vilain-Lepage
Au départ, il y a des coups de crayon qui partent dans tous les sens, des boucles infinies. Pour passer à l’étape suivante, les premiers pas vers l’art du dessin, il y a À toi de gribouiller d’Hervé Tullet (Bayard Jeunesse). Auteur littérature jeunesse très connu, notamment pour son simplissime mais incroyable Un livre, Hervé Tullet met à profit le savoir-faire des enfants. Il les invite malicieusement à faire pousser des fleurs, à cracher du feu, à cacher des monstres ou encore à faire apparaître des flammes. En plus de développer l’imagination, À toi de gribouiller sert de parfait révélateur à la fibre artistique qui sommeille en chaque enfant, l’incitant ainsi à poursuivre sur le chemin de l’expression par le crayon.
Romain Brindeau
« La peinture semblait si réelle que j’eus l’impression de sentir un vent chaud me caresser le visage ». Voilà la sensation qui traverse Timothée lorsqu’il découvre la peinture cachée derrière le papier peint déchiré de sa chambre. Ni une, ni deux, il nous emmène avec lui dans ses aventures avec le garçon du phare.
Une fois encore, avec Le garçon du phare (Sarbacane), Max Ducos réussi son coup et nous plonge dans une œuvre d’art autour de laquelle se greffe toute une histoire. Effet garanti si j’en crois le visage captivé de mes deux enfants ! On avait déjà goûté avec délice à son fameux Jeu de piste à Volubilis. On recommande également L’ange disparu qui entraîne le lecteur dans une balade fantastique au musée.
Clémentine Rasquin
De A à Z, d’un aigle à un zèbre, Petit Musée (L’école des loisirs, 1992) est un magnifique imagier de 310 pages pour tout-petits. Son titre dit tout ou presque. Voilà une riche collection d’œuvres d’art à portée de menotte… Des mots sur les pages de gauche, des images sur les pages de droite. Celles-ci ont été « choisies » par Alain Le Saux et Grégoire Solotareff, deux grands noms de la littérature jeunesse. Patiemment, passionnément, imagine-t-on. Elles sont autant de détails de peintures d’artistes célèbres des siècles derniers. Une belle façon de présenter le monde. Comme le fait un musée d’art grandeur nature…
Présenter le monde, c’est le trait commun aux imagiers destinés aux tout-petits. Alors, on ne résiste pas à citer aussi Tout un monde (sans texte) de Katy Couprie et Antonin Louchard (Thierry Magnier, 1999). Soit un fabuleux inventaire bigarré de 256 pages d’images qu’ils ont créées au moyen de plein de techniques (peinture, dessin, photographie…). On s’y promène à la faveur des liens qu’on fait entre les images ou d’éléments qui captent. Encore une fois, comme lors d’une vraie visite de musée avec un tout-petit…
Martine Gayda
Aller contempler un chef-d’œuvre dans un musée, comme La Joconde de Léonard de Vinci, n’est pas donné à tout le monde et, une fois sur place, il faut affronter la muraille de dos des visiteurs et visiteuses devant soi, en particulier pour les plus jeunes. Voici une nouvelle collection, Les petits voyageurs de l’Art (Kennes), qui propose dans son premier tome une rencontre intime et ludique avec ce tableau parmi les plus célèbres de l’histoire de l’art.
L’aventure de Jade et Lucas commence dans les couloirs du Louvre. Or, nos deux héros possèdent un super pouvoir : traverser les tableaux et voyager ainsi dans d’autres époques. Lorsqu’ils plongent dans La Joconde, ils aboutissent en 1518 dans l’atelier du peintre, face à Lisa Gherardini, alias Mona Lisa, alias La Joconde. Avec eux, on découvre la cour de François Ier, les mœurs du siècle, les passions de l’artiste, etc. Et une intrigue rocambolesque.
Le dessin, comme les dialogues, est simple, coloré, adapté au public jeunesse et divertissant. Cet ouvrage signé Carbone et Moon Li se termine par un cahier pédagogique sur le génie italien et un petit quiz. Alors, avec Lucas et Jade, plongez dans La Joconde pour une sensibilisation inédite à l’art.
Michel Torrekens
Albert est une petite souris qui rêve de voir le monde. Ses parents, eux, espèrent qu’il deviendra médecin, pour que la famille puisse enfin manger à sa faim. Lors d’une sortie au musée avec sa classe, Albert vagabonde de salle en salle, contemple les tableaux et s’aperçoit, stupéfait, que… « le monde entier est là ». De quoi faire naître une vocation qui pourrait bien lui permettre de trouver le bonheur tout en mettant du gruyère dans les épinards !
Le rêve d’Albert est un des derniers albums jeunesse créés par Leo Lionni, auteur, illustrateur, mais aussi peintre et sculpteur italo-américain (1910-1999). Il n’est malheureusement plus disponible qu’en bibliothèque et en seconde main. Mais Frédéric, un autre bel album de Leo Lionni, qui raconte l’histoire assez proche d’une petite souris poète, est toujours édité par L’École des loisirs.
Valentine De Muylder