Développement de l'enfant

Médias sociaux : plus qu’un outil, un mode de vie

Si les ados maitrisent les réseaux sociaux, les parents ignorent bien souvent leur fonctionnement et leur usage

TikTok, Snapchat, Instagram, WhatsApp, YouTube sont les médias sociaux préférés chez les ados. Même si l’âge légal minimal requis est de 13 ans, on sait qu'ils les consomment en masse bien plus jeunes. Par contre, les parents ignorent bien souvent leur fonctionnement et leur usage.

On les appelle les « social media natives ». Soit celles et ceux qui sont né·e·s au moment où les réseaux sociaux ont commencé à prendre de plus en plus de place, à savoir au milieu des années 2000. Pour eux, ces plateformes font partie du quotidien et sont des outils comme les autres. Si y être présent·e n'est pas une obligation formelle, cela reste un incontournable pour être membre de la grande communauté des ados.
Chez nos préados et ados belges, trois réseaux sociaux se taillent la part du lion : Snapchat, Instagram et TikTok. Cette trinité numérique se complète avec YouTube et WhatsApp, dont les contenus sont mieux connus des parents. Ces cinq outils, les jeunes ne les utilisent pas de la même façon. À chaque support correspond un usage et, très souvent aussi, un cercle de followers, d'ami·e·s réel·le·s ou virtuel·le·s différent.

Des outils assez maîtrisés, mais toujours des risques

Converser, s’amuser, se montrer, voilà donc les trois fonctions principales des médias sociaux pour les 10-15 ans. Des fonctions qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts d’un point de vue technique, mais dont ils ne voient pas toujours les dangers.
« J’essaye d’en parler à mon fils, explique Thomas, papa de Jules, 12 ans, mais ça lui passe au-dessus de la tête pour le moment. J’espère juste que ça va porter ses fruits au fil du temps. Qu’il va piger que la protection des données personnelles, l’e-réputation, c’est du concret et que c’est à lui d’agir. Et que, malheureusement, le cyberharcèlement, les prédateurs du net, ça peut arriver. »
Ne pas donner d’informations personnelles, dire quand des images les choquent, apprendre à reconnaître une fake news, se méfier des profils trop parfaits… la liste des recommandations est longue en matière d’usage des médias sociaux. Mais l’éducation aux médias – dans l’idéal dès le plus jeune âge - reste la meilleure arme des parents.

LES PARENTS EN PARLENT

​​​​​​​POUR

« Un terrain de jeux différent »
Difficile pour moi d’être contre les réseaux sociaux, vu que je suis une grosse consommatrice et que mes enfants me voient régulièrement les utiliser. Elsa, mon aînée de 13 ans, me l’a déjà fait remarquer avec une phrase du genre « Faites ce que je dis, pas ce que je fais, c’est ça, hein ? ». Cela dit, on a quand même convenu de règles ensemble : limiter le nombre de plateformes (Elsa a Snapchat et Instagram), ne pas publier de contenus intimes et, surtout, pour le moment, interdiction d’avoir un profil public. Elle est O.K. avec ça et je crois qu’elle est raisonnable dans son utilisation. Je suis bien consciente que tout cela évoluera vite, mais j’essayerais de garder un regard bienveillant et je continuerais à faire de la prévention quant aux dangers de ces réseaux sociaux.
Alicia, maman de Norah, 9 ans, et Elsa, 13 ans

« Apprendre à s’en servir »
Je crois qu’il est quand même difficile d’être contre des outils qui sont présents dans notre vie de tous les jours. Même chez les enfants. J’ai une fille de 10 ans et un garçon de 12 ans, qui ont tous les deux un smartphone depuis un an et demi. C’est-à-dire depuis que je suis séparée de leur père. Outre le côté pratique pour communiquer entre nous, je trouve que c’est un chouette laboratoire à expériences, une fois qu’on a mis en place des garde-fous. Lucie utilise pas mal TikTok, elle se lance dans des chorégraphies, des imitations, des improvisations. Je trouve ça bien qu’elle puisse exprimer sa fibre artistique comme ça, dans un cadre moins strict que ses cours de danse classique, par exemple. Adrien, lui, est plutôt YouTube, où il regarde pas mal de vidéos de vulgarisation scientifique pour les enfants. Après, il refait les expériences qu’il a vues, il teste d’autres choses. Bon, il y a aussi toutes les conneries qu’ils peuvent regarder, mais je ne crois pas qu’on puisse reprocher ça à des enfants.
Valentine, maman de Lucie, 10 ans, et Adrien, 12 ans

CONTRE

« Un déversoir à horreurs »
Vous m’auriez posé la question il y a quelques mois, j’aurais sans doute répondu oui. Aujourd’hui, c’est un non catégorique. Parce que j’ai vu les ravages que peuvent faire les réseaux sociaux sur un gamin de 12 ans. Le mien en l’occurrence. Juste après les premières vacances scolaires, un petit groupe de garçons et de filles de son école s’en est pris à lui, comme ça, gratuitement. Lui qui venait d’une petite école primaire, chaleureuse, humaine, il s’est retrouvé confronté à l’univers inconnu d’une grosse structure secondaire du Tournaisis et à ces camarades très différents de lui. Pour faire court, il en a pris plein la gueule durant trois semaines avec des messages envoyés sur WhatsApp. Le motif des attaques : sa taille – il a le tort d’être plus grand que les autres – et sa gentillesse. La direction de l’école a super bien réagi dans cette affaire, je dois le dire, mais les séquelles sur mon fils sont encore présentes aujourd’hui. Au point qu’il a fait sa rentrée dans un nouvel établissement en ce début d’année.
Antoine, papa d’un garçon de 11 ans

« Interdit avant 14-15 ans »
Je sais bien qu’en théorie, il y a un âge légal pour accéder à certains réseaux sociaux. Mais je sais aussi qu’en pratique, c’est différent. J’en vois, des petit·e·s de 9-10 ans, qui vont sur Insta, Snap ou TikTok. Et je trouve que c’est assez flippant. Leurs parents ne savent pas qu’il y a des prédateurs sexuels qui rôdent sur ces plateformes ? Ils ne voient pas le tas de stupidités qui s’échangent ? Ils ne sont pas au courant de toutes les affaires de cyberharcèlement ? Avant 14-15 ans, les enfants n’ont pas assez de recul pour faire la part des choses, même avec des parents qui font de la prévention. Je suis peut-être un peu radicale, mais pour moi, c’est interdiction totale avant 14 ans.
Ursula, maman de trois enfants de 4, 7 et 11 ans

NI POUR, NI CONTRE

« Ça ne m’intéresse pas »
Je n’ai aucun avis sur la question. Vraiment. Je suis réfractaire aux réseaux sociaux. J’ai un GSM pour le boulot parce que je dois être joignable, mais je ne le ramène pas à la maison. C’est vous dire. J’ai une fille de 14 ans qui est une ado bien d’aujourd’hui, donc elle a un smartphone. Tout ce que je sais, c’est qu’elle s’en sert beaucoup, qu’elle a plein d’ami·e·s virtuel·le·s. Elle m’en parle parfois, mais je suis cash avec elle et je lui dis que ça ne m’intéresse pas. Moi, la seule chose qui compte, c’est l’école. Et comme elle se débrouille bien, j’ai aucune raison de l’embêter avec ces trucs de réseaux sociaux.
Mélinda, maman de Jess, 14 ans