Officialiser la rencontre

Après une séparation ou un divorce, vient le jour où l’un des parents retrouve l’amour. Grisé par la perspective d’une nouvelle vie qui s’offre à lui, il est impatient de partager cette personne avec ses enfants, espérant que ceux-ci partageront son bonheur retrouvé. Un premier rendez-vous qui peut être décisif pour l’enfant.

Si officialiser son nouveau compagnon doit, dans la mesure du possible, se faire de manière progressive, l’annonce doit être claire. C’est en tout cas ce que pense Elena Mitri, psychologue et thérapeute familiale : « Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Si on présente le compagnon comme étant un ‘ami’, l’enfant va vite comprendre que ce n’est pas le cas. Il pourrait se sentir trahi ou ne pas comprendre pourquoi on ne lui dit pas les choses, être pris dans une incompréhension, voire culpabiliser vis-à-vis de son autre parent. Il est donc important d’être honnête dès le départ. Mais il faut laisser à l’enfant le temps de digérer l’information et donc ne pas présenter le compagnon abruptement: ‘Il va venir vivre avec nous et tu vas le voir matin, midi et soir’. La présence du compagnon doit se faire de manière progressive mais l’annonce doit être claire directement. »

Le nouveau venu n’est pas le parent

Il est essentiel de distinguer le rôle du nouveau compagnon de celui du père ou de la mère. Jamais il ne doit prendre sa place aux yeux de l’enfant qui risquerait, le cas échéant, de se sentir pris dans un conflit de loyauté envers son autre parent. Pour éviter cela, il faut déterminer d’entrée de jeu le rôle « beau-parental », et ce, même s’il est amené à être adapté dans le temps. Et donc identifier les zones d’ingérence.
Ce positionnement peut être très différent d’une famille à l’autre, comme le décrit Martine Goffin, psychologue à Bruxelles : « Il va y avoir des familles où on aura envie de faire jouer au nouveau compagnon un rôle de parent à part entière. Parfois, ça prend très bien. Mais il faut toujours savoir qu’on n’efface pas un parent, même s’il est absent. Et puis, il y a des hommes ou des femmes qui disent au nouveau compagnon : ‘Ça, c’est ma vie, je la gère tout(e) seul(e), tu n’as rien à voir avec mes enfants’. »
Là encore, tout est question de culture familiale. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas à l’enfant de faire la loi à la maison. Ni de décider qui son parent a le droit de fréquenter. Face à cela, la psychologue Martine Goffin conseille aux parents qui la consultent : « Il faut pouvoir dire : ‘Attends, c’est moi qui l’aime, toi tu n’es absolument pas obligé de l’aimer. Tu es simplement obligé de faire avec et de le respecter. Parce que c’est mon compagnon, ma compagne’. Dans la mesure où ce nouveau compagnon n’est pas choisi par l’enfant, il n’a aucune obligation d’amour. »
Et face à une réticence appuyée de certains adolescents qu’elle est amenée à côtoyer dans son cabinet, sa réponse est sans équivoque : « À l’école, l’enseignant, le directeur n’est pas votre père ni votre mère. N’empêche, il vous fait des remarques. Si vous êtes en retard, vous aurez une sanction. Pareil si vous n’avez pas votre cahier ou lorsque vous leur manquez de respect. Un beau-parent, dans la mesure où c’est aussi sa maison et qu’il participe financièrement, a au moins la possibilité de vous faire une réprimande du même style. Et ce, même si ce n’est pas votre père. Il n’a pas besoin d’être votre père pour vous faire ce genre de remarques. »



C. V. N.

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