Société

Olivier bloque un week-end par mois pour accueillir un enfant

Olivier s'est engagé pour accueillir comme parrain auprès d'une structure d'accueil

Connaissez-vous les SAPA ? Les Services d’Accompagnement au PArrainage. Pour en parler, nous avons choisi de rencontrer un de leurs bénévoles, Olivier Folien, de Schaerbeek, qui s’est engagé auprès de l’asbl Parrain-Ami.

Olivier Folien nous reçoit dans son appartement cosy de la rue de la Consolation. Un nom prédestiné pour une expérience qui apporte un peu de baume au cœur d’un jeune dont les parents ne peuvent plus s’occuper. L’homme de 44 ans, passionné, affable, toujours sur la balle quand un projet l’intéresse, 100% Bruxellois, comme il le précise en souriant, a pu nous trouver un peu de temps dans un agenda chargé.
Licencié en sciences commerciales, il cumule deux boulots, l’un pour une société d’informatique qu’il a fondée avec deux amis, l’autre pour une entreprise où il est devenu administrateur. Il y a deux ans, il a accepté d’accueillir chez lui un garçon de 12 ans, un week-end par mois.

Le bon matching

Mais, insiste-t-il, notamment pour des personnes que l’expérience tenterait, ni sur un coup de tête, ni sur un coup de cœur. Sa décision, il l’a mûrement réfléchie pour éviter au maximum les éventuels écueils, sous peine de voir les parrainages amorcés prendre fin, à court ou moyen terme, laissant un goût d’autant plus amer que l'enjeu est humain…
« Je pensais déjà depuis deux ans à l’idée d’accueillir un enfant et je m’étais renseigné sur plusieurs associations de parrainage. J’aime prévoir, anticiper, surtout pour un projet où il s’agit de créer une relation avec un enfant sur le long terme. Je ne voulais pas que ce soit du matching à la volée. »

« Je fais en sorte que chaque rencontre soit un moment spécial, une relation privilégiée, détachée du quotidien et des contraintes parentales »

Le sérieux de l’association Parrain-Ami a aussi participé à sa décision. « Ils ont une procédure de sélection rigoureuse, explique Olivier Folien, avec une séance d’informations, puis des rendez-vous à l’association et chez moi pour voir mon cadre de vie. Les entretiens vont de plus en plus dans les détails, au niveau des motivations, des critères par rapport à l’enfant à accueillir, l’âge, le sexe, etc. Personnellement, je n’avais qu’un critère : que ce ne soit pas un enfant en-dessous de 4, 5 ans pour des questions de communication. Parrain-Ami m’a aussi présenté des situations concrètes en me demandant comment je réagirais. Ils cherchent à optimiser la rencontre, le matching, pour se donner le maximum de chances de réussite, même s’il n’y a jamais de garantie de succès ».

Être parrain n’est pas être parent

Si Olivier Folien aime peser le pour et le contre avant de se lancer dans un projet à forte valeur humaine ajoutée, il a également des prédispositions pour les mener à bien, de par son histoire personnelle. Issu d’une famille de quatre enfants dont un frère adopté, il a fréquenté les mouvements de jeunesse dès l’âge de 6 ans, avant de devenir chef d’unité pendant dix ans à Auderghem. Ce qui a été aussi une source de motivation pour devenir parrain.
« J’ai toujours été en contact avec des enfants, des jeunes. Vu ma vie intense, mon boulot, mes activités en dehors et l’investissement que j’y mets, je n’ai pas de désir particulier de parentalité. Je savais que ma vie ne serait pas ratée si je n’avais pas d’enfant et qu’elle n’était pas compatible avec une vie de parent, mais également avec une adoption ou de l’accueil d’urgence. Après avoir réfléchi à toutes les possibilités, ce qui me convenait le mieux était d'offrir régulièrement, mais ponctuellement, des moments de rencontre, limités à un week-end par mois. Et dans la durée. Même si j’aborde son quotidien avec mon filleul, sa vie à l’école, ses loisirs, etc., je n’ai pas un rôle de parent. Je trouve que le mot ‘parrain’ a vraiment du sens par rapport au mot ‘parent’. J’essaie que chaque rencontre soit un moment spécial, une relation privilégiée, détachée du quotidien. Cela permet d’avoir des discussions différentes, un vrai rôle de parrain ».

Offrir des bulles

Cela fait maintenant deux ans qu’Olivier Folien est bénévole pour l’asbl Parrain-Ami. La première rencontre s’est déroulée chez lui, en présence d’un membre de l’asbl et d’un éducateur de l’institution où vit le jeune (que nous ne nommerons pas par respect de sa vie privée).
« C’était un peu stressant des deux côtés, se souvient le quadragénaire. Du mien, parce que j’avais envie d’être à la hauteur, qu’il se sente bien et ait envie de revenir ; du sien, parce qu’il arrivait dans un lieu inconnu, face à un adulte inconnu. Nous avons très vite discuté sport et foot dont nous sommes fans, moi comme supporter d’Anderlecht et lui de Manchester United. Quand on a une passion commune, cela facilite beaucoup la rencontre. Après le premier jour, on avait échangé beaucoup plus que ce que j’avais imaginé. C’était hyper touchant. »
Après cette première journée et une deuxième rencontre du samedi au dimanche, le parrainage est passé au rythme convenu d’un vendredi soir au dimanche soir par mois. « Je prévoie généralement une activité particulière, explique Olivier Folien : un parc d’attractions, un cinéma, le musée des Sciences naturelles où c’est lui qui m’a servi de guide tant il s’intéresse à beaucoup de choses, une excursion à la mer chez mes parents, l’un ou l’autre match de foot bien sûr comme Belgique-Pays-Bas. Mais, parfois, ce n’est pas grand-chose. On regarde un documentaire à la télé, on fait un jeu de société, etc. Mais c’est un week-end que je bloque pour être à 100% avec lui, tout en lui laissant des temps et des espaces qui lui appartiennent. Assez vite, il a amené des choses pour décorer et personnaliser sa chambre. Comme il est fan de mangas, je lui offre un Naruto à chaque visite. J’aime aussi la BD et, à travers le livre, s’est créé un rituel. Pour moi, c’est important qu’il se sente chez lui. Quand j’étais responsable en mouvement de jeunesse, on rencontrait des situations compliquées à gérer, par exemple quand on était face à des parents alcooliques. Mais on se rend compte de l’importance d’offrir des petites bulles à des enfants confrontés à des vécus difficiles. Cela touche et donne du sens ».
Ceci dit, Olivier Folien considère qu’il a eu beaucoup de chance de rencontrer ce jeune qui est enthousiaste, respecte les règles établies, s’arrange pour que ses devoirs soient faits avant de venir. « Toutes les rencontres ne se passent pas ainsi. Il peut y avoir d’autres contraintes. Un parrainage au sein d’une famille, par exemple, implique une bonne entente avec les deux parents et les éventuels enfants. Je suis prêt aussi à ce qu’il y ait des moments plus tendus, mais il fait maintenant partie de ma vie. Pour l’avenir, on verra. Tous les scénarios sont possibles ».

Du 50/50

Dans la vie d’Olivier Folien, le volontariat occupe une place précieuse. Outre son implication pour Parrain-Ami, il a participé avec d’autres à la création en 2013 de l’asbl Le Petit Vélo Jaune, dont il est aujourd’hui président du conseil d’administration. Cette association accompagne des parents isolés socialement, en situation de difficultés et de précarité, en mettant en place la rencontre entre une famille et un·e bénévole, qui ensemble créent un binôme.
« Le bénévolat, c’est du 50/50, s’enthousiasme-t-il. Je donne autant que je reçois, par la richesse des rencontres avec des personnes différentes de moi, de mon quotidien, de mon cadre habituel, car je ne suis pas dans le social à la base. Le bénévolat me permet d’être confronté à la réalité que vivent certaines personnes. C’est hyper enrichissant. J’ai la conviction que l’on se construit par nos rencontres. Si en plus le cadre est motivant, enthousiasmant et si la cause me parle, je fonce. »

EN SAVOIR +

Parrain-Ami en quelques mots

Créée en 1996, l’asbl Parrain-Ami est un Service d'Accompagnement au PArrainage (SAPA), actif sur Bruxelles et le Brabant wallon. Agréé et subsidié par la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2020, il propose un parrainage de proximité qui consiste à offrir du temps à travers une relation bienveillante stable avec un enfant ou un·e jeune, en situation de précarité sociale, en dehors de sa famille d’origine ou de sa structure d'accueil. Il s’agit donc d'un accueil bénévole, ponctuel et régulier d’un jeune entre 0 et 18 ans, afin de lui offrir une stabilité affective et un apport éducatif sans jamais se substituer à ses parents. Le/la jeune est partie prenante du projet et selon l'âge, peut être à l'initiative de la demande.
Le parrainage de proximité est un outil de prévention primaire privilégié et peu coûteux pour la société. Il permet à certaines situations d'éviter de s'aggraver au point d'exiger des prises en charge plus radicales sollicitant un filet social beaucoup plus coûteux.

Retrouvez ici les neuf Services d'Accompagnement au Parrainage en Belgique francophone