Développement de l'enfant

Plaisir à raconter, plaisir à écouter

Certains parents lisent des histoires naturellement à leur·s enfant·s. D’autres se demandent s’ils peuvent rivaliser avec l’instit de leur bout de chou ou le bibliothécaire du quartier, des pros en la matière. Mais « ne lit-on pas des histoires d’abord avec le cœur ? », selon le mot d’une maman. Voilà de quoi rassurer !

Des interrogations de parents (apprentis) raconteurs, il y en a ! Décryptons-en quelques-unes avec Michèle Lateur, responsable de la sélection du prix Bernard Versele à la Ligue des familles.

On dit qu’il est important de lire et relire un livre au mot près à l’enfant. Peut-on quand même s’autoriser des écarts ?
Michèle Lateur : « Rappelons d’abord pourquoi, quand on reprend un livre avec un enfant, il est important de le lire quasi au mot près, et ce, dans la mesure où il est bien construit, bien sûr. En retrouvant les mêmes mots - et les mêmes images -, l’enfant se sent sécurisé. Il pourra ainsi se rassurer par rapport à l’absence du parent aimé. Ayant ‘mémorisé’ l’histoire, il pourra la retrouver par lui-même quand il en aura besoin, dans les moments difficiles de sa vie par exemple, et ainsi s’apaiser. Une précision, ici : pour qu’un récit capte l’attention de l’enfant, il faut les trois R : du rythme, des répétitions et des rimes.
Raconter des histoires à un enfant, c’est conclure un pacte de lecture avec lui. Et ce pacte, il faut le respecter ! Cela n’empêche pas qu’on peut dire à l’enfant : ‘Je te préviens, aujourd’hui, je ne vais pas te lire cette histoire comme d’habitude, je vais inventer des sons, des mots.’ On peut prendre la liberté de faire ce qu’on veut avec un récit connu de l’enfant, mais on le met au courant. Et lui a la liberté d’être d’accord ou pas. L’enfant déjà grand, si cela ne lui convient pas, rectifiera par lui-même et reproduira le texte tel que lui le connaît.
Enfin, il y a les livres sans texte avec lesquels on a une liberté totale. Les parents s’en méfient un peu parce que ce sont eux les créateurs du texte : ils doivent interpréter les illustrations et transmettre avec leurs mots à eux ce qu’ils en ont compris, les émotions qu’elles suscitent en eux. Et peut-être que les enfants vont livrer leur propre interprétation. »

Certains parents ont peur de ne pas être à la hauteur, à côté des pros du livre de jeunesse - comme l’institutrice ou le conteur de la bibliothèque - qui, eux, ont de l’expérience…
M. L. :
« Ces pros racontent à un groupe d’enfants. Et on ne raconte pas à un groupe d’enfants comme on raconte à un enfant. Le ton de la voix, son intensité ne sont pas les mêmes. L’enfant saisit très vite la différence entre ce qui se passe dans un groupe et ce qui se vit dans une relation d’intimité. Il est clair aussi que deux personnes ne lisent pas un même récit avec le même timbre de voix, la même expressivité, la même dynamique… Et c’est tant mieux. L’enfant fera son miel de ce qu’il entendra. Toute personne peut raconter. Et plus vous racontez, plus vous y trouvez du plaisir. Il est important que l’enfant capte ce plaisir. Le parent a du plaisir à raconter, l’enfant a du plaisir à écouter, c’est du plaisir partagé. »

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